Saifi 616 ou l’hérésie du démantèlement et de la réintégration : Interrogations au responsable des fouilles de Beyrouth

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Avec le cortège des cataclysmes humanitaires que subit le pays et avec toutes les menaces existentielles guettant le peuple libanais, nous osons encore élever la voix pour questionner, demander des explications et des comptes, à tous ceux qui sont ou prétendent être les garants officiels de la protection du patrimoine libanais, parce que notre existence est étroitement liée à l’héritage légué par nos ancêtres que beaucoup s’acharnent à anéantir. C’est notre propre ​résistance identitaire et culturelle.

Une étrange invitation pointe le bout de son nez récemment, conviant à l’inauguration d’un nouveau géant en béton à Gemmayze, avec une curieuse propagande d’une « Tour avec des trésors archéologiques ». Saifi Crown, le projet de plus venant couronner le palmarès ô combien cossu au fil de la dernière décennie ​du responsable des fouilles de Beyrouth, Monsieur Assaad Seif, à qui ces interrogations s’imposent et exigent des réponses publiques, surtout qu’il était de plus le responsable en chef des fouilles de ce site:

–          Comment ce soi-disant grand complexe archéologique découvert en 2007-2008 (comprenant les 3 locaux des thermes, comme déclarés par M. Seif lui-même, il y a une quinzaine de jours dans Al-Akhbar) se réduirait-il en une mosaïque reposée, une vasque d’eau fraîche transformée en fontaine décorative du projet immobilier, en de vulgaires «colonnes» (supposées constituer les Hypocaustes de ces thermes), ainsi que des murs et sols avec des assemblages disparates de briques ? En plus, ces restes semblent être en majorité dupliqués,  très mal exécutés ou restaurés, donc sans aucune valeur scientifique ni historique, et par-dessus le marché, en l’absence d’aucun panneau informatif détaillé – pour des raisons devenues bien connues !

–          Existe-t-il un  rapport de fouilles à la DGA concernant le lot Saifi 616 ? Y-a-t-il un rapport des dégâts suite aux destructions ou aux déblayages survenus ? Où sont disparues les pièces archéologiques détruites?

–          Où est la décision ministérielle qui a permis le démantèlement de ce site ?

–          Puisqu’il semble qu’il n’y a aucun document, comment ce site a-t-il été démantelé ? Suivant quelles bases les vestiges ont-ils été réintégrés?

–          A-t-on accès aux études ou aux plans concernant l’opération de démantèlement et réintégration qui a été faite ?

–          Pourquoi n’y-a-t-il toujours pas de publication scientifique dans BAAL, puisque les travaux sur ce site ont été depuis longtemps achevés ?  Notamment en vue du contenu de l’invitation publiée par le promoteur, qui a parlé de l’intervention «des plus brillants archéologues du monde entier» ?

–         Est-ce que les architectes restaurateurs de la DGA ont donné leur avis ?

–          Qui s’est occupé du démantèlement ? Comment ça se fait que ça soit un simple décorateur qui ait effectué « la pose »? N’est-ce pas là le travail d’un architecte restaurateur ? Avoir eu recours à quelqu’un de non qualifié pour ce genre de tache, n’était-il pas du fait du refus de tous les professionnels d’y participer ​puis​qu’il n’y avait presque plus rien à « réintégrer » ?

–          Enfin, en dépit de toutes ces interrogations, comment l’inauguration d’un tel site se fait-elle sous le patronage du ministre actuel de la Culture ? Surtout qu’une enquête de la part du parquet (pénal) sur le dossier de la parcelle Saifi 616 était toujours en cours jusqu’à dernièrement suite à une plainte déposée par l’un des précédents ministres de la Culture ! Qu’est-il advenu de cette enquête ? Ce dossier a-t-il été clôturé ? Si oui, dans quelles conditions?

Une série d’interrogations légitimes de la part d’une association concernée par la protection du patrimoine libanais et  déterminée à agir selon sa conscience citoyenne et nationale, à un archéologue contractuel à la DGA, qui comme par hasard suspend son intégration confirmée en tant que prof cadré à l’UL pour demeurer à la DGA. Ces interrogations sont remises également entre les mains du Ministre de la Culture M. Raymond Arayji à qui nous devons attirer l’attention sur les projets à caractères louches que certains essayent de faire passer sans qu’il ne soit au courant de toutes les ambiguïtés qu’ils abritent.


Marie-Josée Rizkallah
APPL – Vice Présidente 

Marie Josée Rizkallah
Marie-Josée Rizkallah est une artiste libanaise originaire de Deir-el-Qamar. Versée dans le domaine de l’écriture depuis l’enfance, elle est l’auteur de trois recueils de poèmes et possède des écrits dans plusieurs ouvrages collectifs ainsi que dans la presse nationale et internationale. Écrivain bénévole sur le média citoyen Libnanews depuis 2006, dont elle est également cofondatrice, profondément engagée dans la sauvegarde du patrimoine libanais et dans la promotion de l'identité et de l’héritage culturel du Liban, elle a fondé l'association I.C.H.T.A.R. (Identité.Culture.Histoire.Traditions.Arts.Racines) pour le Patrimoine Libanais dont elle est actuellement présidente. Elle défend également des causes nationales qui lui touchent au cœur, loin des équations politiques étriquées. Marie-Josée est également artiste peintre et iconographe de profession, et donne des cours et des conférences sur l'Histoire et la Théologie de l'Icône ainsi que l'Expression artistique. Pour plus de détails, visitez son site: mariejoseerizkallah.com son blog: mjliban.wordpress.com et la page FB d'ICHTAR : https://www.facebook.com/I.C.H.T.A.R.lb/

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