Le Président de la Middle East Airlines Mohammed Hout a indiqué que la compagnie aérienne cessera prochainement d’accepter le paiement en dollars locaux pour n’accepter que ceux en dollars dits frais, indique le Financial Time.

Mohammed Hout, par ailleurs proche du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, aurait ainsi indiqué qu’il ne peut transférer les dollars possédés par la compagnie aérienne en dehors du Liban ou les utiliser et ainsi financer les opérations de la compagnie aérienne.

Pour rappel, depuis l’instauration d’un contrôle informel des capitaux, 2 sortes de dollars sont apparus au Liban, d’une part les dollars dits locaux qui représentent les sommes en devises étrangères qui se trouvaient préalablement dans les banques libanaises et les dollars dits frais ou fresh dollars, qui ont été transférés après la mise en place d’un contrôle des capitaux.

L’annonce d’un rejet total du paiement en dollars locaux pourrait amener de nombreux libanais à ne plus pouvoir se rendre à l’étranger, à moins d’acheter ces désormais précieuses devises au marché noir. La dégradation de la parité de la livre libanaise par rapport au dollar pourrait même s’accentuer prochainement en raison d’une hausse importante de la demande jusque là modérée par le programme de subvention de la Banque du Liban. Ce programme devrait cependant s’achever d’ici 2 mois, faute de réserves monétaires disponibles.

La compagnie aérienne devrait être ainsi impactée directement par la fin du programme de subvention à l’achat des produits de première nécessité dont le kérosène alors que certaines sources internationales s’interrogent justement sur les commandes en carburants les années précédentes qui dépassaient par 2 fois les besoins de la compagnie aérienne.

Pour l’heure, si le taux officiel de la livre face au dollar est unilatéralement proclamé par la BdL à hauteur de 1500 LL/USD, la parité au marché noir dépasse désormais le seuil symbolique des 8 000 LL/USD.

Cependant, cette décision de la MEA, filiale par ailleurs de la Banque du Liban, pose également d’autres questions comme celle de savoir si la Banque du Liban n’essaye pas ainsi de renforcer la pression de la demande face à une offre réduite et ainsi participer à la dégradation de la valeur de la livre libanaise face au dollar alors que le gouverneur de la BdL Riad Salamé est visé par de nombreuses critiques après son refus de transmettre les documents nécessaires à l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban.

Par ailleurs, d’autres interrogations concernent également la valeur des dépôts en devise étrangère présents au sein des banques privées dont une grande partie a été transféré en livre libanaise par ces établissements pensant ainsi bénéficier des opérations d’ingénierie bancaire menée par la Banque du Liban. Désormais, les banques libanaises sont en grande majorité insolvables, notent les économistes qui soulignent que les établissements pourraient être ainsi empêchés de permettre à leurs clientèles de bénéficier des devises étrangères à moins de les transférer préalablement en livre libanaise au taux officiel, comme l’évoquent certaines sources officieuses.

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