Après avoir semé le chaud suite aux propos du numéro 2 du Hezbollah qui s’était prononcé contre l’appel au Fonds Monétaire International (FMI) pour gérer la grave crise économique par laquelle le Liban passe, le numéro I du mouvement chiite, Sayyed Hassan Nasrallah, a remis les choses en ordre, estimant qu’il ne s’agit pas d’être opposé au FMI si cette aide comporte des conditions raisonnables.

Pour le Liban, désormais en état de défaut de paiement suite à l’annonce du Premier Ministre Hassan Diab, l’enjeu actuel sera de présenter le plan du FMI pour le rendre acceptable aux yeux de certains intérêts locaux, comme s’il était d’origine local, pour rendre les sacrifices, nécessaires, à venir acceptables aux yeux de la population et cela est d’autant plus compliqué qu’au Pays des Cèdres, au final, il y a 18 communautés différentes à qui il faudra “vendre ce plan”.

Ce changement de position est, donc, une chose prévisible et attendue, comme ce que je soulignais depuis déjà quelques temps. Tout comme déjà Nabih Berri par le passé, qui refusait catégoriquement l’aide du FMI alors qu’il tentait de négocier officieusement, le Hezbollah évolue dans son positionnement par rapport à l’institution internationale, en raison de la gravité de la crise économique dont il commence à se rendre compte et alors que l’épidémie n’arrange en plus guère les choses.

Les agences de notation et les rapports économiques comme d’ailleurs ont noté que le Hezbollah n’a, au final, aucun choix et que l’impact de la crise économique finira, tôt ou tard, par impacter également sa clientèle politique, au fur et à mesure que le mouvement réalisera le coût du sauvetage de l’économie Libanaise qui nécessite environ 20 milliards de dollars pour la restructuration du secteur bancaire, immédiatement et cela pour sauver l’épargne des gens, 20 à 25 milliards de dollars pour relancer l’économie et donc l’emploi et les salaires, et dans les années à venir, 50 à 70 milliards de dollars pour restructurer et sauver la Banque du Liban elle-même, alors que les négociations avec les détenteurs d’obligations internationales semblent être difficiles et pourraient même aboutir à une impasse via des plaintes contre le Liban devant des tribunaux internationaux, les banques libanaises étant assez responsables de la chose en ayant vendu d’importants volumes à des fonds vautours, ce qui pourrait amené à aggraver la crise économique. Seul le FMI peut nous permettre de nous renforcer face à eux.

D’importants sacrifices doivent aujourd’hui être faits au-delà du discours politique et pour le bien de la Nation.

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La position du Cheikh Naim Kassem était d’autant plus inconfortable sur l’institution internationale que l’Iran, cette semaine, a lancé un appel à l’aide au FMI face au coronavirus COVID-19.

Et les autres pays amis du Liban seront dans le même cas toujours à cause du coronavirus, y compris l’Iran très largement impacté par l’épidémie, réduisant ainsi les possibilités d’aide au Liban qui étaient en elles-mêmes déjà largement conditionnées à l’application d’un plan qui sera suggéré par le FMI mais qui sera adopté par le gouvernement libanais.

Aujourd’hui l’aide que devrait apporter le FMI au Liban est inéluctable et la situation économique est d’autant plus grave que, s’il y a déjà crise avec un PIB qui serait passé de 55 milliards de dollars en 2018 à 44 milliards de dollars en 2019, avant l’épisode du virus, l’activité économique sera d’autant plus impactée aujourd’hui.

Pour être plus clair encore, le Liban n’est pas en mesure de se montrer trop exigeant par rapport au FMI qui sera probablement en première ligne dans le financement de plans d’urgence pour relancer l’économie mondiale face à l’effondrement induit par l’épidémie. L’Institution sera donc probablement très sollicitée, ce qui réduira sa disponibilité par rapport au Liban alors déjà qu’il n’était pas certain qu’elle accepte d’aider le Liban en raison de “conditions d’ordre personnels” de certains responsables politiques locaux.

Cependant, il convient désormais de s’interroger sur les conditions raisonnables qui seraient négociables selon le leader du Hezbollah, même s’il n’y a pas d’espace pour les négociations actuellement vu la situation. Est-ce vraiment déraisonnable de demander une restructuration notre économie qui s’est construite en étant déconnecté des réalités économique alors que l’ampleur de la crise rappelle que le Liban a violé les règles fondamentales de l’économie durant les 25 dernières années, notamment en ce qui concerne la parité entre la livre libanaise et le dollar, ce qui semble être un des points du contentieux avec le FMI selon le Hezbollah? Ghazi Wazni, à son arrivée au ministère des finances, avait évoqué une possible dévaluation officielle de la Livre Libanaise et, aujourd’hui, soumis à la pression de certains, semble se rétracter.

Est-ce déraisonnable de mettre fin au clientélisme au sein des administrations publique où beaucoup de partis politiques – tous sans exception aucune – ont placé des proches, quitte à déséquilibrer les comptes publics?

Si cela s’avère être déraisonnable, on n’est pas encore sorti de l’auberge…

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