Pour l’heure, les banques libanaises s’accrochent au paiement des Eurobonds arrivant à échéance le 9 mars

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Selon un article publié par le site Bloomberg, les banques libanaises, via l’Association des Banques du Liban et son président Salim Sfeir, tentent de convaincre les autorités locales de payer ou de Swaper, c’est-à-dire d’échanger selon des modalités plus ou moins favorables, les obligations libanaises arrivant à échéance le 9 mars prochain, une solution pourtant précédemment proposée par la Banque du Liban mais qu’ils avaient d’abord refusée.

Pour rappel, cette information intervient alors que le Liban fait face à l’arrivée à échéance d’une émission obligataire pour une somme de 1.2 milliards de dollars qu’il devrait rembourser le 9 mars prochain, alors que les précédents eurobonds qui ont échu en mai et novembre 2019, ont été remboursées par la Banque du Liban (BDL) et non le ministère des finances. Cependant, les réserves monétaires de la BDL seraient en train de s’épuiser. Ainsi, les réserves monétaires brutes seraient descendues sous le seuil de 30 milliards de dollars, les réserves monétaires nettes ou liquides ne seraient estimées qu’à 4 ou 10 milliards de dollars selon les agences de notation. Suite à la crise du dollar ou pénuries de devises sur le marché local, la Banque du Liban garanti sur ses réserves l’achat de produits de première nécessité dont le blé, les médicaments ou encore l’essence, ce qui en augmente encore plus le stress.

Face à cette situation, les autorités libanaises envisagent de mettre le Liban en état de défaut de paiement, un préalable à l’ouverture de négociation avec les organisations créancières en vue de restructurer l’importante dette publique qui atteint plus de 91.68 milliards de dollars soit 166% du PIB.

La dette externe dépasserait 31 milliards de dollars, la dette interne 52 milliards de dollars environ, dont 60% seraient détenus par la Banque du Liban et le solde en grande partie par les banques libanaises. En cas de défaut de paiement, les banques libanaises – déjà confrontées à une possible panique bancaire qui les a amené à instaurer un contrôle des capitaux avec limitation des retraits et interdiction des transferts à l’étranger sauf cas exceptionnel dès le mois de novembre – pourraient ainsi perdre une grande partie de leurs actifs actuels, ce qui les mettrait en difficultés. C’est la raison pour laquelle, la Banque du Liban avait demandé aux établissements financiers locaux, une augmentation de leur capital à hauteur de 20%.

Par ailleurs, cette information intervient alors que le Ministère de la Justice a décidé d’ouvrir une enquête sur la vente par les banques libanaises d’importantes portions d’Eurobonds arrivant à échéance cette année, à des fonds vautours comme Ashmore Group.

Ces fonds tenteraient de faire pression sur les autorités libanaises pour obtenir le paiement de ces Eurobonds obtenus à prix réduit alors que celles-ci envisagent d’annoncer un défaut de paiement. Les banques libanaises tenteraient ainsi également de faire ainsi pression sur les autorités afin de voir les obligations libanaises être honorées, et ainsi probablement de financer une partie de l’augmentation de leurs capitaux, conformément à une demande déjà véhiculée par l’Association des Banques du Liban (ABL). 

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Selon Salim Sfeir, président de l’ABL et de la Bank of Beirut, très exposée au risque de défaut de paiement, au site Bloomberg, la solution la plus favorable serait de payer les eurobonds arrivant à échéance via une opération de swap et de mettre en oeuvre des opérations de réformes et restaurer la confiance de la diaspora.

Cependant, cette opération de Swap, précise le site d’information économique, déjà proposée par la Banque du Liban, pourrait ne plus s’avérer être possible suite à la vente par certaines banques libanaises d’eurobonds qu’elles détenaient à Ashmore Group, qui détiendrait désormais un volume suffisant pour un futur rapport de force dans le cadre des négociations à venir pour restructurer la dette libanaise.

Selon Salim Sfeir, les banques libanaises auraient été poussées à vendre à perte ces eurobonds à des prix pour obtenir des dollars afin de financer des achats de fioul, blé ou médicaments ou encore faire face à certaines dettes. Il s’agissait, toujours selon lui, d’éviter une mise en faillite de ces établissements.

Cette information intervient alors que les autorités libanaises ont mandaté la banque Lazard Ltd. et le cabinet Gottleib Steen & Hamilton pour décider d’une possible mise en défaut. Il a également demandé l’expertise technique du FMI dont les experts sont venus au Liban du 20 au 23 février.

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