Beaucoup critiquent sur les réseaux sociaux, le sapin de Noël érigé à la porte de notre Pays, à savoir à l’Aéroport International de Beyrouth. Ils le considèrent comme offensant. Mais cela nous rappelle également une triste réalité, celle d’un pays où les zbéleh qu’on brûle parfois au coin de la rue, d’un pays où la mer s’est transformée en décharge, sans que cela ne choque même plus.

Il suffit de sortir des bâtiments de l’Aéroport pour être pris à la gorge par l’odeur insurmontable d’urine en provenance de la petite rivière qui s’écoule à proximité où plutôt  de ce torrent désormais transformé en un égout à ciel ouvert. Il suffit d’ouvrir les yeux sur la décharge de Costa Brava pour décoller où atterrir au Liban et constater les dommages faits à notre environnement et à notre littoral. Cette porte d’entrée à notre pays est à son image, celle d’une situation incontrôlable où beaucoup ferment les yeux sans plus même les ouvrir. Mais ils n’ont d’yeux que pour un sapin de Noël…

Il est vrai, on ne peut pas voir que notre eau est contaminée par des polymères, on ne peut pas constater de visu la pollution de nos nappes phréatiques par les égouts ou les décharges à ciel ouvert. Le rapport de HRW concernant notre Santé, qui nous rappelle un droit fondamental à la bonne gestion publique de la question et qui souligne encore une fois la faillite des autorités, ne semble encore que provoquer quelques remous sur Facebook.

Il aura fallu à nouveau choquer ces bonnes gens pour qu’elle puissent momentanément sortir de leurs torpeurs. Positivons toujours, ne critiquons jamais, ne mobilisons jamais les bonnes âmes et les bonnes gens. N’affrontons jamais la triste réalité… celle qui nous a conduit à cette situation par ce laissez-aller, cette culture du Maalachi…

Positivons tellement à outrance, fermons les yeux, refusons cet inventaire de ce qui ne va pas pour ne pas affronter cette réalité, celle d’un pays où non seulement l’Etat est en faillite, mais également le citoyen. Positivons à en tomber malade, à en mourir d’un cancer. C’est tout ce qu’on mérite au final. Il ne faut même plus s’en affoler.

Ce n’est pas en fuyant la réalité qu’on l’affronte. Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas de solution pratique à ces maux qui nous ronge et qui sont les sources de ces problèmes, à savoir la corruption et la violence, qu’on ne dispose pas des moyens pour les combattre aujourd’hui. Beaucoup, sous le sceau malencontreux de positiver, ont en réalité baissé les bras. Parmi la communauté internationale, beaucoup de pays sont prêts à nous aider, à fournir les moyens nécessaires notamment au niveau institutionnel, si toutefois, la population se mobilise. Elle en est tellement fatiguée qu’elle n’est même plus présente à dénoncer ce qui pourtant la viole quotidiennement, sauf sur Facebook évidemment, parce que le réseau social compte.

À force d’éviter la situation, non seulement elle empire mais nous en devenons complices. Ce n’est pas en se soustrayant mais en relevant le défi auquel on fait face qu’on avance dans le sens positif.

En fin de compte, ce sapin de Noël, aussi laid qu’il est, est là pour nous ouvrir les yeux et rappeler que dans la noirceur de la situation actuelle de cette crise des ordures devenue latente, nous en avons tous une part de responsabilité et qu’il nous reste encore beaucoup à faire… d’actes qu’on se refuse pourtant à accomplir. Positiver n’est pas fermer les yeux, mais au contraire les ouvrir, positiver n’est pas critiquer sans rien faire, mais agir sur le terrain pour le bien public.

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