Le parquet financier a ordonné l’arrestation , ce jeudi, de Mazen Hamdan, un haut responsable de la Banque du Liban, accusé de manipulation alors que la parité de la livre libanaise face au dollar se maintient au-dessus du seuil des 4000 LL/USD au marché noir.

Mazen Hamdan, responsable des opérations monétaires de la BDL, serait accusé de collusion avec le président du syndicat des agents de change, Mahmoud Mourad, déjà arrêté et qui l’avait désigné comme complice, tout comme le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, lui-même, indiquait un journal local. Il aurait été vu sous escorte policière à son bureau pour prendre des documents.

Ainsi, au lieu d’injecter des dollars dans le marché afin de contenir la détérioration de la parité de la livre libanaise face au dollar, la Banque du Liban aurait même favorisé cette dégradation de la monnaie locale en achetant massivement des dollars, accusaient des sources judiciaires citées par le quotidien Al Akhbar.

Le gouverneur de la Banque du Liban qui jouit toutefois de certaines protections politiques telles que celles de l’ancien Premier Ministre Saad Hariri, est de plus en plus sur la sellette. Ainsi, la porte-parole du gouvernement Manal Abdel Samad, faisant allusion aux enquêtes en cours, indiquait à la sortie du conseil des ministres que la population à le droit de savoir pourquoi la livre libanaise a vu sa valeur s’effondrer.

Par ailleurs, le gouvernement libanais, qui estime à 63 milliards de dollars, les pertes de la Banque Centrale en raison d’une politique monétaire menée depuis 3 décennies sous le mandat de Riad Salamé, a demandé que soit mené un audit des comptes de l’institution monétaire pour chaque transaction. Le Fonds Monétaire International a également demandé le détails sur les pertes financières de la Banque du Liban et notamment l’état exact de ses réserves monétaires nettes. L’institution financière internationale s’était montrée depuis des années critique par rapport à la politique menée par la BDL, notamment de sa politique d’ingénierie financière qui a favorisé les profits des banques privées pour un coût important, de l’ordre de 21 milliards de dollars pour la BDL mais aussi pour avoir maintenu la parité de la Livre Libanaise, une monnaie qui a été surévaluée pendant longtemps, détruisant ainsi de nombreux emplois.

Le gouverneur de la Banque du Liban, en place depuis l’arrivée de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri, est le principal architecte d’un système monétaire et financier aujourd’hui à bout de souffle. Les tensions entre le gouvernement et lui augmentent, alors que les autorités ont indiqué souhaiter la mise en place d’une restructuration de la totalité du système financier local, tant privé que public. Riad Salamé est soutenu par certaines personnalités politiques, comme l’ancien Premier Ministre Saad Hariri, et économiques, tel que l’Association des Banques du Liban, dans son bras-de-fer avec le gouvernement Hassan Diab.

La dégradation de la parité de la Livre Libanaise est un des facteurs prépondérant dans la paupérisation de l’ensemble des libanais. Certains rapports estiment à 60% de la population, la proportion des personnes vivant déjà en-dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 USD par jour. Par ailleurs, plus de 45% de la population active serait actuellement au chômage.

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