Riad Salamé sur Al Hadath, 24 mai 2021

Alors que des enquêteurs européens devraient se rendre cette semaine au Liban, des sources des autorités libanaises font état de conséquences graves si la procédure concernant le gouverneur de la Banque du Liban dans le cadre d’accusations de détournements de fonds est obstruée. Cette information intervient alors que le département du Trésor des États Unis aurait confirmé ne plus tenir au maintien du gouverneur de la Banque du Liban à son poste mais se préoccuperait plutôt de l’identité de son successeur, même si pour l’heure, cette nomination ne pourrait se faire sans l’élection d’un nouveau président de la république. Les Etats-Unis souhaitent cependant que le 1er vice-gouverneur de la Banque du Liban, un proche de Nabih Berri, ne puisse assumer une période d’intérim.

Pour l’heure, le procureur de la république a noté que le gouverneur de la BdL ne fait pas parti des personnes convoquées par le juge libanais – Ziad Abu Haidar, un magistrat considéré comme proche du président de la chambre – dans le cadre des procédures en cours.

Des sources proches du dossier libanais estiment ainsi que les excuses des médias proches des banques et de leurs intérêts qui font état de pressions politiques pour accélérer l’étude du dossier du gouverneur de la BdL et d’une enquête partielle sont nulles et non avenues notant que l’enquêtrice française qui sera présence au Liban s’était fait connaitre par les poursuites dans le cadre d’un autre dossier qu’elle avait entamé à l’encontre de l’ancien président de la république française Nicolas Sarkozy. Celle-ci serait donc immunisée de toute pression politique visant à influencer les procédures en cours.

Il a cependant souligné que le Liban n’a pas d’autre choix que coopérer en raison de son adhésion en 2003 à une convention des Nations Unies dans le cadre de la lutte contre la corruption. “Les mesures prises concernant la visite de la délégation s’appliquent aux principes juridiques, et le ministère public a mis en place le mécanisme juridique approprié. Les délégations judiciaires qui viennent au Liban viennent de trois pays, la France, l’Allemagne et le Luxembourg, et il n’y a pas de délégation de Suisse. Nous avons prévu l’unification des procédures afin de ne pas notifier trois fois les personnes concernées, et il y aura une délégation unifiée et le travail sera réparti entre ses membres, et un calendrier et un plan d’action clair seront déterminés. 
Les interrogatoires auront lieu au Palais de Justice. Il a précisé que les personnes à interroger sont au nombre de 15, sans compter le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salameh.”

Les enquêteurs européens auraient déjà fait parvenir au Liban le souhait de voir être entendu les dirigeants des banques Audi, de la Bank Mes,, de la Banque Saradar, de la Banque Al Mawarid, du Crédit Liban et de la Banque Misr Lebnan dans le cadre de la procédure liée au dossier Forry dans lequel les les frères Salamé auraient perçu 330 millions de dollars de commissions douteuses de la Banque du Liban. Pour rappel, cette société appartient au frère de Riad Salamé, Raja Salamé et aurait ensuite transféré une partie de ces sommes au gouverneur lui-même ainsi qu’à d’autres proches.

Les enquêteurs européens souhaitent également voir être convoqués des responsables de la Banque du Liban ainsi qu’un propriétaire d’une société de courtage financier lié à Riad Salamé.

Les autorités libanaises craignent qu’en cas de refus ou de sanctions visant le gouverneur de la Banque du Liban, des avoirs outre que ceux de Riad Salamé, à savoir des avoirs de la Banque du Liban elle-même puissent être gelés en Europe.

Par ailleurs, au Liban même, les enquêtes contre le gouverneur sont pour l’heure toujours gelées en dépit des investigations menées par le juge Jean Tannous, et sur la base de l’article 13 du code de procédure pénale, ainsi que de la demande du procureur de la république de l’ouverture d’une action en justice. Cette procédure est gelée suite à un recours présenté par Riad Salamé et ses frères devant la cour de cassation, un recours similaire à celui présenté par les anciens ministres des finances Ali Khalil et des travaux publics Ghazi Zoaiter dans le cadre de l’enquête concernant l’explosion du port de Beyrouth, le ministre actuel des finances Youssef Khalil, un proche de Nabih Berri, refusant de signer les nominations visant à compléter cette cour de justice.

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