La chambre d’accusation de Beyrouth, composée des juges Maher Chouaïto, Joseph Bou Sleiman et Mohamed Chihab, a décidé de renvoyer l’affaire impliquant l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, au premier président de la cour d’appel de Beyrouth. Ce dernier devra désigner une nouvelle instance pour examiner l’affaire Forry Associate, liée à des accusations de détournement de fonds. Ce dossier, qui fait l’objet d’une plainte déposée par la juge Helena Iskander au nom de l’état, concerne un réseau complexe de transactions financières et d’enrichissement illicite.
Pour rappel, Riad Salamé est actuellement détenu dans le cadre de l’affaire Optimum Invest.
L’affaire Forry Associate et les protagonistes impliqués :
Au cœur de l’affaire Forry Associate, Riad Salamé est accusé d’avoir permis à cette société offshore, contrôlée par ses proches, de percevoir des commissions illicites sur les achats d’euro-obligations effectués par la Banque du Liban. Son frère Raja Salamé et sa maîtresse d’origine ukrainienne, Anna Kosakova, sont également impliqués dans cette affaire. Le trio est soupçonné d’avoir orchestré un réseau financier international permettant le transfert et le blanchiment de fonds détournés du Liban vers l’étranger.
Le rôle de Forry Associate dans ces transactions est considéré comme un élément clé du dispositif mis en place par Riad Salamé pour siphonner des centaines de millions de dollars via des commissions jugées non justifiées. Des enquêtes sont également en cours en France et dans d’autres pays européens, où des actifs liés à Salamé et à ses proches ont été gelés.
L’affaire Optimum Invest et l’incarcération de Riad Salamé :
Parallèlement à l’affaire Forry Associate, une autre procédure judiciaire est en cours contre Riad Salamé dans le cadre de l’affaire Optimum Invest. Ce volet distinct concerne des pratiques financières suspectes impliquant des investissements douteux et des transferts de fonds réalisés par cette société. C’est dans le cadre de cette affaire Optimum Invest que Riad Salamé a été incarcéré. Les accusations portées contre lui incluent la mauvaise gestion de fonds publics et des manœuvres illégales visant à favoriser certains investisseurs tout en masquant ses intérêts personnels.
L’incarcération de Salamé dans le cadre de Optimum Invest marque une nouvelle étape dans les enquêtes judiciaires qui visent l’ancien gouverneur de la Banque centrale. Cette affaire est considérée comme un autre symbole de la corruption généralisée qui a affecté les institutions financières libanaises.
Poursuites internationales :
Outre les enquêtes menées au Liban, des procédures sont en cours dans plusieurs pays européens, notamment en France, où Riad Salamé et ses proches sont accusés de posséder des biens mal acquis. Les autorités françaises ont déjà gelé des actifs liés à Salamé dans le cadre de l’affaire Forry Associate, et l’enquête continue de progresser sur le continent.
Le Liban traverse une crise économique et financière sans précédent, largement attribuée à des décennies de mauvaise gestion et de corruption. L’incapacité des autorités à mener des réformes significatives et à tenir les responsables pour compte a exacerbé la situation. Les affaires judiciaires impliquant des figures influentes comme Riad Salamé, qui a dirigé la Banque du Liban pendant près de trois décennies, sont devenues emblématiques des abus et des dysfonctionnements systémiques. Tandis que le procès Forry Associate se poursuit, l’incarcération de Salamé dans le cadre de l’affaire Optimum Invest est un autre chapitre dans la lutte contre l’impunité au sein des élites libanaises.