La Fondation Samir Kassir et RSF (Reporters Sans Frontières) ont publié un rapport concernant la liberté de la presse au Liban, faisant part d’une quasi-mainmise de cette dernière par la classe politique. 29 médias étudiés sur 37 soit 78,4% d’entre eux étant directement détenus par des hommes politiques actuellement au Parlement ou au sein de l’exécutif, par des candidats aux élections parlementaires ou par des partis politiques.

Il s’agit du premier rapport de ce type publié au Liban.

En cause notamment, la législation locale qui n’inclut aucune de dispositions sur les conflits d’intérêts susceptibles d’empêcher des personnalités gouvernementales et des membres du parlement ou des membres de leur famille de détenir des actions ce secteur d’activité.

Par conséquent, les propriétaires de médias ne sont pas obligés de divulguer leurs affiliations politiques, par exemple auprès du registre commercial du ministère de la Justice.

Les auteurs de ce rapport ont également découverts que certaines entreprises de ce secteur opéraient en dehors du cadre de la loi, notamment dans la sphère audiovisuelle en violant les restrictions imposées par la loi de 1994 à ce sujet, stipulant des restrictions quant à l’actionnariat des chaines de télévision. 

Lire le rapport en anglais sur le site MOM-RSF.

Selon le rapport, aucun secteur n’est épargné, – cela en dépit de législations concernant notamment le secteur de la télévision diversifiant l’actionnariat des chaines -, que cela soit dans le secteur télévisuel ou de la presse écrite, contribuant aux crises par lesquelles le Pays des Cèdres est passé: 

“Les groupes politiques clés mais aussi les clans de familles riches bénéficient d’un cadre juridique faible ou dysfonctionnel reflétant une attitude générale de laisser-faire. Ils ont réussi à maintenir et même à étendre leur emprise sur l’opinion publique tout au long des événements dramatiques qui se sont déroulés dans et autour de notre pays au cours des dernières décennies.”

Une sphère médiatique très concentrée

LBCI SAL, Al Jadeed SAL, MTV SAL et Alubnianiya lil Ilam (OTV) réunissent près de 8 spectateurs sur 10 soit 78,1% des audiences.

Ils sont respectivement détenus par des familles, Khayat, Daher-Saad, Aoun et Gabriel Murr .

Dans le secteur de la presse écrite, les quatre principales entreprises, Al Joumouhouria News Corp SAL, Annahar SAL, Akhbar Beirut SAL et Al Nahda SAL (Addiyar), couvrent une part de marché quasi-identique, avec 77,9%.
La presse francophone n’est pas épargnée. L’unique quotidien de la presse écrite, L’Orient le Jour ayant parmi ses actionnaires les anciens ministre Michel Eddé et Michel Pharaon. Côté presse anglophone, l’unique journal est désormais aux mains du Premier Ministre Saad Hariri.

32% des médias les plus influents sont aux mains de 8 familles – souvent liées à des hommes politiques -, soit 30% de parts de marchés pour ce qui est de la télévision, 72% des audiences radiophoniques et 60% du lectorat. Les principaux actionnaires de ce secteurs sont Michel Elias Murr, Hariri et Tuéni, Ibrahim Al Amine et Charles Ayoub

Plus graves encore sont les affiliations politiques des médias

100% de l’audience audiovisuelle, 93% des lecteurs de la presse écrite, 79,3% des auditeurs radiophoniques sont directement exposés à des médias possédant des affiliations politiques. 

En outre, certaines des plates-formes de presse en ligne les plus populaires sont de même liés à des partis politiques, amplifiant encore le risque élevé de politisation et de polarisation de la population, note ce même rapport.

Côté télévision, l’infographie du rapport détaille la structure de l’actionnariat des principales chaines du pays, à savoir:

  • La LBCI avec 25,8% de part de marché et qui contrôlée par le duo Daher Saad et l’Ancien Vice Premier Ministre Issam Fares,
  • La Al Jadeed avec 22% de parts de marché et contrôlée par la famille Khayyat,
  • La MTV Lebanon avec 20,1% de parts de marché et qui est contrôlée par le duo Sarkis-Gabriel Murr,
  • et l’OTV avec 10% de parts de marché et contrôlée par les proches du  Président de la République, le Général Michel Aoun.

Voir l’infographie RSF – Samir Kassir Foundation



Un commentaire?