4 août 2020 18h07, 4 aout 2024 18h07, 4 ans sont passés après l’explosion du Port de Beyrouth qu’on commémore aujourd’hui.

4 ans d’injustice pour les familles des victimes alors que les criminels courent toujours mais il ne pouvait pas en être en final autrement. Ces derniers attendent qu’on oublie et que bon gré mal gré, on finisse par se lasser et passer à autre chose. C’est la même chose d’ailleurs pour les victimes de la guerre civile déjà passés aux oubliettes de l’Histoire. 

4 ans sans que la justice ne puisse faire son travail et pour cause, on connait déjà les responsables. 
Je m’étais exprimé en direct sur une chaine de télévision française le lendemain de l’explosion et déjà à l’époque je faisais ce constat, d’une justice qui finira par être bloquée en raison d’un système mafieux qui contrôle lui-même les rouages de l’état et évidemment du port de Beyrouth. Il faut savoir qu’en dépit de différents affichés entre eux, ces mafias en particulier finissent toutes par s’entendre dernière le dos des libanais. Ces différents ne sont que poses théâtrales qu’on jette en pature à des partisans qui les croient encore. 

Courant du Futur qui contrôle l’administration, Amal qui contrôle la sécurité et d’autres encore qui contrôlent d’autres institutions, un rapport d’une institution internationale montrait dès 2016, 4 ans plus tôt que le port de Beyrouth n’était un gâteau dont tous sans exception se partageaient des miettes. Ainsi, sortir une marchandise quelconque du port de Beyrouth coûtait autant que de l’acheminer de Marseille. Le ministre des finances d’alors, lui-même, estimait que 5 milliards de dollars étaient annuellement détournés, soit même plus que les revenus de l’état. 

La responsabilité va aussi d’une certaine manière à la communauté internationale puisque dès 2016, selon un article du NYTimes, un consultant américain en sécurité avait fait été de la présence de cette substance dangereuse qui finira par détonner 4 ans plus tard dans l’enceinte du port et noté son stockage défaillant. 

En ce jour particulier, évidemment, 4 ans après le drame du port de Beyrouth, une pensée particulière, non pas seulement aux 200 morts et aux 6500 blessés de l’explosion du port de Beyrouth mais également à tous les martyrs de l’Histoire du  Liban. 

Mais au final, en fin de compte, surtout la culture de l’impunité qui touche ce pays qui est en cause. 

Ce ne sont pas les immunités seulement qu’il s’agit de lever, les rôles de chacun dans ce drame qu’il faille accuser, – cela n’est qu’une étape – mais au-delà, cette culture du Maalachi, cette culture de toujours positiver dans le pire, de ne jamais vouloir voir et affronter les choses, d’offrir des excuses, les unes après les autres et même une loi d’amnistie, plutôt d’amnésie au sortir de la guerre civile. 

En effet, ce ne sont pas 200 morts qui sont décédés à cause de ces facteurs multiples mais des milliers de morts, à commencer les 100 000 morts de la guerre civile entre autre. 
Et aujourd’hui les responsables de cette catastrophe recherchent cette même immunité offerte par cette impunité. 

Au final, le principal accusé devrait être la culture de l’impunité qu’on a instauré…

Ces lois ont justement exonéré de leurs responsabilités des seigneurs de guerre, qui déjà avaient transformé ce Paradis en enfer durant cette funeste période jusqu’à leur rendre une sorte de virginité suffisante pour qu’aujourd’hui certains puissent être présents à des postes de responsabilité jusqu’à une nouvelle catastrophe, pour à nouveau racketter, voler, tuer… lentement ce pays. 

Bien avant le drame du port, vous disiez corruption? Quelles ont été les conséquences par exemple de la disparition de 4 milliards de dollars de la Banque Al Madina dans les années 2000 quand le secteur bancaire a laissé disparaitre une centaine de milliards de dollars aujourd’hui? 

Vous disiez pollution? Quelles ont été les conséquences de l’importation des dioxines de Seveso dans les années 1980, alors qu’on laisse entrer des marchandises explosives comme 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium depuis? 

Vous dites terroriste? Quelles ont été les conséquences de Nahr Bared pour ne pas évoquer les crimes de guerre de 1975 à 1990?

 Vous disiez justement guerre civile? Pourquoi il y a-t-il encore un état qui n’est pas respecté, des états dans l’état, que cela soit SOLIDERE, la banlieue sud ou encore les camps palestiniens? 

Vous disiez meurtres? On nous tue à petit feu jour après jour, faute de médicaments pour les personnes souffrant de cancer par la pollution, faute d’électricité pour les respirateurs des hôpitaux sans que cela ne puisse émouvoir ceux qui détiennent les cordons de nos bourses. On pourrait ainsi continuer des litanies, mais une chose tout de même à dire… 

Vous dites étranger? Qu’en est-il de nos responsabilité comme citoyen d’avoir accepté cet état de fait? 

Aujourd’hui vous dites Justice? 

Quand est-il de la justice justement des personnes qui n’ont jamais pu faire leur deuil d’avoir eu durant la guerre civile des proches qui ont disparu probablement dans les mêmes mains que ceux qui ont profité des trafics du port de Beyrouth aujourd’hui? 

Le drame de Beyrouth est en effet un évènement d’une suite de drames, différents les uns des autres mais dont les bénéficiaires ont toujours été les mêmes et les  libanais, en fin de compte, des victimes consentantes, années après des années. 

Effectivement, à chaque fois, il s’agit des mêmes personnes et des mêmes réseaux qui ont, au motif de gains personnels, ont abusé de votre confiance sans que cela ne vous cause assez souvent un problème.

Sinon, ce n’est pas une révolte qui aurait eu lieu, mais une révolution bien avant. Nous portons en nous aussi une part de responsabilité en nous… qu’il s’agisse aussi de reconnaitre, des responsabilités induites par l’acceptation d’une culture d’impunité vis-à-vis de responsables de ces états de fait. On leur a pardonné par la passé. Pourquoi au final, on ne leur pardonnera pas aujourd’hui et demain, malgré nous-même et malgré? 

En cause également, une irresponsabilité générale et quand bien même ces personnes, ces dirigeants irresponsables seraient ainsi mis en cause, il leur serait tellement facile de passer une nouvelle “loi d’amnésie” à l’ordre du jour… et de faire régner une nouvelle fois la terreur. 

Le Libanais n’a jamais rien appris de son Histoire, il recommence les mêmes erreurs. Il n’a jamais réussi en fait à devenir adulte, devant obéissance et respect à son zaim, et quand il n’en peut plus, au lieu de se battre pour ses droits, il préfère partir, fuir … Peut-être, il s’agit désormais de se battre, de faire face, de combattre cette culture d’impunité.

 C’est cet état d’esprit qu’il s’agit de changer.

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