L'entrée principale de la Banque du Liban (BDL) Crédit Photo: Libnanews.com, tous droits réservés
L'entrée principale de la Banque du Liban (BDL) Crédit Photo: Libnanews.com, tous droits réservés

On a vu aujourd’hui certaines personnes semblant exonérer les employés de banque de toute responsabilité, surtout actuellement, jusqu’à les considérer comme victimes elles-aussi de la situation notamment lors des fameuses prises d’otage de succursales d’établissement bancaire mais cette responsabilité parait tout de même évidente pour des raisons légales.  

Nul doute que la responsabilité des banques est posée aujourd’hui en tant qu’entité morale mais aussi de leurs dirigeants et de leurs actionnaires qui ont longtemps bénéficié de la confiance mal placée des déposants. Nul doute aussi qu’ils ont bénéficié durant des années d’importants intérêts et nul doute en plus que 43% des actions appartiennent à des hommes politiques qui ont participé à l’endettement de l’état sans un retour sur investissement pour celui-ci au moins égal au service de la dette publique, déclenchant ce cycle infernal, mais en ayant bénéficié durant de nombreuses années d’importants dividendes liés à cette dette publique. 
Nul doute aussi que les dirigeants de banque, leurs actionnaires qui contrôlent en réalité l’état ont saboté durant ces 3 dernières années les différentes étapes qui auraient pu amener à la conclusion rapide des négociations avec le FMI, aggravant encore plus la crise financière que nous vivons jusqu’à en faire l’une des plus graves crises depuis la moitié du XIXème siècle selon la Banque Mondiale.

Cependant, pour ceux qui pleurent pour les employés de banque pris en otage, ils ont aussi une part de responsabilité qu’il ne faut pas sous-estimer. 

Des employés envoyés à l’étranger pour démarcher des clients sans connaissances des textes et lois locales

La question de la responsabilité de ces employés est d’autant plus posée pour ceux qui effectuaient des démarchages à l’étranger – illégaux faute de licence généralement dans ces pays et on a découvert dernièrement que même par exemple la BdL elle-même exerçait des activités financières en France de manière illicite parce que sans licence – à l’étranger pour tenter de convaincre des libanais de virer leurs fonds au Liban même, notamment en utilisant l’argument de forts taux d’intérêts et d’une livre libanaise stable à 1507 LL/USD jusqu’à la catastrophe actuelle. Ces investissements aujourd’hui sont largement perdus.

Cette responsabilité est d’autant plus grave que de nombreux pays dans lesquelles ces démarchages étaient effectués, comme la France, imposent les acteurs financiers à transmettre des documents concernant les risques inclus dans ces investissements, comme ceux à l’image de l’Autorité des Marchés Financiers en France qui stipule clairement: 

“Avant d’investir dans un placement financier, il est important de bien comprendre la nature et les caractéristiques du produit. Pour cela, votre intermédiaire financier doit vous fournir certains documents afin que vous puissiez faire votre choix. Le DIC est le document à lire en priorité.”

https://www.amf-france.org/fr/actualites-publications/publications/guides/guides-epargnants/comprendre-le-document-dinformations-cles-dic

Le texte en question stipule clairement l’obligation faite à ces employés de transmettre de tels documents ou fiches de risque, ce qui n’a pas été fait puisque ces mêmes employés n’évoquaient pas le risque souverain induit par l’endettement public ni même l’exposition de la Banque du Liban, des secrets de polichinelles. Ils jetaient ainsi de la poudre de perlimpinpin du haut de forts d’intérêts aux investisseurs potentiels profitant évidemment de leur crédulité, sans évoquer les possibles et probables, inévitables mêmes pertes liées à un schéma Ponzi.

Mais au Liban aussi, le personnel des banques faisait l’impasse sur l’information à la clientèle

Au-delà du cadre des démarchages à l’étranger, de telles législations doivent forcément exister au Liban même mais il semble que les employés de banque locale ne soient pas formés pour comprendre le risque légal auxquels ils étaient exposés et donc la question de leur compétence par rapport à leur ignorance s’impose au grand damn de certaines personnes. 

Cela est d’autant plus vrai par exemple dans le cas des Eurobonds qui étaient côtés sur les marchés mondiaux et notamment londoniens. De tels documents existent par conséquent et auraient dû être proposés même au Liban aux clients résidant au pays des cèdres. Des textes similaires doivent également exister en dépit de nombreux manques.

Que stipulent ces fiches de risque?

Ces documents comportent plusieurs volets, toujours en prenant ceux de l’AMF comme référence: 

“un indicateur de risque : construit sur une échelle de 1 (le moins risqué) à 7 (le plus risqué), il est réalisé en combinant le risque de marché (la baisse de la valeur des investissements) avec le risque de crédit (la possibilité que l’établissement ne puisse pas rembourser),
la perte maximale de capital possible,
quatre scénarios de performances : un scénario “de tensions” (très défavorable) et des scénarios défavorable, intermédiaire et favorable.”

Evidemment aucune de ces informations n’était transmise aux investisseurs et aux déposants, ce qui constitue une illégalité commise par les employés en question puisqu’ils réalisaient par conséquent des opérations pour le compte de déposants aveuglés par rapport à la réalité et aux risques de celles-ci. Les risques eux-même notamment dans le cas des eurobonds étaient pourtant connus puisqu’ils étaient même côtés sur des bourses étrangères comme à Londres, tout comme les obligations de certaines banques libanaises avant leurs retraits. Certaines informations étaient même totalement publiques comme les rapports des agences de notation qu’il fallait expliquer au minimum afin que les déposants puissent comprendre la notion de risque.

La question de la responsabilité des employés de banque se pose par conséquent

La question de la responsabilité de chacun est posée, que cela soit du gouvernement, de la Banque du Liban, des banques et de leurs dirigeants et employés souvent incompétents mais aussi des déposants qui ne réclamaient pas ces documents pourtant nécessaires par méconnaissance. 

Le plus triste aujourd’hui est de voir cependant la souffrance d’une population mal informée, et on retombe sur le fameux cadre du problème de désinformation financière qui ne l’exonère pas totalement mais qui lui accorde des circonstances atténuantes parce qu’elle avait confiance en un système financier considéré comme résilient alors qu’il ne l’état pas et qui confrontée aujourd’hui à la misère – 82% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté contre un tiers il y a à peine 3 ans – et au manque de médicaments y compris pour des personnes souffrant de maladies graves alors que ces établissements continuent à faire sourde oreille à cette souffrance et refusent d’assumer et de montrer de l’empathie à toute échelle, banque comme entité morale, dirigeants, actionnaires et employés … 

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