IL est fort surprenant depuis que la formation du gouvernement est à l’ordre du jour, que nulle importance ne soit accordée aux deux ministères – clés qui construisent véritablement une nation, autrement dit l’Education et la Culture.

Tout le monde se déchire pour classer les ministères entre régaliens, de services, ordinaires et d’Etat et on néglige les deux ministères les plus importants, sans lesquels aucun projet politique ne peut survivre à long terme car ils préparent les générations futures et renforcent l’identité et la cohérence d’un pays. Les droits culturels sont la base des droits politiques qui les garantissent.

Tout commence avec l’éducation, à savoir bien sûr les matières scientifiques exactes mais surtout les sciences humaines, notamment la maîtrise des langues et le livre d’Histoire. Or le système éducatif au Liban, tant au niveau scolaire qu’universitaire demeure largement privé, notamment communautaire, en l’absence d’une politique audacieuse, nationale étatique.

Concernant la culture qui couvre le patrimoine et l’identité nationale, nous demeurons également à la merci des initiatives privées, associatives ou semi-publiques. Certes les initiatives personnelles et citoyennes sont les bienvenues et le Liban jouit, d’un immense espace de créativité et un foisonnement d’événements festifs, souvent de très grande qualité mais la vision globale manque, celle que seul l’Etat peut définir et mettre en mouvement.

Pour ma part, je suis fermement convaincu que ce sont les deux ministères – clés de tout gouvernement et qui devraient être prioritaires car tant que nous ne nous sommes pas entendus sur le livre d’Histoire, le système d’enseignement, le niveau et la maîtrise des langues, les libertés individuelles et celles des groupes, le projet libanais reste flou, fragile et perméable, soumis aux influences environnantes.

Le pluralisme libanais doit être défini et transmis, à travers le système d’éducation et un discours identitaire fédérateur, pour pouvoir tenir solidement sinon il est instrumentalisé et soumis, aux aléas des luttes de pouvoir, des chefs communautaires et des puissances extérieures, tant régionales qu’internationales.

Dans ce paysage politique, seule Bahia Hariri maintient depuis plus de vingt ans, un discours avisé et soutenu, où l’éducation et la culture sont prioritaires. De plus, elle est la présidente de l’initiative nationale, pour la commémoration du centenaire du grand Liban dont les festivités débuteront le 1 septembre 2019, pour se clôturer un an plus tard, le 1 septembre 2020.

Il y a chez elle, une ligne de conduite continue et une conviction renforcée, par l’expérience des multiples responsabilités dont elle a eu la charge, principalement au niveau de l’Education (ministre, présidente de la commission parlementaire pour l’éducation, ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco …)  Et le fait, qu’elle est enseignante elle-même à la base (de formation et par l’exercice). Elle raisonne à long terme, contrairement à la plupart des politiciens qui ne se soucient, que des échéances immédiates et des acquis électoraux.

Le Liban a besoin d’une vision et elle passe nécessairement, par l’Education et la Culture. Certes il faut assurer le quotidien des Libanais ,à travers divers services et la souveraineté nationale, à travers les ministères régaliens (Défense, Finances, Intérieur, Affaires Etrangères et dans une moindre mesure Justice) mais si le pays n’est pas clair, par rapport à son identité culturelle et son système éducatif, il restera soumis à des crises intestines périodiques ,devenues chroniques et à des interférences extérieures dont il n’est plus ,que l’espace de règlements de comptes ,à travers les Libanais interposés(les guerres des autres sur le sol libanais) .

Certes il est important de brandir le slogan magique, du dialogue des cultures mais  il s’agit tout d’abord, de définir les paramètres culturels objectifs (paramètres d’Hérodote) et de faire un compromis, autour de ces paramètres, avant de parvenir au compromis politique. Le système politique est là pour traduire, une entente nationale profonde, qui a été au préalable intériorisé et assumée, par une éducation et une culture communes.

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