Le Président de la commission parlementaire en charge de l’environnement, Marwan Hamadé, a mis en garde ce mardi contre le retour des ordures dans les rues du Mont Liban dès le Premier Septembre en raison de la fermeture de la très controversée décharge de Bourj Hammoud.

Dans une conférence conjointe tenue en présence du Ministre de l’Environnement Fadi Jreissati, ce dernier a estimé que la crise des ordures qui touche le Liban est plus dangereuses que toutes les autres crises. Il faisait ainsi allusion à la crise économique qui touche le Pays des Cèdres.

Le député a estimé nécessaire l’adoption de mesures d’ici une à deux semaines pour éviter la crise “sinon il faudra retourner à la maison”.

Le Ministre de l’Environnement Fadi Jreissati a confirmé que la nouvelle crise des ordures pourrait débuter dès le 1er septembre en cas d’absence de solution. Il a également dénoncé les députés et les divers responsables qui se sont opposés à l’extension de la décharge de Bouj Hammoud. Ces derniers rendent la décharge de Bourj Hammoud responsable des odeurs pestilentielles et des nuées de mouches qui touchent une partie de la banlieue nord de Beyrouth ainsi que certains quartiers de la capitale.

Plus de précisions

Pour rappel, il avait déjà mis en garde en février contre la saturation de la décharge de Bourj Hammoud d’ici juillet ou août. Depuis ces déclarations, aucune solution n’a encore été adoptée alors que la crise des ordures s’est déjà étendue aux régions limitrophes du Mont Liban et notamment au Nord Liban.

Pour rappel, le ministre avait soumis début juin, un plan visant à éviter la répétition de ce scénario avec la mise en place d’une politique en la matière à long terme et le recours à des incinérateurs ou au recyclage d’une partie des ordures libanaises. Cependant, ce plan n’a toujours pas été adopté par le conseil des ministres.

Une crise chronique des ordures depuis la fermeture de la décharge de Naameh en 2015

Pour rappel, les ordures avaient commencé à s’accumuler dans les rues de Beyrouth et du Mont-Liban à partir du 17 juillet 2015 suite à l’annulation du contrat avec la compagnie de ramassage Sukleen et de l’expiration du mandat d’exploitation de la décharge de Naameh.

Face à l’impossibilité de trouver une solution pérenne à l’époque, les autorités d’alors avaient décidé de la réouverture de la décharge de Bourj Hammoud au nord de Beyrouth et de l’ouverture de la décharge de Costa Brava au sud de la capitale en dépit de la signature en 1994 du traité de Barcelone qui interdit de jeter des ordures en mer.

Cette crise avait amené à la mobilisation d’une frange de la population, avec de nombreuses manifestations qui se sont ainsi déroulées durant l’été 2015 au centre-ville de Beyrouth. Les Forces de Sécurité ont été critiquées pour un usage inapproprié de la violence, alors que certaines sources indiquaient que des éléments proches de partis politiques s’étaient infiltrés parmi les manifestants pour provoquer des incidents.

Les décharges sauvages, responsables d’une forte augmentation des cancers

Depuis, la pollution engendrée par l’incident volontaire des décharges sauvages serait à l’origine d’une forte augmentation des cancers au sein de la population Une étude de l’Unité de recherche concernant la qualité de l’air au Liban en 2015, avait ainsi noté une augmentation sans précédent de différentes substances cancérogènes dans l’air ambiant, résultants de l’incendie volontaire des déchets.

De nombreux cancers seraient ainsi désormais liés à la pollution.

Dans une autre étude intitulée « C’est la mort que nous respirons’ : Risques liés à l’incinération des déchets au Liban« , des risques concernant la santé de la population avaient également été relevés.

Des ordures à la mer plutôt que de les voir dans les rues

Largement dépassées par la tournure des évènements, les autorités libanaises, face aux manifestants qui demandaient alors le retrait de la classe politique actuelle accusée de corruption dans différents dossiers, ne se sont contentées que d’annoncer des plans provisoires dont la mise en place de décharges au lieu-dit de Costa Brava au Sud de la Capitale et à Bourj Hammoud et Jdeideh au Nord de la Capitale, toutes sur des espaces gagnés sur la mer en contradiction avec le traité de Barcelone dont le Liban est portant signataire.

En avril 2019, le ministre de l’environnement, Fadi Jreissati, avait indiqué que la décharge de Bourj Hammoud, devrait être encore étendue en raison de l’absence de solution à long terme, jusqu’à présent dans la gestion des déchets et des ordures.

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