À l’issue d’une rencontre avec le directeur de la Sureté Générale, le Général Abbas Ibrahim, l’ancien premier ministre Saad Hariri, pourtant soutenu par ses adversaires sur l’échiquier politique, à savoir le Mouvement Amal et le Hezbollah, a refusé de diriger le prochain gouvernement libanais en remplacement du gouvernement Hassan Diab aujourd’hui démissionnaire.

Un communiqué de presse a été publié peu après cette rencontre. Pour rappel, l’ancien premier ministre avait déjà signifié son refus par le passé.

Saad Hariri s’en est également pris au président de la république, le général Michel Aoun, accusé indirectement de violation de la constitution et de l’article 53 en particulier, concernant l’obligation qui lui est faite de procéder aux consultations parlementaires obligatoires afin de désigner un prochain locataire du palais de Baabda.

Le Liban semble se placer de plus en plus dans une impasse politique alors que le pays se prépare à célébrer tristement le centenaire de sa naissance, le 1er septembre prochain, impacté par la crise économique, les mesures de confinement liées au coronavirus COVID-19, l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 et désormais la crise politique qui se prolonge, mettant à mal la négociation à mener avec le fonds monétaire international et les douloureux compromis qui devront être imposés à la population, notamment au niveau du secteur financier, avec un taux d’endettement record de 93 milliards de dollars pour un PIB qui s’effondre, passant de 55 milliards de dollars en 2019 à, à peine, 33 milliards de dollars en 2020.

Le communiqué de Saad Hariri

«Je m’étais promis de ne pas prendre de position politique avant la publication de la décision du Tribunal spécial au Liban concernant l’assassinat du martyr et Premier ministre Rafic Hariri et avant de nouer des contacts avec les pays amis et la communauté internationale et avec les forces politiques libanaises concernant l’initiative qui a été porté par le président Emmanuel Macron lors de sa récente visite au Liban.

En fait, je vois que le regain d’intérêt international pour notre pays, dirigé par l’initiative du président Macron et les visites d’un certain nombre de responsables internationaux et arabes, représente une opportunité qui peut être la dernière. Elle ne peut pas être manquée pour reconstruire notre capitale bien-aimée Beyrouth, et pour réaliser une série de réformes que les Libanais ont exigé.

Nous avons essayé de les mettre en œuvre, pendant de nombreuses années, pour briser l’isolement économique et financier dont souffre le Liban, avec l’accès à des ressources extérieures qui arrêteront dans un premier temps l’effondrement “effrayant” puis de le repousser progressivement dans un second temps.

Avec mes sincères remerciements à tous ceux qui ont proposé mon nom en tant que candidat pour former un gouvernement qui entreprendrait cette noble et difficile tâche nationale en même temps, j’ai cependant remarqué, comme d’autres Libanais, que certaines forces politiques sont toujours dans un état de négation sévère de la réalité du Liban et des Libanais.

Ils y voient juste une nouvelle opportunité de chantage.

Leur seul objectif est de conserver de faibles gains autoritaires ou même de réaliser des rêves personnels supposés pour arriver au pouvoir ultérieurement.

Malheureusement, c’est un chantage qui va au-delà de ses partenaires politiques. Il s’agit d’un chantage contre le pays et à l’occasion d’une attention internationale renouvelée et des moyens de subsistance et de la dignité des Libanais.

En conséquence, et sur la base de ma ferme conviction que le plus important à ce stade est de préserver l’opportunité pour le Liban et les Libanais de reconstruire leur capitale et de mettre en œuvre les réformes bien connues qui se font attendre depuis longtemps, et d’ouvrir la voie à des amis de la communauté internationale pour qu’ils s’engagent à contribuer à faire face à la crise et ensuite investir dans le retour de la croissance, je déclare que je ne suis pas candidat à la tête du nouveau gouvernement.

J’espère que tout le monde retirera mon nom à cet égard. 

Le Président de la République se doit respecter la Constitution et d’appeler immédiatement à des consultations parlementaires contraignantes conformément à l’article 53(…)

Bien sûr, je suis avec le futur bloc parlementaire. Dans les consultations parlementaires que la constitution impose sans tarder, et que les Libanais attendent avec impatience, nous nommerons ceux en qui nous voyons compétence et capacité à former un gouvernement garantissant le succès de cette seule et dernière opportunité pour notre pays.

Nous parierons également que ce gouvernement sera capable à mener à bien cette mission.

Nous coopérons avec lui au Parlement pour réaliser la reconstruction de Beyrouth, à mettre en œuvre les réformes nécessaires et à ouvrir la voie à nos amis de la communauté internationale pour qu’ils soutiennent le Liban sur le plan humanitaire, économique, financier et via des l’investissements.