Réuni au Palais Présidentiel de Baabda en session ordinaire cet après-midi, le gouvernement Mikati III a précisé les noms des ministres et des personnes qui participeront aux négociations avec le Fonds Monétaire International et accordé à cette commission un délai de 3 semaines préciser les dossiers qui seront examinés lors de ce processus.

Il s’agira en premier lieu, selon les informations actuelles, de mettre en place un nouveau plan de sauvetage de l’économie libanaise, semblant ainsi rejeter le plan décidé par l’ancien gouvernement, un plan qui estimait nécessaire un bail-out des actionnaires actuels des banques libanaises et un bail-in à hauteur de 12.5% des comptes de plus de 500 000 USD afin de préserver 98% des comptes actuels.

Selon certaines informations, le gouvernement envisagerait plutôt de préserver l’actionnariat actuel des banques – dont fait parti le premier ministre Nagib Mikati par ailleurs – via une liratification de 70% des devises étrangères et d’une transformation en obligations à titre perpétuel des 30% restants selon des termes qu’il reste à définir.

La commission sera ainsi constituée par le vice-premier ministre Saad Chami, les ministres des finances Youssef Khalil et de l’Economie Amin Salam et les 2 représentants du Président de la république Charbel Cordahi et Rafic Haddad.

Par ailleurs, s’exprimant à l’issue de la réunion, le ministre de l’information Georges Cordahi, a annoncé que le cabinet Mikati III a approuvé les recommandations à l’extension de la mobilisation générale face au covid19 ou encore la demande du ministère des télécoms de doubler de manière temporaire la vitesse de connexion sans frais supplémentaires.

Pour rappel, les négociations précédentes ont rapidement achoppé sur le chiffrage des pertes du secteur bancaire public et privé estimées à 63 milliards de dollars par le gouvernement Hassan Diab et confirmé par le FMI alors. Face à ces pertes, les experts estiment nécessaires un bail-out des actionnaires actuels des banques locales.

FOCUS

Des banques lourdement impactées par la crise économique 

Les banques libanaises sont, pour leur part, lourdement impactées par la crise économique que traverse le Liban. Cette crise est apparue au grand jour avec les fameuses pénuries de devises étrangères dès mai 2019, d’abord mises sur le dos de problèmes logistiques par la Banque du Liban avant de finalement reconnaitre que les établissements privés faisaient face à d’importantes crises de liquidité. L’ABL avait alors mis en place un contrôle informel des capitaux dès novembre 2019.  

Jusqu’à présent, les banques libanaises refusent généralement de permettre aux déposants de disposer librement de leurs fonds.

Dès 2019, de nombreux incidents avaient alors éclaté dans les succursales bancaires, des déposants exigeant de pouvoir retirer leurs fonds, ce que refusaient les responsables des banques alors que devrait prochainement être détaillé la répartition des pertes du secteur bancaire, estimée à 69 milliards de dollars selon le gouvernement Mikati III, 83 milliards de dollars selon le gouvernement précédent, un chiffre proche de celui du FMI et à 103 milliards de dollars selon certaines agences de notation.

Au total, les 14 premières banques libanaises à elles-seules nécessiteraient une injection de 65 milliards de dollars, bien au-delà des possibilités d’aide économique estimée à 26 milliards de dollars. Aussi, les haircuts sur les eurobonds ou encore sur une partie des obligations libanaises semblent devenir inévitables, en dépit de la hausse des fonds propres sur décision d’une circulaire de la Banque du Liban.

Depuis, si côté libanais, les décisions judiciaires sont pour l’heure bloquées et l’épargne toujours bloqué amenant à des opérations de retraits forcés menés par des déposants en colère, côté international, plusieurs banques libanaises ont été condamnées à verser d’importantes sommes dues à des résidents à l’étranger, notamment en Angleterre ou encore en France. ,

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