Macron e(s)t Napoléon

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« Car cette démarche bonapartiste, une de plus contre tous les corps intermédiaires, n’a pas d’espace politique. » Cette phrase envoyée par SMS aux élus socialistes par le secrétaire du parti Cambadélis, à propos du ministre démissionnaire Macron est d’une grande justesse. Macron est le nouveau Napoléon.

De toute évidence la connotation du terme « Bonapartiste » venant d’un politique de gauche est péjorative, mais prenons la comparaison au sens littéral,  réfléchissons-y deux secondes, et nous serons frappé par la ressemblance des comportements et circonstances qui entourent et caractérisent les deux hommes.

En voici quelques exemples :

Premièrement, Bonaparte connu une ascension fulgurante juste après une période de conflits ayant meurtris et agenouillés la société française. On sortait de la révolution et de la Terreur et rentrait dans une période de grande instabilité, lorsque l’empereur de par son charisme et ses exploits pris progressivement possession des rênes de l’état. Tout comme Macron qui, lui, intervient après une crise financière latente et une crise identitaire naissante.

Deuxièmement, Bonaparte fut perçue comme l’option du juste-milieu, ni monarchiste ni républicain, ou plutôt mi- monarchiste mi- républicain. Aujourd’hui Macron ne se considère pas « socialiste » tout en étant membre du parti dit « socialiste ». Macron n’est donc ni de gauche ni de droite, ni socialiste ni capitaliste. Il est social-libéral comme Napoléon le républicain-royaliste. A la fin du XVIIIème siècle ni la république ni la monarchie n’étaient supportables. Aujourd’hui ni la droite ni la gauche ne sont audibles.

Troisièmement, les deux hommes sont extrêmement jeunes lors de leur percée originelle dans les hautes sphères. Napoléon devint général de l’armée républicaine à 27 ans tandis que Macron fût promu associé de Rothschild à seulement 30 ans. Le premier créa les grandes écoles de la République dans lesquels le second excella. Sorti major de promo de l’ENA, Macron occupa rapidement et naturellement les postes les plus élevés de l’Etat. Avec le soutien de Jacques Attali qui rappelle celui de Sieyès au futur empereur, Macron vola inévitablement très haut et à une vitesse impressionnante. Les glorieuses campagnes ascensionnelles d’Italie et d’Egypte de Napoléon nous rappellent celles plus « financières » des « deals » gagnés par Macron dans sa banque d’affaires.

Quatrièmement, les passions que déchainent les deux hommes ont en commun leur caractère irréconciliable. Nul ne peut faire changer d’avis une personne qui pense que Napoléon était un tyran (et pas des moindres), tout comme personne ne serait capable de persuader un CGTiste que la loi travail ou la loi Macron seront bénéfiques à long terme. On aime ou on déteste Napoléon. Ceci s’applique à Macron.

Cinquièmement, Napoléon était porteur d’un projet nouveau. Il instaura la méritocratie à la Française, consolida l’assimilation des peuples (en transformant les juifs en israélites), créa et fortifia les institutions de l’état. Macron à son tour porte un projet de libéralisation de l’économie, de réformes administratives, d’innovations industrielles, à même d’après lui de placer la France au centre de la croissance mondiale.

Sixièmement, le coup d’état dûment préparé et médité de Bonaparte ressemble à la démission du jeune ministre de Hollande, qui a pour seul but (et sans même daigner le voiler) la candidature à la présidentielle en 2017. D’où la remarque pertinente de Cambadélis.

Tout cela nous permet de faire le postulat que le futur d’Emmanuel Macron sera à l’image de celui de Napoléon Bonaparte. Connaitra-t-il pour autant une fin tragique ? Aura-t-il son Saint Hélène ? Seul le temps répondra à cette question. Une chose est certaine, le nom « Macron » résonnera encore des années sur la France avant de s’éteindre.

Emmanuel Ramia

Emmanuel Ramia
Ingénieur et économiste pétrolier, Franco-Libanais, féru de littérature, de géopolitique, et de philosophie. Passionné par l'Histoire de son pays d'origine et celle de son pays d'adoption, il rédige ses articles sur l'actualité avec un soin particulier accordé à la dimension historique et philosophique.

4 COMMENTAIRES

  1. Emmanuel,
    J’aime ta plume, j’aime ton exprit, j’aime ta personne
    Epouse moi et faisons pleins de petits barons aristocrates
    Ton amour éternel
    A-R d L.

  2. Vous remarquerez qu’effectivement en aucun cas je n’ai évoqué une ressemblance idéologique entre les deux hommes. Vous le dites, et vous semblez vous en désoler. Je n’en parle simplement pas. Le mot “Bonapartisme” n’a pas été utilisé une fois d’ailleurs. Votre message n’a donc pas de sens, et sa virulence non plus. Vous êtes un défenseur de la mémoire collective de Napoléon, j’en conviens. J’ai une certaine admiration pour ce grand homme aussi. Mais je vous prie de ne pas faire dire aux articles que vous lisez sur le sujet ce qu’ils ne disent pas. Vous n’avez vraisemblablement que lu le titre de mon article…

  3. Sophisme quand tu nous tiens… Autant dire qu’un chat est un chien parce qu’il a quatre pattes!

    De plus, le Bonapartisme, c’est un courant politique qui évolue autour de ses principes depuis les débuts du jeune Napoléon. Peut-être plus désolant encore que les comparaisons lamentables avec l’Empereur, la question de la fidélité de Macron aux idées napoléoniennes n’est même pas posée. Et effectivement, la loi Macron est surtout la preuve du contraire en 2016, l’année des 210 ans des conseils de Prud’hommes (décrets impériaux du 18 mars et 3 juillet 1806) et 160e anniversaire de la création de la société du prince impérial (créée par Napoléon III pour que les ouvriers puissent devenir propriétaires de leurs propres outils grâce à des micro-prêts). Concilier les intérêts des ouvriers et des patronats au lieu de les opposer, défendre le faible contre le fort, cela eût été bonapartiste. Dans son ignorance, Cambadélis se prend peut-être pour Trotsky, mais Macron n’a rien de Napoléon.

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