La Thaïlande. Photo Pixabay.com
La Thaïlande. Photo Pixabay.com

Synonymes. Quitter. Décamper. S’en aller. Foutre le camp. Débarrasser le plancher. Evacuer les lieux. Vider ce qui reste. Essayer de récupérer ce qui fut. Donner. Jeter. Froisser. Se souvenir. Revoir des images en contemplant le plafond. Faire silence. Partir. 

Tout ranger. Des cartons. Des histoires qu’on ne retrouvera plus. Celles qu’on aimerait enfuir au fin fond de notre mémoire. Garder les fous rires. Ce qui nous a rendus plus fort. Plus consistent. Plus mature. Respirer. Dégonfler son abdomen. Se désapproprier l’espace. Les murs. Les portes. Les ouvertures qui se cachent tant bien que mal derrière des rideaux. Vider le tout. Le dénuder de tous ses sens. Le rendre banal. Défier les lois de la physique. Le tout qui se transforme en néant. Comme l’univers. Au milieu de toutes les incompréhensions. Pour aller ailleurs. Comme dans un roman de Kundera. Ou percevoir la voix de la Callas. Renouer avec soi-même. Se reconstruire après tant de destruction. Mais surtout partir.

On évoque rarement l’influence des lieux sur l’affect. La maison de ma grand-mère et le poulailler à côté. L’appartement de mon enfance. Le lit qui m’a vu grandir. Le piano que j’ai touché plus d’un millier de fois. Les choses. Toutes les choses. Le tiroir de mon père qui grince. Les photographies de ceux qui ne sont plus. Et celles de ceux qui poussent. Le petit gribouillage que j’ai osé faire sur la rambarde du balcon. A 5 ans. L’odeur du jasmin qui se dégage au coin d’une rue. Beyrouth. Mes racines. Mon déracinement. J’aimerai trouver des lieux qui restent intangibles. Pour que je puisse y retourner. Et retrouver tout ce qui fut. Comme un pèlerin qui va à Compostelle. Ou y revient. Et tout reste intact. Comme goûter une crème brulée sur les genoux de ma mère. Pour la première fois. Comme un premier baiser. Comme une première extase. Foule sentimentale et Alain Souchon. Attirée par les étoiles, les voiles !

Vivre. Se perdre. Se tromper. Se perdre encore. Se rattraper ailleurs. Se heurter. Se cogner. S’attendre que le monde arrête  sa folle frénésie. Le temps d’un souffle. Entre deux battements de cœur. Arpenter. Explorer. Traverser une rue. Lever la tête aux nuages. Imaginer la beauté de ce qui sera. Un jour. Découvrir un pays. Un monde. Embrasser l’aventure. Aller vers l’autre. Le découvrir. Tellement humain. Tellement bon. L’écouter parler de ses croyances, de son pays, de sa culture, de ses histoires. Succomber. Amoureusement. Tendrement. Méditer. Se cicatriser. Mémoriser les couleurs. Toucher à tout. Rapporter Chiang Mai à Beyrouth. Découvrir de nouveaux amis. Vouloir les garder. S’y accrocher. Comme une bouffée d’oxygène. Renaitre. Avec un peu plus d’âge. Sourire. Sourire encore. Sourire comme avant. Guérir. Et en sortir gagnante.

Là bas le soleil s’écroule sur les fenêtres ! Je suis en route pour harponner quelques rayons. Et revenir… pour recommencer ailleurs. Une page blanche offerte par la vie. Un nouveau départ. Mais en attendant…

Bons baisers de Thaïlande !

Hala Moubarak
Trentenaire aux cheveux rouges. Hier, un cri. Aujourd’hui, elle est «À cor et à cri ». Ambidextre. Architecte d’intérieur. Enseignante. Designer à ses heures perdues. Dévoreuse de livres d’histoire et de littérature. Mordue d’art. Râleuse au second degré. Vit une relation ambigüe avec Beyrouth. Se promène souvent avec l’énergie d’une étoile. Aime manger de la glace à la vanille. Grande rêveuse idéaliste. Atteinte d’une folie passagère. Fut le chat de Toulouse Lautrec dans une vie antérieure ! Si, si… je vous le jure !

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