La juge Ghada Aoun, procureur du Mont Liban, a mis en examen un ancien Premier Ministre, Nagib Mikati, son fils Maher et son frère Taha ainsi que la Banque Audi pour s’être enrichi de manière illégale dans le cadre de prêts subventionnés par la Banque du Liban (BDL) à l’origine prévus pour les personnes aux moyens limités.
Ces derniers seraient prochainement interrogés à la demande de la juge. On ignore pour le moment si l’ancien Premier Ministre, actuellement député, pourrait se prévaloir de son immunité parlementaire.
Cependant, il s’agit d’une première dans l’histoire du Liban. Jusqu’à présent, les hautes personnalités ont pu bénéficier de protections politiques, voir religieuses.
Cette décision intervient alors que le Liban connait, depuis presque une semaine, d’importantes manifestations. Les protestataires dénoncent une classe politique corrompue, alors que l’endettement public dépasse 150% du PIB. Face à cet endettement, les autorités politiques avaient envisagé la création de nouvelles taxes dont la taxe dite WhatsApp, provoquant l’étincelle qui a tourné à la paralysie du Pays. Etant depuis annulée par le Conseil des Ministres, un plan de réformes économiques a été présenté par le Premier Ministre ce lundi après un ultimatum de 72 heures pour permettre aux partis politiques d’accorder leurs violons.
Sont notamment visés, l’ancien Premier Ministre Fouad Saniora à qui le Mufti de la République avait annoncé son soutien, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé et dont les domiciles et le siège de la BDL ont fait l’objet d’un sit-in, il y a 2 jours, ainsi que d’autres personnalités dont Gébran Bassil dont le nom revient souvent à la bouche des manifestants y compris dans son fief de Batroun.
Nagib Mikati, célèbre homme d’affaires, avait été premier ministre à 2 reprises, d’avril à juillet 2005 et de juin 2011 à février 2014. En 1982, avec son frère, il fonde une société de télécommunications, qui deviendra le groupe Mikati en 2007, avec d’importants investissements dans le monde arabe. La fortune de Mikati est estimée à 2,5 milliards de dollars.
Cette mise en examen intervient alors que le Conseil supérieur de la magistrature a publié une déclaration visant à assurer le bon fonctionnement de la procédure judiciaire.
Les juges sont désormais appelés à désigner les personnes suspectées d’actes de corruption, à les interroger afin que des poursuites pénales établies.