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“Tout se passe en effet comme si une partie importante des classes dirigeantes était arrivée à la conclusion qu’il n’y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. C’est ce qui expliquerait l’explosion des inégalités, l’étendue des dérégulations, la critique de la mondialisation, et, surtout, le désir panique de revenir aux anciennes protections de l’État national.”
Extrait de: Où atterrir ? Comment s’orienter en politique de Bruno Latour, 2017.

Arthur est spécialiste de la méta-communication. Il intervient lors de contextes fort critiques quand ce qui n’est toléré n’est pas énoncé. Il analyse les éléments déclencheurs des conflits latents, en particulier ceux qui émanent de profondes frustrations. Les colères tassées transparaissent à travers l’excès protocolaire et ce, au détriment du dialogue ouvert. Quand celui-ci est peu sollicité, le silence corsé et l’expression non verbale indiquent la stagnation du positionnement ou la tendance aux actes impératifs.

Ce spécialiste des sphères internationales décrypte depuis 40 ans les comportements à risques de hauts responsables. Cependant, cette fois-ci, il décide de ne pas répondre à l’appel d’un sommet tripartite.

Il poursuit sa retraite préférée, la marche en forêt avec sa chère amie Mezzo et lui dit :
“J’en ai assez d’exercer mes qualificatifs professionnels en des espaces froids. Ils se composent de gestes entendus alors que la version partagée reste méconnue et donc intimement liée à l’histoire personnelle de chaque décideur. Une désinvolture inquiétante perdure face aux urgences de la planète. Elles demeurent sans réponse alors que des conflits tacites retardent tant d’avancées indispensables au nom des résolutions à appliquer. A quoi servent donc les concertations et les stratégies quand elles se limitent aux mesures à prendre alors que la sphère humaine des véritables ententes se réduit considérablement ? La planète régresse à défaut de répondants. Ils ne  correspondent qu’en surface aux besoins criants.

Dans le film Citizen Kane, Kane reste miné par une enfance ratée depuis que sa mère a décidé de s’en éloigner . Celà va le conduire aux tutelles extérieures jusqu’à devoir prendre en charge à 25 ans un immense héritage financier. Le déchirement de son départ prématuré va conduire au faux succès mais aussi au “… désir panique de revenir aux anciennes protections…”. 

” Qui est Kane ? La question, qui occupe le journaliste menant l’enquête dans le film, a mobilisé ensuite tous ses exégètes, pressés de mettre un nom sur l’homme qui avait pu servir de modèle au personnage……En creusant encore, les spécialistes ont fait apparaître d’importantes   ressemblances entre Kane et… Welles, bien sûr (orphelin d’enfance, le personnage l’est autant que son interprète et metteur en scène). Plus que la vérité sur cette identité, c’est le jeu de l’identification qui compte. En témoigne le plaisir non dissimulé que prend Welles à se grimer pour devenir Kane, à se vieillir et à se rajeunir sans cesse tout au long du film. L’identité, pour lui, c’est le masque.”
Extrait du Centenaire d’Orson Welles : Citizen Kane , un phare à facettes par Frédéric Strauss, Télérama, 09/10/20. 

Joe Acoury

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