Situé à moins de 800 mètres du port, le Musée Sursock a subi des dégâts colossaux à la suite de l’explosion du 4 août. Les vitraux, emblèmes du musée, ont été totalement détruits. L’ensemble des éléments structurels du bâtiment a été gravement endommagé, de même que les salles historiques du musée, ainsi que 57 œuvres. Les travaux de réhabilitation du musée devraient s’étendre sur une période d’un an. Lieu d’échange et de mixité, ouvert sur l’international et engagé sur une plus grande accessibilité de la culture grâce à ses nombreux programmes éducatifs, le Musée Sursock envisage une réouverture en novembre 2021.

Pour répondre à cette ambition et marquer la priorité que la France accorde à la sauvegarde du patrimoine et à la relance de l’activité du secteur culturel beyrouthin, le Ministère de la Culture français s’est engagé à financer la restauration de l’intégralité des vitraux du Musée ainsi que la restauration de son premier étage historique, et notamment du célèbre salon arabe, véritable conservatoire des savoir-faire artisanaux de l’époque ottomane.

Ce soutien s’accompagne également des contributions de plusieurs opérateurs français de la culture, comme l’Institut national du patrimoine (mise à disposition d’expertise) et le Centre Pompidou (restauration d’œuvres parmi lesquelles le portrait de Nicolas Sursock par Kees van Dongen).

Cette intervention est également rendue possible grâce à l’engagement de l’entreprise française Saint-Gobain, qui offre l’intégralité du verre nécessaire à la réfection des vitraux ainsi que des matériaux de reconstruction.

Enfin, la Fondation ALIPH pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit, dont la France est membre fondateur et première contributrice, a également confirmé son soutien pour la sécurisation et l’étanchéisation du musée.

Cette aide globale témoigne de la volonté française d’agir concrètement pour un relèvement rapide du secteur culturel, en mobilisant largement des coalitions d’acteurs. Elle s’inscrit dans le cadre d’une action plus large portée depuis 6 mois par les autorités françaises, les opérateurs culturels de l’État, mais également les collectivités territoriales, les entreprises, sans oublier les citoyens français qui ont fait preuve de générosité en contribuant à de nombreux fonds de solidarité pour la culture.

La France réaffirme son attachement à la culture et au patrimoine beyrouthin et espère contribuer, par son soutien, à préserver la vitalité culturelle de la société civile et son attachement aux libertés qui caractérisent la société libanaise.

POINT DE PRESSE DE L’AMBASSADRICE DE FRANCE AU LIBAN, MME ANNE GRILLO, SUR L’AIDE FRANÇAISE AU SECTEUR DU PATRIMOINE ET DE LA CULTURE – MUSÉE SURSOCK

Monsieur le Président,

Madame la Directrice générale,

Chers amis,

La France reconstruit des hôpitaux endommagés par l’explosion sur le Port. Au début de ce mois, un jour symbolique, le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes, j’étais à l’hôpital public de la Quarantaine pour lancer les travaux de réhabilitation de l’unité de prise en charge des mères et des enfants, que nous allons conduire en partenariat avec l’UNICEF.

La France reconstruit des écoles. En novembre dernier, à l’école Notre-Dame de Nazareth, j’ai signé avec 22 écoles homologuées par la France, un engagement pour les aider dans leurs travaux de réhabilitation à hauteur de 7 millions d’euros.

La France reconstruit aussi des édifices patrimoniaux historiques. C’est tout le travail que nous menons avec l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (ALIPH) dont la France est membre fondateur et le premier contributeur. Je suis placée pour le savoir, ayant participé à la création de cette structure.

La France reconstruit des musées comme elle aide aussi des artistes et des professionnels de la culture à se reconstruire. Le Président de la République française a souhaité que la France s’engage aussi dans ce domaine, parce que le patrimoine et la culture font partie intégrante de l’identité du Liban et de son rayonnement. 

Il y a quelques jours, en ouverture de notre quinzaine de la Francophonie qui s’achève ce dimanche, j’ai indiqué que parler de francophonie, c’était entretenir un dialogue fécond et fraternel entre des langues, entre des cultures, entre des communautés. C’est parler de ce qui fait le visage du Liban. C’est un acte éminemment politique.

Aujourd’hui je le redis avec force, soutenir le patrimoine et la culture de votre pays, ce n’est pas un luxe, c’est rendre hommage au passé du Liban et c’est aussi se tourner vers le futur, c’est donner des raisons de vivre, des raisons d’espérer. C’est tout le sens de l’engagement de la France et des Français aux côtés des Libanais dans ces temps difficiles et douloureux que vous vivez.

C’est pour cela que nous sommes là aujourd’hui, ensemble. Vous, amis journalistes, spécialistes de la culture, vous savez de quoi nous parlons.

Pour cette raison, j’ai souhaité présenter l’engagement de la France en soutien au secteur patrimonial et culturel, ici et avec vous.

Ici, au Musée Sursock, je suis heureuse et fière d’annoncer que la France prendra en charge la restauration de l’intégralité des splendides vitraux du musée, ainsi que la restauration de son premier étage historique, dont son célèbre salon arabe, véritable conservatoire des savoir-faire artisanaux de l’époque ottomane. 

Le Musée Sursock est bien plus qu’un musée. C’est un édifice iconique de Beyrouth. C’est l’écrin qui a accueilli tant d’expositions exceptionnelles. Comme j’aurais d’ailleurs aimé voir la magnifique exposition Picasso organisée en janvier dernier ! Je formule le vœu que nous puissions nous donner comme ambition, comme perspective, comme horizon, de travailler à une autre exposition d’envergure, le moment venu, pour consacrer la renaissance de ce lieu magique, cher à tant de Beyrouthins et de Libanais.

C’est aussi un lieu reconnu d’échange, de partage des savoirs, de rencontres, de lien social, grâce à sa politique de gratuité et ses programmes dédiés aux jeunes. Je formule un second vœu, celui de travailler ensemble à des coopérations nouvelles en matière d’éducation artistique, en lien avec nos écoles et des écoles publiques libanaises, dans tout le pays, dès que les conditions le permettront.

Ce projet ambitieux de restauration est rendu possible par une alliance de solidarités :

  • Soutien public français et soutien privé d’une grande entreprise française, Saint Gobain. Je salue son Directeur général, M. Hady Nassif, qui offre l’intégralité du verre nécessaire à la réfection des vitraux ainsi que des matériaux de construction. Au-delà du musée Sursock, je voudrais aussi mentionner la contribution de Saint Gobain à d’autres projets de rénovation d’écoles et de maisons avec notamment plus de 3000 m2 de tuiles marseillaises. Vous comprenez pourquoi la Marseillaise que je suis se retrouve parfaitement dans son élément à Beyrouth, même meurtri ;
  • Engagement entre plusieurs institutions culturelles françaises : l’Institut national du patrimoine et le Centre Pompidou pour la mise à disposition d’expertise et la restauration d’œuvres parmi lesquelles le fameux portait de Nicolas Sursock par Kees Van Dongen.
  • Engagement de l’ALIPH qui va aider à la sécurisation et la mise hors d’eau du musée.

Je souligne cette alliance féconde parce qu’aujourd’hui, dans le domaine culturel, comme dans d’autres domaines, il nous faut nous projeter différemment, unir, nos forces, et travailler avec des coalitions d’acteurs engagés. Je veillerai à ce que l’ambassade assure pendant toute la durée de ce chantier le rôle de trait d’union entre tous les partenaires de l’équipe France.

Mais nous avons souhaité aller plus loin, et donner corps à l’engagement pris par le Président de la République lors de sa venue à Beyrouth, de préserver et de poursuivre dans cette période  difficile la « capacité de créer au Liban ».

Ici, au musée Sursock, je suis heureuse et fière d’annoncer le lancement d’un programme exceptionnel d’urgence à la scène artistique libanaise avec 100 résidences d’artistes.

Le programme NAFAS porte bien son nom puisque notre souhait est bien d’offrir « une respiration », un nouveau souffle, aux artistes durement touchés par la crise depuis des mois, que l’explosion sur le port n’a fait qu’aggraver.

Ce programme est exceptionnel parce que nous ne faisons cela avec aucun autre pays dans le monde. Exceptionnel aussi par la mobilisation de près 40 institutions françaises d’accueil. Une autre illustration de cette chaine des solidarités en faveur du Liban qui s’est mise en place en France.

100 artistes, toutes disciplines confondues, de tout le Liban, peuvent déposer un dossier de candidature. Vous trouverez l’information sur le site de l’ambassade de France et celui de l’Institut français au Liban.

Ce programme est conçu de façon complémentaire aux actions d’urgence conduites par le fonds de solidarité pour la culture lancé par les associations AFAC et Marved, grâce à plus de 500 000 euros levés lors du concert organisé par France Télévision en septembre pour soutenir la scène artistique libanaise. Des actions qui ont notamment permis des restaurations d’ateliers d’artistes, ou le remplacement de matériel.

Je le redis, soutenir le patrimoine et la culture du Liban, c’est redonner du souffle à ce pays, à ses talents, à sa jeunesse. C’est prévenir que la crise profonde que connait ce pays n’emporte pas, du fait de l’irresponsabilité de sa classe politique, ses fondements et sa force. C’est préserver la capacité de tous les Libanais à se relever, à écrire, à dessiner, à mettre en scène, à mettre en musique ou à filmer leur avenir, à penser un Liban uni dans sa diversité, fort et prospère. C’est enfin une nouvelle preuve, concrète, de la parole que tient la France à l’égard des Libanais de rester à leurs côtés. 

ANNEXE : Soutien de la France au patrimoine et à la culture

Dans le domaine du patrimoine, les grandes institutions françaises spécialisées et les acteurs de la recherche scientifique en matière de patrimoine et d’archéologie que sont le Louvre, l’Institut national du patrimoine ou encore l’Institut français du Proche Orient, sont mobilisés. Sous l’autorité de la Direction générale des Antiquités libanaises et sur financements de la fondation ALIPH, ces acteurs français œuvrent aux côtés de leurs partenaires libanais afin de protéger les bâtiments fragilisés. Un total de 12 bâtiments a déjà été consolidé et mis hors d’eau, dont la gare ferroviaire de Mar Mikhael, et les travaux se poursuivent actuellement sur la cathédrale Saint-Georges grecque-orthodoxe. La rénovation de « Beit Beirut » est également prévue en partenariat avec la Mairie de Paris et le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS).

Par ailleurs, la France contribue aussi, à travers son Ministère de la Culture et de nombreuses institutions culturelles françaises, au relèvement du secteur créatif beyrouthin. Ainsi, France Télévisions, le Centre national du cinéma, l’Office national de diffusion artistique, la Réunion des musées nationaux, l’École de Chaillot, la Cité internationale des arts, les Centres culturels de rencontre, la Centrale de l’édition, l’Institut du monde arabe et l’Institut français ont aujourd’hui mobilisé des aides d’urgence pour aider la communauté des arts et de la culture à surmonter cette crise profonde.

Un commentaire?