Le ministre des finances du gouvernement de Hassan Diab. Crédit Photo: Dalati & Nohra
Le ministre des finances du gouvernement de Hassan Diab. Crédit Photo: Dalati & Nohra

Le Ministre des finances aurait annoncé la suspension des négociations avec le Fonds Monétaire International. Le Liban visait à obtenir un prêt de 10 milliards de dollars visant à relancer son économie. Il s’agissait également d’une condition au déblocage des aides de la conférence d’aide internationale au Liban CEDRE.

Ghazi Wazni aurait indiqué que cette suspension intervient dans l’attente d’un chiffrage unifié des pertes du secteur financier et de la mise en place des réformes nécessaires à l’obtention de l’aide du FMI. Il aurait également noté qu’il s’agit de présenter un front politique uni entre le gouvernement et le parlement alors que se multiplient les initiatives visant à faire tomber le gouvernement Hassan Diab et à ramener l’ancien Premier Ministre Saad Hariri.

Le ministre des finances aurait également eu une altercation verbale avec le Président de la République ce mardi, au sujet de l’audit détaillé des comptes de la Banque du Liban. Il aurait ainsi rétorqué au chef de l’état “que ses soutiens politiques ne soutiennent pas cette procédure”, allusion au Président de la Chambre des Députés Nabih Berri. Précédemment, Ghazi Wazni accusait le cabinet qui devrait conduire cet audit détaillé d’avoir des liens avec Israël.

Le chef de l’état s’était précédemment interrogé sur les retards pris pour mener un audit financier des comptes de la Banque Centrale, 3 mois après qu’une décision en ce sens ait été prise par le gouvernement Hassan Diab. Il s’agit également de déterminer la taille exacte et les causes des pertes financières de la Banque du Liban, conformément à un engagement du cabinet à adopter une démarche de transparence notamment vis-vis de la communauté internationale alors que le Liban a entamé des négociations avec le Fonds Monétaire International.

Cet audit est jugé également nécessaire pour mener à bien la restructuration de la banque centrale, dont les comptes sont considérés assez obscurs. Ainsi, pour l’heure, on ignore la taille exacte des réserves monétaires nettes pourtant cruciales pour financer les produits nécessaires à la population, mais également pour régler la controverse concernant la taille des pertes du secteur financier.

Pour rappel, le parlement libanais estime les pertes du secteur financier à 81 000 milliards de livres libanaises au taux de 1 500 LL/USD, soit bien en-deçà des estimations du gouvernement qui est de 241 000 milliards de livres libanaises et qu’un bras de fer se déroule également avec l’Association des Banques du Liban (ABL) qui refuse tout wipe-out de ses actionnaires actuels en vue de recapitaliser le secteur bancaire privé. Ces derniers avaient indiqué vouloir activer les relais parlementaires qu’ils ont, de nombreux députés étant également actionnaires de banques, ce qui constitue un conflit d’intérêt, accusait Henri Chaoul.

La commission parlementaire du budget et des finances était aller jusqu’à déclarer que le Liban n’est pas en faillite.

Le gouvernement est quant à lui soutenu par le FMI, qui estime ses chiffrages à priori exacts. Précédemment, le FMI estimait même les pertes du secteur financier à plus de 100 milliards de dollars.

Deux des principaux négociateurs côté libanais avaient démissionné, accusant certains partis politiques et les banques de vouloir accaparer les biens publics et plus particulièrement le littoral libanais. Aussi, ils ont noté que si les pertes sont sous-estimées, il en serait de même de l’aide que le FMI pourrait accorder. Ainsi au lieu de 10 milliards, le Fonds ne pourrait accorder qu’un milliards de dollars.

Les spécialistes financiers notent que cette suspension des négociations pourrait encore aggraver la situation actuelle du Liban soumis à une grave crise économique. Ils estiment aussi que le wipe-out pourrait aussi permettre le déblocage des fonds actuellement bloqués par les banques libanaises, qui ont instauré unilatéralement un contrôle des capitaux en novembre dernier. Ces mêmes sources indiquent qu’en cas d’échec, il est à craindre une dévaluation incontrôlée de la livre libanaise face au dollar et des faillites bancaires. Cependant ces faillites bancaires auraient un impact moins important que prévu, les sommes séquestrées par les banques étant garanties à hauteur de 75 000 000 de livres libanaises et donc seront rendues disponibles à la clientèle.

D’autres parts, certaines sources indiquent que le Président du Parlement s’opposerait à certaines réformes, notamment dans le secteur de l’électricité publique. Ils accusent certains de ses proches d’être impliqués dans le secteur des générateurs privés.

Il précise également qu’il restera en contact avec l’institution internationale jusqu’à la reprise des négociations, indique le journal Al Joumhouria.