“S’il y a un enjeu politique d’ensemble autour de la prison, ce n’est … pas de savoir si elle sera correctrice ou pas; si les juges, les psychiatres ou les sociologues y exerceront plus de pouvoir que les administrateurs et les surveillants… Le problème actuellement est plutôt dans la grande montée de ces dispositifs de normalisation et toute l’étendue des effets de pouvoir qu’ils portent, à travers la mise en place d’objectivités nouvelles. 1

(313)” Michel Foucault. Surveiller et punir. 1975.

Il y a maintes façons de percevoir et d’évaluer la discordance au Liban. Pour l’émigré libanais l’attraction au pays des Cèdres demeure vive et intacte alors que sa participation attend la concordance à  une appartenance effective et au service de sa nation. Elle concerne évidemment, bien plus que la nostalgie des souvenirs et les retrouvailles intenses.

Les touristes viennent certes apprécier une nature méditerranéenne belle et sauvage ainsi que des lieux et des monuments historiques exceptionnels. Le contexte humain se dispose bras ouverts à une increvable et lumineuse  convivialité. Elle résiste fièrement aux étranglements dûs aux politiques arbitraires et à la permanence de la crise économique. Le citoyen va quand même convertir sa part d’irresponsabilité et sa fuite en avant en un appétit pour la paix au gré d’une insouciance circonstancielle ou provisoire.

La désillusion ne compose pas elle seule l’amer constat d’échec du citoyen quand aux faux choix presque constamment répétés pour tant de médiocres élus. Sans aucun contrôle ils favorisent la perplexité du cadre démocratique, l’ambiguïté d’une identité nationale, les rapports non substantiels de la coexistence selon la susceptibilité confessionnelle et la place tronquée de la citoyenneté.

Le Liban a perdu considérablement de sa douceur de vivre. Il suffit de se réveiller à la réalité du jour après une soirée de rêve pour constater que les anomalies reprennent et se confondent à la norme. Payer si cher, l’air propre qu’on respire, l’électricité, l’eau, la scolarité, le confort minima, la non considération, le va de soi de cohabiter avec l’imprévu et les risques sécuritaires des deuils et célébrations, devient malheureusement pour beaucoup d’entre nous une accoutumance à une atmosphère malsaine par “.. la grande montée de ces dispositifs de normalisation et … l’étendue des effets de pouvoir qu’ils portent, à travers la mise en place d’objectivités nouvelles.”1

Joe Acoury

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