Face aux risques de pénurie et de raréfaction de la ressource, les Etats arabes multiplient les initiatives de production et de traçabilité pour obtenir un meilleur accès à l’eau.

L’accès à l’eau et à son assainissement est un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Il figurait déjà au cœur des Objectifs du millénaire pour le développement, fixés par l’ONU et les gouvernements du monde entier. Aujourd’hui, il est l’objectif N°6 des 17 ODD (Objectifs de développement durable) qui leur ont succédé en 2015. C’est dire l’importance stratégique de cette ressource pour l’avenir de la planète : sans un accès régulier et de qualité à l’eau, impossible d’enclencher la dynamique du développement et de faire reculer durablement la pauvreté. Or, dans ce domaine, les pays arabes accusent un retard significatif, selon les scientifiques et les experts de l’UNICEF. Ainsi, rares sont les pays de la région qui peuvent garantir à leurs citoyens une eau potable et propre !

Une importance majeure pour les pays arabes

Le problème est double: d’une part, l’absence de ressources, et d’autre part, son contrôle qualité.
Dans le premier cas, les pays arabes ont depuis des années multiplié les travaux de R&D pour favoriser la production d’eau potable dans un contexte de raréfaction des ressources. Les avancées technologiques sont au rendez-vous, comme les réussites industrielles. Récemment, le Maroc a annoncé l’ouverture de la plus grande usine de dessalement de l’eau de mer au monde, opérée par l’énergie solaire.
Avec une consommation moyenne — directe et indirecte, en comptant l’agriculture et l’utilisation industrielle — de 3,8 mètres cube d’eau par personne chaque jour, la future usine, construite par l’entreprise espagnole Abengoa, pourra couvrir les besoins de près de 72 500 personnes.
Dans le second cas, le contrôle et la traçabilité sont primordiales pour assurer que la santé des citoyens est respectée. Une problématique que les Emirats Arabes Unis ont bien compris, ce qui explique pourquoi le programme onusien Watch Data les classe comme pionniers en la matière.

Traçabilité et santé publique

Au centre de cette démarche qualité, un contrat passé il y a un peu plus d’un an entre la Municipalité de Dubaï et la société suisse Sicpa. L’accord porte sur la mise en place d’une application sécurisée permettant de vérifier l’authenticité des produits et leur conformité aux normes sanitaires. La première mise en œuvre du projet est prévue pour la fin de l’année et s’appliquera, précisément, au contrôle de l’approvisionnement en eau. Concrètement, Sicpa fournira sa technologie de traçabilité pour les bonbonnes d’eau rechargeables de cinq gallons (près de 19 litres). Grâce à un code unique posé sur chaque bonbonne à chaque opération de remplissage, le nombre de recharges autorisées par récipient, limité à 33 en raison des conditions climatiques, sera strictement contrôlé. Le consommateur pourra ainsi, en scannant l’étiquette à l’aide d’une application de téléphone mobile, télécharger toutes les informations utiles sur la qualité et l’origine de l’eau qu’il achète.

Les autorités administratives de Dubaï, qui veulent étendre le marché aux produits halal, y voient également un moyen efficace de lutte contre la fraude fiscale et le commerce illicite. Mais la technologie développée par la firme suisse est surtout une garantie pour la santé publique puisqu’elle certifie aux consommateurs une traçabilité exemplaire.

Combattre le réchauffement climatique

Ces points sont loin d’être anecdotiques quand on sait les difficultés que vont connaître les pays arabes dans le futur.  En effet, ces derniers seront d’ici une dizaine d’années confrontés à un double problème: d’une part, le réchauffement climatique, qui provoque des pénuries d’eau alarmantes selon la Banque mondiale, d’autres part, la baisse dramatique des réserves d’eau douces de la région, selon le Water Resources Research.
Ces menaces expliquent pourquoi les Etats arabes, du Maroc aux Emirats Arabes Unis, redoublent d’efforts pour produire de l’eau douce et en contrôler la qualité, de l’usine aux consommateurs, afin de faire face à ce qui pourrait bien représenter une grave crise environnementale.
Des efforts qui semblent, pour l’heure, être bien partis pour payer.

Rachel Azoulay

Newsdesk Libnanews
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