Mise au point : cet article (prémonitoire) a été rédigé le 13-12-2011 et jamais publié parce qu’on m’avait demandé à l’époque « de ne pas tirer sur une ambulance » c’est-à-dire de ménager les forces du 14 mars… 
Je me demande encore pourquoi j’avais accepté de céder ? Place à l’artillerie lourde !

Il est désormais grand temps pour les Libanais de réclamer des dommages et intérêts pour les sévices moraux encourus par la faute de leurs leaders de tous bords, tous chiffres et toutes dates confondus ! Parce que le gros lot du loto pour un peuple à l’agonie ne saurait être la combinaison chiffrée magique : 8 +14,10 +10+ 10, 13 +7 +10, 6 +6 +6 (incarnation diabolique !) ou autre qu’on tente de lui faire miroiter depuis Doha comme toutes les couleuvres patiemment avalées depuis le 14 février 2005 de triste mémoire !

Pathétiques vous l’êtes, chers messieurs qui jouez avec notre sort comme de vulgaires pions que l’on déplace au gré de vos envies, de vos motivations et de vos ambitions personnelles qui ont toujours prévalu sur les intérêts de ce que vous osez encore-honte à vous- appeler votre patrie.

Chers fous de la gâchette et joueurs d’échecs néophytes, pensez-vous vous tirer d’affaire après nous avoir traumatisés avec une plongée dans les lancements projetés live de la guerre civile 2008 que vous tous, protagonistes dont la parole d’honneur n’est plus crédible, prétendez aujourd’hui encore vouloir nous éviter ? Pis encore, la capitulation soudaine des forces du 14 mars qui nous ont entretenus trois longues années avec des promesses illusoires venues d’on ne sait où nous laisse un énorme goût d’amertume doublé d’un dégoût sans précédent. Est-il utile de vous rappeler, chers tribuns enflammés, que vous avez tiré votre force de plus d’un million de personnes rassemblées le 14 mars 2005 non pas pour vos beaux yeux, mais dans l’idée – désormais utopique- de changer la donne d’un pays qui a toujours vécu sous tutelle ? Messieurs, vous avez raté votre rendez-vous avec l’histoire et avec nous autres, citoyens souverainistes de ce pays. Soyez assurés que votre crédibilité est désormais réduite à zéro et que notre déception- qui n’est pas un élément de surprise puisque notre désillusion était bel et bien enclenchée, mais pas suffisamment préparée à la sordide vente aux enchères que vous nous servez là- est à la mesure de la confiance que nous avons eu tort de placer en vous. C’est grâce à nous que vous avez existé et c’est nous autres qui vous lâchons aujourd’hui. Bradez donc le Liban avec vos compères dans cette mascarade qui ne bluffe plus personne et soyez sûrs qu’aucun de vos ex-partisans/sympathisants n’est dupe du vulgaire marchandage qui se déroule sur le dos du citoyen lambda qui n’a même pas le désir de vous voir rentrer au pays. Honte à vous tous de nous avoir menés si loin et de dilapider notre devenir avec autant d’inconsistance et de légèreté.

Pourquoi donc avoir un jour réclamé l’indépendance d’un pays immature, éternellement en crise aigüe d’une adolescence pernicieuse qui le fait tourner en rond ? Le mandat français était une aubaine et sans doute la seule issue qui nous aurait évité de basculer dans la future RII (République Islamique Iranienne) dont vous tous -sans exception aucune- contribuez à édifier et à concrétiser les fondements. Et cela, l’Histoire ne vous le pardonnera pas ! Quant à nous autres, n’en parlons pas : nous nous maudissons d’avoir été dupés par vous. Vous n’êtes que des amateurs véreux alors qu’il faut de grands hommes pour prétendre s’exprimer au nom d’une nation. Trois ans à tourner en rond, pour arriver à… ça ?

Nul besoin d’être devin pour prévoir que l’opposition allait à un moment donné, user de la force pour obtenir ses revendications, aussi insensées soient-elles. Alors pourquoi avez-vous refusé le dialogue en évitant la violence maintenant que vous allez céder tout le paquet- avec en prime des bonus, bons d’achat et gâteries supplémentaires- sous la pression des armes ? Heureusement que les portes de l’immigration nous sont grandes ouvertes et que beaucoup d’entre nous possèdent des doubles nationalités qui ont au moins le mérite de laver le déshonneur de la nôtre.
Déshonneur que nous devons à vos bons et loyaux services…

Bélinda Béatrice Ibrahim
Née à Beyrouth, journaliste indépendante, éditrice et auteur d’expression française, elle a plusieurs publications à son actif et collabore activement avec la presse libanaise francophone. Parmi ses derniers ouvrages : Liban, conte d’un été meurtrier, 2014 - Noir Blanc Et Caetera Ces amours de papiers qui prennent l’eau, 2015 – Noir Blanc Et Caetera Last Seen, 2018 - Noir Blanc Et Caetera

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