Le Ministre des Affaires Etrangères Nassif Hitti a confirmé sur les ondes de Sky News Arabia qu’il démissionnera ce lundi du gouvernement Hassan Diab, protestant contre les “performances du cabinet dans un certain nombre de dossiers”.

Il a précédemment indiqué qu’il expliquera sa démission dans un communiqué.

Le communiqué de la démission

Je voudrais exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont exprimé leur confiance en ma personne pour reprendre le ministère des Affaires étrangères et des Expatriés, afin de construire un état de justice sociale, alors que le Liban connaît de multiples formes de crises à la fois localement et dans la région. 

(…)

Le Liban d’aujourd’hui n’est pas le Liban que nous aimions et que nous voulions comme un phare et un modèle. Le Liban est aujourd’hui en train de sombrer dans un État en faillite, Dieu nous en préserve, et je me demande, comme beaucoup de gens, combien nous avons hésité à protéger ce cher pays et à protéger et maintenir sa sécurité sociale.

En dépit des circonstances historiques fatidiques et en l’absence d’une vision pour le Liban dans laquelle je crois, une nation libre, indépendante, active et rayonnante dans son environnement arabe et dans le monde, et en l’absence d’une volonté effective de réaliser la réforme structurelle globale requise que notre communauté nationale exige et nous invite à faire, j’ai décidé de démissionner de mes fonctions de ministre des Affaires étrangères et des Expatriés souhaitant pour le gouvernement et les responsables de l’administration de l’État de réconcilier et de reconsidérer de nombreuses politiques afin de donner au citoyen et au pays la priorité sur toutes les considérations, divergences, divisions et spécificités.

Ce qu’il faut dans le processus de construction de l’État, ce sont des esprits créatifs, une vision claire, des intentions sincères, une culture d’institutions et de l’état de droit, la responsabilité et la transparence. Les raisons qui m’ont conduit à démissionner sont telles que je l’ai expliqué. Certaines interprétations et analyses, ainsi que certaines interprétations simplistes ont été véhiculées à travers certains médias qui ne font que relayer celles de leurs propriétaires.

Je n’ai pas arrêté tout au long de ma carrière. La base reste en tant que ministre des Affaires étrangères est de préserver les intérêts du pays et de renforcer et fortifier ses relations extérieures, de sensibiliser la communauté internationale ainsi que la communauté arabe, de l’importance de renforcer la stabilité au Liban. 

J’ai participé à ce gouvernement sans travailler pour un employeur appelé Liban. J’ai trouvé dans mon pays des intérêts contradictoires. s’ils ne convergent pas au sujet de l’intérêt et du sauvetage du peuple libanais, alors le bateau, Dieu nous en préserve, coulerait avec tout le monde.

Que Dieu protége le Liban et son peuple.

Des contacts entre les différents partis politiques seraient en cours pour désigner un nouveau ministre des Affaires Etrangères et cela afin d’éviter la chute du gouvernement actuel.

Parmi les raisons évoquées de source officieuse, les critiques du Premier Ministre Hassan Diab suite à la visite du Ministre Français des Affaires Etrangères Jean-Yves le Drian mais également l’envoi d’émissaires auprès des Pays du Golfe, court circuitant le Palais Boustros, allusion à l’envoi par la Présidence de la République du directeur de la Sureté Générale Abbas Ibrahim au Qatar et au Koweït.

Il a également été Conseiller diplomatique auprès du secrétaire général de la Ligue des États arabes entre 1991 et 1999, Ambassadeur, chef de mission de la Ligue des États arabes auprès de la France et de l’UNESCO de 2000 à 2013, Porte parole de la Ligue des États arabes au siège de la Ligue arabe, au Caire, Égypte en 2013 puis Ambassadeur de la Ligue des États arabes auprès de l’Italie et du Saint-Siège de 2014 à 2015.

Il a également été maître de conférence sur la Politique du Moyen-Orient à l’université de Californie du Sud (USC) et au département des Sciences politiques de l’université américaine de Beyrouth. Il fut Directeur de l’Institut supérieur des sciences politiques et administratives à l’USEK (Université Saint-Esprit de Kaslik). Il est également membre de plusieurs groupes de réflexions sur les questions internationales et membre fondateur du site d’information Al Monitor.

Nassif Hitti a été nommé ministre des Affaires Etrangères en janvier 2020.

De source officielle anonyme, cette démission pourrait cependant entrainer d’autres démissions au sein de l’équipe Diab, amenant à sa possible chute. Cependant, en cas de renvoi du gouvernement Hassan Diab, la situation économique, déjà complexe en raison de la crise économique, pourrait encore s’aggraver, en raison du manque de temps alors que les réserves monétaires continuent à s’effondrer et que l’aide économique internationale reste dépendante des résultats des négociations avec le Fonds Monétaire International.

L’institution financière internationale exige ainsi la mise en oeuvre d’un certain nombre de réformes économiques et financières nécessitant un gouvernement fonctionnel, alors que le cabinet actuel est soumis sur la scène domestique à d’importantes pressions notamment de la part de l’Association des Banques du Liban qui, à travers les relais dont elle dispose au sein du parlement, refuse le plan de sauvetage économique présenté par le gouvernement Hassan Diab.