Saurons-nous éviter le chaos ? Par Riad Jreige

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Au Liban, nous sommes sensés avoir un avantage par rapport à nos voisins arabes. Nous avons déjà été tous trompés, nous connaissons le prix que cela nous a coûté et nous savons comment on peut nous faire redémarrer la guerre dans notre pays.

Si nous savons comment faire redémarrer la guerre nous savons aussi comment l’éviter.

Toute personne au Liban, politicienne de surcroit, ne peut raisonnablement prétendre ignorer les conséquences sécuritaires de ses dires ou gestes.

Mais si c’est le cas, alors ce politicien est un menteur, voleur, meurtrier ; il devra être écarté par tous les moyens de son poste de responsabilité et être jugé par les autorités compétentes pour association de malfaiteurs en connivence avec des organisations terroristes.

L’expérience de 1975, pour tout libanais quelque soient ses croyances ou son appartenance politique, doit nous laisser en éveil pour
Le rôle de l’armée est primordial dans le maintien de l’ordre public tout spécialement dans le Nord où l’instabilité de la situation est palpable, non de la part de la population civile qui ne fait que subir sans rien dire mais du fait de ces bandes de manifestants armés – pour certains des libanais mais pour les autres … -,  ne désirant pas que leur soient interdits leur liberté de mouvement ou leurs actions violentes immédiates ou à venir.comprendre que ce qui se trame en ce moment chez nous au Liban, et plus spécialement au Nord à Tripoli, n’est rien d’autre qu’un moyen pour faire exploser la situation interne instable et entrer dans le chaos si chèrement souhaité par ceux qui n’attendent que cela : les commanditaires.

Le but de cette manœuvre communautariste est de faire en sorte que politiquement la présence de l’armée libanaise devienne indésirable.

Et ainsi laisser le champ libre aux extrémistes Salafistes pour qu’ils deviennent les garants de la base arrière de l’opposition syrienne et ainsi déstabiliser le pays dans son ensemble faisant craindre d’entrer de plain pied dans un cycle infernal, malheureusement déjà connu, pour le Liban.

La volonté est de créer une sorte de scission de l’armée pour créer une sorte d’armée du Liban « libre » à l’image de celle en Syrie autoproclamée et composée essentiellement de groupuscules extrémistes sunnites Salafistes, financés et armés de l’extérieur par un pays comme le Qatar et l’Arabie Saoudite et diplomatiquement soutenus par l’Occident comme les USA et la France.

L’alliance « Occident – Salafistes » explique en grande partie la réussite apparente des révolutions arabes, souhaitée ou non d’ailleurs par les populations arabes.

La tentation de comparer les évènements du Nord à ce qui s’est passé dans le Sud est grande. Vouloir comparer les Salafistes au Hezbollah est grande, qu’en est-il ?

D’un côté, le Nord avec Tripoli en très grande majorité sunnite est actuellement le théâtre de combats sporadiques mais réels prouvant la disponibilité d’armes dans cette ville. Ces évènements peuvent dégénérer à tout moment. Ils ne sont pas sans rappeler ce qui s’est passé à « Nahr el Bared » il y a quelques années à peine. Avec la différence que cette fois-ci, la présence de l’armée ne paraît pas être souhaitée.


Rappelons que la Syrie n’est pas l’ennemi du Liban et le Liban n’est pas l’ennemi de la Syrie.La présence armée des ces groupuscules extrémistes Salafistes, Wahabites ou d’El Qaïda à Tripoli et dans le Nord en général n’est pas désirée et n’est pas la bienvenue au Liban en général et dans cette région du Liban en particulier. Au Nord du Liban tout comme l’Est du Liban nous n’avons pas d’ennemi syrien mais un voisin syrien.

 

Toute autre interprétation de cet état des choses n’est que manipulation et mensonge.

Qu’en est-il dans le Sud ?

Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, est omniprésent  et reconnu comme principal mouvement de résistance contre l’ennemi israélien aux côtés de l’armée régulière libanaise qui ne peut encore, à elle seule, représenter un réel poids dans le système de défense libanais. Cette association a été reconnue utile et souhaitable par les autorités libanaises face à un ennemi surpuissant et alimenté à l’infini par les USA.

Israël dont la politique expansionniste aggrave sans donner de réponse viable à la résolution théorique du problème palestinien, si tant est qu’il y ait une volonté quelconque de le résoudre de la part de l’interlocuteur israélien.

L’occupation d’une petite partie du Liban par Tsahal continue à démontrer cette politique expansionniste vis-à-vis du Liban.

Pour le Hezbollah, le but et l’ennemi sont dès lors clairement spécifiés.

L’armée libanaise n’a pas vocation de déserter le moindre cm2 du territoire. Tripoli ne saurait être une exception. L’armée doit pouvoir exercer son rôle en faisant régner l’ordre intérieur même s’il faut, pour cela,  utiliser la force et ceci n’est pas négociable.

Si les autorités libanaises se laissaient marcher sur les pieds en autorisant ce qui ne doit pas l’être, ne nous étonnons pas alors des conséquences fâcheuses de tels actes qui ne présageront alors rien de bon ni pour Tripoli, ni pour le Nord, ni pour Beyrouth, ni pour le Sud.

Le souvenir de 1975 doit être présent dans nos mémoires pour éviter de sombrer à nouveau dans des combats qui ne nous concernent pas, à moins que l’on soit des extrémistes Salafistes dont le but affiché est le chaos pour espérer prendre le pouvoir par la force et imposer ses vues, à tous les niveaux, dont celui de la cohabitation pacifique multicommunautaire. Il est vrai que cette formule n’apporte pas pour le Liban de sérénité ni à court, ni à moyen, ni à long terme.

Il est donc à souhaiter que le commandant en chef de l’armée, le ministre de la défense, le Premier ministre et le Président de la république ne perdent pas de vue le rôle et l’objectif de cette institution : éviter la guerre civile.

N’oublions pas que la guerre du Liban de 1975 a été permise à cause de l’abandon politique volontaire du noble rôle de l’armée.

Riad Jreige

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