Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, sommé de s’expliquer par le Premier Ministre Hassan Diab au sujet de la détérioration de la valeur de la livre libanaise face au dollar, s’est finalement exprimé dans un enregistrement vidéo.

Ce dernier a indiqué ne pas s’exprimer par ressentiment mais par respect de la législation, souhaitant ainsi exposer les faits et les chiffres. La Banque Centrale du Liban publie tous les 15 jours ses budgets et les différentes statistiques concernant la masse monétaires, indique son responsable, ces chiffres incluant les éléments nécessaires à la transparence de l’institution. Il n’y a aucune dépense non communiquée, selon le gouverneur de la BDL, qui a souligné avoir communiqué les copies des comptes de la banque centrale au Premier Ministre le 9 mars dernier. Selon lui, 20 milliards de dollars de liquidités seraient ainsi disponibles.

Les comptes sont consignés par le Ministère des Finances et par le vice-Président du conseil des ministres et ne coute pas “une seule livre” à l’état.

Le conseil central de l’institution a mis en place un budget pour la Banque Centrale, qui serait conforme aux standards internationaux de telles institutions et utiliserait les mêmes critères. La somme disponible pour le gouverneur de la Banque du Liban ne dépasserait ainsi pas le montant de 150 Millions de livres libanaises. Au-delà, il conviendra au conseil central d’en prendre la décision.

Riad Salamé indique également que les comptes de la BDL sont consignés par le Ministère des Finances et par le vice-Président du conseil des ministres. La BDL, ainsi, ne coute pas “une seule livre” à l’état. Au contraire, les profits réalisés par la Banque du Liban auraient été versés à l’état et ont notamment contribué à réduire la dette publique lors de la conférence Paris II. Aussi la BDL, précise Riad Salamé aurait réduit le coût de la dette publique en accordant des prêts à des taux inférieurs à ceux du marché d’une part pour l’état et aussi aurait sécurisé le financement du secteur privé en faisant des profits acceptables.

Une campagne systématique alors que l’état n’a pas mené les réformes nécessaires

Le gouverneur de la Banque du Liban estime par conséquent qu’une campagne qu’il qualifie de systématique vise cette institution, “quelqu’un essayant d’induire en erreur l’opinion publique via de fausses informations”.

Nous avons été obligés de mener les opérations d’ingénierie financière pour gagner du temps et permettre à l’état de se réformer, se défend Riad Salamé au sujet des critiques concernant ces opérations menées entre 2016 et 2018, indiquant par ailleurs que la politique du maintien de la parité de la livre libanaise a été une décision de l’état dont il reste convaincu.

Si les réformes promises lors de la conférence CEDRE n’ont pas été appliquées, la Banque du Liban ne doit pas en porter la responsabilité. L’état a été requis d’appliquer certaines réformes qui ne l’ont pas été.

Le gouverneur de la Banque du Liban estime par ailleurs que le Liban nécessite 16.2 milliards de dollars annuellement pour permettre à l’économie libanaise de fonctionner.

Faire que le gouverneur porte seul la responsabilité du financement et de la surveillance de comment il dépense les fonds fait partie d’une campagne qui vise la BDL et le gouverneur.

Un système bancaire décrit comme solide et le haircut non nécessaire selon lui

Le système bancaire reste solide en dépit de la fermeture des banques de la crise du coronavirus et du défaut de paiement, estime le gouverneur de la Banque du Liban qui assure que les dépôts existent toujours et sont utilisés.

Des 5.9 milliards de dollars qui ont quitté le Liban, 3.7 milliards de dollars ont été utilisés pour couvrir les prêts et 2.2 milliards des dollars ont été retirés sous forme de cash par les clients, estime Riad Salamé qui ne croit pas qu’un haircut soit nécessaire.

Il indique que les haircut n’ont pas été appliqués dans le monde et que la crise actuelle serait induire par “un poids de 1 460 millions de livres libanaises et non de 3 milliards de dollars.

Les discussions sur le haircut effrayent les déposants et éloignent la durée de la guérison du système bancaire, a-t-il insisté, estimant par ailleurs ne pas permettre la faillite des établissements bancaires pour protéger les dépots et rappelant la décision d’augmenter les fonds propres des banques d’ici juin 2020.

Par ailleurs, Riad Salamé a indiqué que l’importation de blé, fioul et médicaments au bénéfice de la population libanaise et financée par les réserves de la BDL se poursuivra.

Nous souhaitons maintenir le pouvoir d’achat des libanais et nous travaillons à y parvenir en dépit des circonstances difficiles, conclut le gouverneur à ce sujet.

Le contrôle de la parité de la livre, difficile

Au sujet de la parité de la livre libanaise, le gouverneur de la Banque du Liban décrit le contrôle de la valeur du dollar comme étant difficile en raison de l’offre et de la demande qui reste très impacté “par les chocs” et du fait que les billets verts soient devenus rares.

Il a indiqué qu’ils ont tenté de stabiliser la valeur de la Livre Libanaise, notamment en payant en dollar les établissements de transferts de fonds pour tenter d’interférer avec le taux de change des bureaux de changes.

Cependant, cette stratégie n’a pas abouti. C’est ainsi qu’a été adoptée la circulaire qui oblige les établissements non financiers de payer en livres libanaises les sommes reçues en dollars qui serviront à être réinjectées sur le marché, indique Riad Salamé.

Riad Salamé à la défense de l’indépendance de la BDL

Le gouverneur de la BDL s’est défendu face aux critiques qui le visent au sujet de la publication de circulaires qui ont aggravé les pressions sur la livre libanaise

Nous défendrons l’indépendance de la Banque Centrale et nos circulaires sont en ligne avec la loi, qui ne nous oblige pas à coordonner nos actions avec le gouvernement sur chaque circulaire que nous publions. La BDL continuera de coopérer avec le gouvernement et le Premier Ministre.

1 COMMENTAIRE

  1. Celui qui n’a rien à se reprocher peut se permettre d’ouvrir ses portes à toute autorité pour un contrôle normal . L’argent de la BDL n’appartient pas à son PDG et à ses copains ,mais à la nation libanaise à qui il faudrait répondre de sa gestion foireuse et incompétente .
    Wait and see ! L’avenir nous dira si les choses de la république sont bien gérées ou bafouées !

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