Il était autrefois une prairie paisible aux plantes herbacées nommées liberté, joie de vivre, multiculturalisme, orient et occident. Elle indisposait, accablait et irritait ses voisins, tous adeptes d’une seule plante terne et vénéneuse appelée pensée unique.

Puis vint ce grand fauchage, ce saccage qui transforma notre prairie en un far west aux multiples saloons étrangers dirigés par des shérifs forbans, ayant chacun ses propres desperados écervelés, mais tous sont prêts à tout faire pour maintenir ce petit pays libanais dans un état comateux, histoire de continuer à pomper ses ressources et détourner les éventuelles aides internationales.

Et nous, les gens du peuple, où sommes-nous ? Que faisons-nous ?
Notre vie devient un western en grandeur nature, nos intellectuels pauvres, aisés ou de la classe moyenne sont nos gentils cowboys dont certains cherchent à fuir le pays et d’autres s’accrochent et s’impliquent pour faire bouger les lignes.

Et enfin, la majorité silencieuse qui n’a pas le temps de réfléchir, sa seule préoccupation est de trimer pour pouvoir survivre au jour le jour, tout en continuant à se plaindre et compter les traces des coups reçus par sa pauvre peau, devenue si fragile. Malheureusement, c’est cette majorité qui se fait facilement domestiquer par nos shérifs, nos loups voraces qui lâchent quelques miettes de temps en temps en jouant aux agneaux charitables, afin de bien brouiller les pistes et même nous accompagner à crier au loup.

Nous sommes tombés plus bas que bas, au point de ne plus savoir le vrai du faux. Notre vie ressemble à un bal masqué. Le temps urge, le Liban sombre petit à petit dans l’abîme. L’histoire parlera du naufrage collectif d’un peuple incapable de se défaire de l’emprise vampirique de ses chefs brigands.

Notre saison de désamour a trop duré. Agissons, ici et maintenant, sinon, l’histoire ajoutera notre nom à cette sombre liste des peuples martyrs : amérindien, palestinien, arménien, etc.
Sami Ghaddar

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