Donald Trump est devenu le 45ème Président des USA en dépit d’un échec pourtant annoncé par beaucoup et notamment par les fameux instituts de sondage.

Les premières images d’une Hillary Clinton sont une leçon de démocratie et de l’acceptation de la défaite, elle pour qui la victoire semblait être promise. Prenons en acte également au Liban où notre système n’est en fin de compte pas si démocratique que cela et où certains n’acceptent pas leur défaite lors des différentes élections législatives. En d’autres termes, ce qui prévaut au final n’est pas de gagner le vote de députés ou de Grands Electeurs mais de gagner cette volonté populaire et Donald Trump a gagné non seulement le vote des Grands Electeurs mais aussi de cette volonté populaire puisqu’il reste le candidat qui a recueilli sur le plan national le plus grand nombre de suffrages avec 48% en sa faveur contre 47% allant à sa rivale qui doit en être bien malheureuse.

Ce résultat démocratique doit être aujourd’hui respecté quelles que soient les opinions des uns ou des autres. Le peuple américain a fait son choix et le prochain président a suffisamment de dossiers déjà sur son bureau, crise au Moyen Orient, crise en Ukraine, et d’autres difficultés qu’il serait fastidieux d’énoncer.

En dépit d’une campagne électorale exécrable marquée par de nombreuses polémiques de toute part, Donald Trump a donc fini par le remporter et il aura aussi le champs-libre: avec une chambre des représentants et du sénat à majorité républicaine, le système lui parait acquis, à lui qui se voyait opposé de toute part de nombreuses personnes et notamment dans son propre parti.

L’échec pour l’establishment

L’échec d’Hillary Clinton est d’autant plus cruel pour elle qu’elle était soutenue par une grande partie de l’establishment local tant des instances dirigeantes du Parti Démocrate que de celui de Wall Street qui la préféraient à Bernie Sanders. Ce dernier aurait l’emporter déjà durant la primaire démocrate. On ne pouvait comprendre qu’autant d’états lui acquis lors des primaires pour ensuite perdre face à une Hillary Clinton sûre d’elle. Ce déni était devenu d’autant plus flagrant que les plus hautes instances démocrates ont été dans l’obligation de démissionner après que certains courriels sur leurs implications et leur soutien à la candidate Clinton aient été révélés. Les dès étaient donc pipés.

Bernie devait l’emporter par la volonté des électeurs démocrates mais devait perdre pour l’establishment, lui qui se prononçait notamment en faveur d’une sécurité sociale ou à l’éducation supérieure gratuite aux USA. L’impensable.
Dans l’optique d’une confrontation avec Donald Trump, nul doute que les résultats de l’élection présidentielle auraient été tout autre et qu’il aurait peut-être gagné puisque répondant mieux à des inspirations populaires conflictuelles avec celles de cet establishment.

Face à Donald Trump qu’on disait sexiste, raciste, l’échec est d’autant plus important. Il convient aussi d’en comprendre les causes qui sont donc avant tout celles d’un rejet de cet establishment qui laissé les citoyens américains.

Hillary Clinton n’était pas l’enfant de coeur que la presse se plaisait à décrire. Mettons de côté ses fameux courriels et tenons-nous en à les déclarations publiques de cette dernière. La semaine dernière encore, elle se prononçait pour abattre les avions russes au-dessus de la Syrie. Une ancienne secrétaire d’état aux affaires étrangères et candidate aux élections présidentielles se prononçant pour un acte de guerre contre une puissance disposant de l’arme atomique est irresponsable. Rappelons également que dans les fameux courriers révélés par Wikileaks, la candidate démocrate et ancienne secrétaire d’état aux affaires étrangères, s’interrogeait sur la possibilité de “droner”, gentil mot pour dire assassiner”, Julian Assange réfugié dans une ambassade à Londres, pays allié, ne faisait de doute sur son caractère belliqueux.

Même si le citoyen américain lambda a une profonde méconnaissance des enjeux mondiaux, nous constatons ici que le niveau d’Hillary Clinton en fin de compte n’était pas en reste.

On agite ici ou là les propos de Donald Trump mais Hillary Clinton ne valait guère ou plutôt “guerre” mieux.

Cela rappelle à cet establishment qu’une élection ne se gagne pas à la faveur des sondages mais par le vote populaire. Ce n’est pas en faisant peur aux électeurs qu’on remporte une élection mais en faisant au contraire appel à des sentiments plus profonds. Celui de la Justice et des réponses aux problématiques socio-économiques que les populations vivent quotidiennement.

Une leçon pour le Liban ?

La similarité avec le Liban peut se faire. Outre l’exemple de l’acceptation de l’échec politique donné par Hillary Clinton qui félicite Donald Trump, ce qui n’est généralement pas notre cas, on a du mal à accepter que l’adversaire politique tant haï puisse gagner des élections, notre système politique en fin de compte reste contrôlé par un establishment politico-financier qui fait la pluie et le beau temps sinon le mauvais temps.

En dépit de tous les problèmes socio-économiques et politiques, ils restent en place qu’ils soient Zaims, Président ou chefs de partis voire chefs d’entreprises. Ils préfèrent que les jeunes s’expatrient plutôt que d’accorder leur chance et de démontrer leurs compétences souvent plus importante que les leurs. Ce n’est pas une élection qui change la donne au Pays des Cèdres.

Cette élection de Donald Trump doit leur rappeler que la légitimité vient du Peuple et non de cette pseudo-mafia. Espérons que désormais, ils en prennent acte et agiront en conséquence, qu’ils laisseront la possibilité à l’expression populaire comme ce qu’ont démontré les mobilisations en faveur du mouvement Tol2et Rihetkoum ou Beirut Madinati. Faute de quoi d’autres mesures plus fâcheuses s’imposeront d’elles-mêmes.

Ne me méprenez pas, les révolutions ne sont pas dans mon style. Il ne s’agit que d’un dernier recours face au refus de partager le pouvoir. Certaines sont salvatrices et d’autres constituent un remède pire que le mal qui nous ronge. L’intelligence est au contraire d’en prendre acte et d’agir en conséquence pour sauvegarder la Démocratie.

Sur un tout autre volet, les premières déclarations du 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique en faveur de la résolution non pas par le conflit mais par le dialogue des crises peuvent paraitre optimistes aujourd’hui, notamment sur le volet qui nous concerne, à savoir la crise syrienne et yéménite dont on paye ici même au Liban le prix d’une manière indirecte, ou plus loin, ukrainienne. Ce n’est pas par le conflit comme ce que souhaitait Hillary Clinton que le Monde ira mieux, chose dont beaucoup ont fait l’impasse pour des raisons idéologiques ou par ignorance tout simplement parce que ces propos n’ont pas été rapporté. Il ne fallait pas faire peur d’Hillary Clinton mais agiter la menace Trump selon cet establishment.

Le Monde, certes, ne sera pas meilleur avec Donald Trump à la tête de sa première puissance, mais peut-être avons-nous encore échappé au pire.

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