Le président de la république, le Général Michel Aoun, s’est exprimé à l’occasion du centième anniversaire de la proclamation du Grand Liban, lors d’un déjeuner en présence de son homologue français, Emmanuel Macron.

Le chef de l’État a ainsi rappelé les liens qui unissent la France et le Liban, citant les paroles du Général Henri Eugène Gouraud qui avait proclamé le Grand Liban depuis le perron du palais des Pins. Le général a également rappelé les défis auxquels le Liban fait actuellement face, et l’espoir surtout que le nouveau gouvernement pourra oeuvrer afin d’améliorer les conditions de la population libanaise.

Cependant, le chef de l’État a surtout évoqué sa dernière proposition de voir un dialogue national s’intaurer afin de transformer le Liban en un état laïc. Il s’agit donc de mettre en place les amendements constitutionnels nécessaires, non plus seulement économiques mais également politiques afin de renforcer les structures de l’État et ainsi éviter les crises qui l’ont tant de fois secoué ces 100 dernières années.

Le discours du Président de la République

Monsieur le Président de la République Française, cher ami

Bienvenue au Liban ! Bienvenue parmi nous en cette occasion qui est si chère à nos cœurs. Votre présence à nos côtés, tout comme celle de la délégation qui vous accompagne, écrivent un chapitre de plus dans l’histoire particulière qui lie nos pays et nos peuples.

La proclamation du Grand Liban nous réunit aujourd’hui. Cent années sont passées depuis cette date du 1 septembre 1920 où, sur le perron de la Résidence des Pins à Beyrouth, le Général Henri Gouraud a déclaré : « C’est en partageant votre joie et votre fierté que je proclame solennellement le Grand-Liban et qu’au nom du gouvernement de la République Française, je le salue dans sa grandeur et sa force, du Nahr El-Kebir aux portes de la Palestine et aux crêtes de l’Anti-Liban ».

Même si la célébration de ce moment historique est aujourd’hui réduite à sa plus simple expression, l’émotion est là. D’autant plus vive que le Liban traverse actuellement une période de grande souffrance occasionnée par un effondrement économique et financier, une crise sanitaire du Covid-19 et une tragédie sans précédent avec l’explosion du port de Beyrouth.

Monsieur Le Président,
Mesdames, Messieurs,

Devant un tel acharnement deux possibilités : baisser les bras ou garder espoir. Notre histoire nous a appris à nous relever, rebâtir et regarder vers l’avenir. Aujourd’hui, le passé rempli d’épreuves nous interpelle et il nous faut apprendre des erreurs commises pour ne pas les répéter.

Les Frontières du Liban sont les frontières de la liberté dans cet Orient ! Notre Liban est Grand par son pluralisme, sa créativité, sa tolérance, sa générosité et son esprit d’ouverture. Voilà pourquoi le Saint Jean-Paul 2 y a vu un message et non une simple nation. Notre mission à tous est d’aider à persévérer ce message.

L’espoir repose à présent sur la formation d’un nouveau gouvernement capable de lancer les réformes nécessaires afin de sortir le pays de la crise actuelle. L’espoir c’est surtout de faire de nos souffrances un tremplin pour devenir un État laïc où la compétence est la norme et la loi le garant de l’égalité des droits. Pour cela je me suis engagé à appeler à un dialogue national afin d’arriver à une formule acceptable par tous.

Que ce premier septembre 2020 soit le début d’un nouveau Liban où le citoyen est roi et non les chefs confessionnels. Un État moderne qui puisse répondre aux attentes du peuple et aux aspirations de nos jeunes qui sont l’avenir du pays.

Vive la France, Vive le Liban !

Michel Aoun, Président de la République Libanaise