Le Président de la Chambre des députés, Nabih Berri, appelle le juge Tarek Bitar à oeuvre “selon la loi et la constitution, ni plus ni moins”. Pour rappel, deux de ses proches, l’ancien ministre des finances Ali Hassan Khalil et des travaux publics Ghazi Zoaiter sont mis en cause et se retranchent sous l’immunité parlementaire dont ils jouissent en principe.

Il appelle le président de la république, le Général Michel Aoun, à intervenir contre le juge, estimant que ce dernier aurait violé 4 articles de la constitution, dont ceux liés à l’immunité dont jouissent les anciens premiers ministres et ministres qu’il a mis en examen, alors qu’il reviendrait à la haute cour de justice en charge de juger les anciens et actuels présidents, premiers ministres et ministres de le faire.

Plus encore, Nabih Berri accuse le juge Tarek Bitar de ne pas reconnaitre les pouvoirs du parlement dans le domaine.

Pour rappel, le juge Tarek Bitar a publié un mandat d’arrêt à l’encontre d’Ali Hassan Khalil après que celui-ci ne se soit pas rendu devant lui dans le cadre de son enquête portant sur l’explosion du port de Beyrouth. Il a également mis en examen plusieurs anciens ministres dont, outre Ali Hassan Khalil et Ghazi Zoaiter, l’ancien ministre de l’intérieur Nouhad Machnouk, proche de Saad Hariri, l’ancien ministre des transports Youssef Khalil, proche de Sleiman Franjieh et même l’ancien premier ministre Hassan Diab, pour homicide volontaire et négligence criminelle ayant amené à l’explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium.

Cette explosion a tué plus de 200 personnes et fait plus de 6500 blessés.

Le juge avait précédemment demandé la levée de l’immunité parlementaire dont jouissent Ali Hassan Khalil, Ghazi Zoaiter et Nouhad Machnouk, chose pour l’heure refusée par le bureau du parlement qui demande la communication du dossier. De son côté, le magistrat estime que cela pourrait amener à la destruction de preuves, ce qu’il refuse par conséquent. Par ailleurs, les Forces de sécurité intérieure, par l’intermédiaire de leur commandant, le Général Imad Othman, considéré comme proche de Saad Hariri, refuseraient d’exécuter le mandat d’arrêt à l’entre de l’ancien ministre des finances sous couvert de l’article 40 de la constitution.

Un bras-de-fer s’est également engagé au niveau judiciaire avec le recours présenté par les anciens ministres devant la cour de cassation. Cette dernière a déjà rejeté 15 de ces recours qui visent à démettre le juge Tarek Bitar, jusqu’à ce que le juge Habib Mezher, considéré comme proche du Hezbollah et Amal, se voit être présenté un recours de l’ancien ministre Youssef Fenianos en dépit de l’opposition des familles des victimes qui y voient là la volonté des partis politiques d’enterrer le dossier. Ce recours avait alors suspendu l’enquête en cours du juge Bitar. Le juge, connu pour ses positions antagonistes avec le juge Tarek Bitar s’est cependant vu être déclaré incompétent dans le domaine par le haut conseil de la magistrature. Depuis, il refuserait même d’apparaitre devant l’inspection judiciaire en dépit d’une plainte déposée par les familles des victimes.

Nabih Berri appelle par ailleurs à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire qui sera en charge de résoudre, selon lui 80% des problèmes actuels. Il aurait fait part de cette proposition lors de son entretien avec le patriarche maronite Béchara Boutros Rahi qui le soutiendrait dans cette initiative.

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