Confronté à une pénurie du dollar, le syndicat des importateurs de fournitures médicales dénoncent à la fois les banques libanaises et la Banque du Liban, accusées de ne pas fournir les devises étrangères nécessaires à leurs fournitures aux hôpitaux.

Le Syndicat rappelle que le décret 13152 pris par la Banque Centrale octroyant la fourniture via les banques privées par la BDL de 85% des sommes nécessaires à un taux de parité officiel de 1507 LL/USD au lieu de 50% comme à l’origine prévu par la circulaire 530 à ces achats est aujourd’hui bloqué. Pour rappel, le Liban traverse actuellement une grave crise économique dont l’ampleur a été révélée suite à une pénurie de devises étrangères dès le début de l’été. Ainsi confrontés à l’absence de liquidité en dollars, plusieurs secteurs d’activité ont dû faire appel aux services de changeurs à des taux plus importants que le taux officiel.
Face à la crise, la banque du Liban avait pourtant adopté au mois d’octobre, la circulaire 530 garantissant les 50% des sommes nécessaires aux achats de produits de première nécessité – blé, essence et médicaments – sur ces fonds. Cependant, cette décision semble être aujourd’hui inappliquée, estiment plusieurs syndicats. Par ailleurs, le taux de parité officieux de la livre libanaise a atteint cette semaine, le taux de 2 400 LL/USD.

Par ailleurs, face à cette crise de liquidité, l’association des Banques du Liban (ABL) et non les autorités, a décidé de mettre en place un contrôle des capitaux dès le 1er novembre, officiellement pour éviter un effondrement du système bancaire. Cependant, d’importantes sommes auraient été transférées par ces établissements en dépit des mesures interdisant le transfert d’argent à l’étranger sauf cas exceptionnels.

En cause, plusieurs obstacles dont la décision des banques libanaises de suspendre et de réduisant les facilités bancaires, le refus de la majorité des banques à mettre en pratique cette circulaire, citant un manque de confiance vis-à-vis de la Banque du Liban qui n’aurait pas honoré ses promesses vis-à-vis celles ou encore le fait que certaines banques exigeraient également le gel de montants identiques à celles de ces transferts.

La Banque du Liban est également accusée de retarder les transactions du matériel médical, liant ces achats à des produits non médicaux.

Par ailleurs, la majorité des hôpitaux libanais, également confrontés, à la crise économique, n’auraient pas honoré certains paiement du matériel depuis 1 an et demi. Ainsi, certains d’entre eux souhaiteraient le paiement de leurs arriérés en livre libanaise au taux officiel et non en devises étrangères.

Aussi, les notes accordées par les agences de notation internationales aux émissions obligataires libanaises impactent les facilités de paiement auprès des fabricants des matériels et médicaux, entrainant la réduction et voire la suspension des facilités de crédits.

Suite à ce constat, le syndicat des importateurs appelle les hôpitaux à régler le plus rapidement leurs dettes dans la même devise que celle d’origine. Ils exigent également le paiement du matériel directement à la livraison et refusent cette livraison tant qu’il y a des impayés antérieurs. Le syndicat indique qu’ils n’offriront plus aux hôpitaux des facilités à long terme sur les nouvelles commandes, estimant nécessaire la réduction des dettes qui leurs sont dûes.

Les importateurs appellent également la Banque du Liban et les Banques libanaises à respecter leurs engagements avant de souligner que certains hôpitaux et établissements bancaires tentent actuellement de trouver une solution face à ces problèmes, soulignant la responsabilité de chacun face à ce qui est décrit comme étant une catastrophe sanitaire de grande ampleur.

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