Dans une situation d’hyperinflation, de forte récession et donc de stagflation aigüe, la monnaie nationale ne tient plus son rôle de maintien de valeur. Elle devient un papier « monopoly » qui n’a plus de valeur et donc aucun intérêt. La perte est totale pour l’Etat qui facture à un taux de change fixe très bas par rapport au marché et qui perd donc de la valeur, pour les salariés dont le salaire s’est divisé par 10, pour les entreprises libanaises qui ont vu leur volume d’affaires divisé par au moins 2 avec plein de faillites dues à de grosses pertes , la demande globale ayant diminué drastiquement faute d’argent, faute de paiement des dépôts à leur juste valeur, faute de crédits. La faillite de l’Etat et la continuité permanente de sa mauvaise gestion par les politiciens passés et actuels, à travers des déficits budgétaires, ne  peuvent que créer les conditions d’un financement de ces déficits par l’impression de monnaie et donc par de l’inflation. Le financement par la dette et les emprunts ayant été arrêtés à cause du refus des politiciens de faire les réformes nécessaires et ce depuis plus de 20 ans depuis que les prêts furent accordés au Liban via Paris 1, 2, 3, et 4.

Les prêteurs ne prêtent plus à un Etat où le contrôle financier n’existe plus depuis plus de 30 ans, où les trous budgétaires sont mirobolants, où les responsables politiques  créent des pertes pour l’EDL alors que l’EDL ne produit presque plus d’électricité, ce qui suppose une révision des théories mathématiques…car comment justifier des pertes aussi grandes alors que la production diminue ?? et comment justifier plus de 26 ,2 milliards de dollars de facturation électriques alors que le cout d’une nouvelles usine pour le Liban se monterait à 800 millions de USD donnant l’électricité 24h sur 24h sur plus de 30 ans ? Où il n’existe aucun esprit de restructuration de l’Etat….bref ou tout est fait pour détruire cet Etat !!

Avoir une monnaie en hyperinflation amène à forcer un financement en fresh dollars de l’étranger par des virements de ceux qui ont la chance d’avoir des comptes à l’étranger ce qui se compte sur les doigts d’une main pour des businessmen internationaux ou quelques politiciens , par des emprunts pour ceux qui restent ou par forcer les départs de ceux qui souhaitent avoir un salaire décent. 

Les crédits à l’économie cessent de fait, car qui prêterait dans une monnaie dont on sait à l’avance qu’elle va se dévaluer ? Les crédits s’arrêtant l’économie s’arrête avec : Plus d’investissements, appauvrissement généralisé et paupérisation à outrance, désertification des employés et des fonctionnaires…

La dollarisation en fresh dollars de toute l’économie, suppose « logiquement » que les employés puissent aussi être payés en fresh dollars aussi. Pourquoi les patrons et actionnaires seraient –ils payés en fresh dollars et les employés non ? Pourquoi cette sauvagerie capitalistique ? Comme aurait pu le penser Karl Marx et peut être des keynésiens : Les patrons exploiteraient au maximum possible les employés avec une fausse monnaie hyper inflationniste afin d’augmenter leur profit. Mais l’effet boomerang est que la demande globale diminue et que plus personne n’achète quoi que ce soit à part quelques privilégiés.  La demande globale diminuant, les volumes diminuent ainsi que les profits au détriment des entreprises elles-mêmes qui se dirigent vers la faillite tôt ou tard  !! Sommes-nous en présence de la théorie marxiste de la valeur et de la baisse tendancielle des taux de profits ?

Comme disait Marx ainsi que Lénine : les capitalistes scient la corde sur laquelle ils sont assis.

Il est temps donc de stabiliser l’économie libanaise en acceptant les paiements en USD fresh. En acceptant de payer les salaires de manière  adéquate en dollars fresh pour au moins la moitié de la valeur en dollars d’avant crise et ainsi faire remonter la demande globale dans l’économie et relancer ainsi l’économie. Sans salaires et sans crédits l’économie ne peut fonctionner.

Bien sûr cela suppose un contrôle financier et une restructuration de l’Etat. A quoi sert de garder 300 000 fonctionnaires qui de toute façon ne viennent plus à leur travail et à qui l’on paye un salaire divisé par 10 ? Juste pour les beaux yeux de quelques zaims qui veulent faire croire à leurs ouailles qui leur ont trouvé du travail au sein de l’Etat et que donc que ces mêmes ouailles  doivent à leur zaim vote et revotent ainsi que l’obéissance? 

La dollarisation de l’économie est faite depuis longtemps, elle date des années 80 depuis la première inflation de 1984 à 1993.  Il ne reste plus que la dollarisation des salaires et la dollarisation des crédits à l’économie. Ainsi toute l’économie reprendra et tout le monde sera gagnant.

Quant à l’Etat, il est temps de parler de sa restructuration comme les prêteurs d’argent l’ont demandé depuis longtemps et que les politiciens emprunteurs cessent de considérer les partages de gâteaux qui gâteaux n’existent même plus !! 

Il est temps aussi d’arrêter les demandes de commissions des politiciens, ce qui arrête systématiquement tous les projets. Les investisseurs ne veulent plus donner des commissions sinon ils n’investissent plus et le pays s’écroule. Il est temps que nos politiciens comprennent ce phénomène, et commencent à voir un peu non pas l’intérêt de leurs poches mais celui de la nation comme entité entière. 

Rien n’empêche l’Etat de faire son budget en dollars fresh, comme toute entreprise, de payer ses fonctionnaires en dollars fresh pourvu qu’il  diminue les fonctionnaires dans tous les ministères à leur strict minimum, d’avoir une fiscalité en dollars fresh plus adéquate pour elle et pour la reconstruction économique et financière du pays.  Il est temps de stopper la mascarade de la Livre Libanaise et de la moquerie sur les salariés qui aboutit à la destruction économique et financière de tout le monde, de l’Etat, des banques, des entreprises, et des salariés, destruction que nous vivons depuis déjà plusieurs années et dont nous ne comprenons toujours pas les principes économiques de son origine et de ses pertes. Il est temps qu’un audit de l’Etat se fasse ainsi que de toutes les banques avec la Banque Centrale afin de connaitre avec exactitude les pertes et de les partager entre l’Etat, la Banque Centrale et les banques. Les déposants n’ont pas à payer les erreurs de leurs banquiers dans leurs investissements auprès de la Banque Centrale, ni celle de la BDL dans son financement de l’Etat, ni celle de l’Etat dans ses déficits budgétaires successifs et son manque de contrôle financier.

Avec une monnaie en dollars relativement stable, malgré une  inflation actuelle en dollars , elle reste dans sa stabilité en valeur bien supérieure à la Livre Libanaise et permet donc un relancement de l’économie et des finances du pays. Quand la restructuration de l’Etat sera acceptée et faite, ainsi que celle de la BDL et des banques sans compter celle des entreprises, alors la monnaie libanaise pourrait être réintroduite dans un climat de renouveau de confiance, mais pas avant, et pas dans un climat de non-confiance due à des corruptions du plus haut niveau de l’Etat au plus bas niveau. Sur ce point une restructuration éthique reste à faire avec l’élimination des commissions et des surfacturations qui commissions et surfacturations se font au détriment de l’Etat et donc de tout le monde, car l’Etat ce n’est pas les politiciens…mais le peuple tout entier, si l’Etat fait faillite c’est le peuple tout entier qui fait faillite !! C’est ce que les libanais n’ont jamais compris. La restructuration éthique passe nécessairement par la fin de l’immunité juridique des politiciens et l’arrêt de la destruction et de la trahison de leur pays tout en restant au-dessus des lois. Cette fin de l’immunité juridique devrait être accompagnée de la fin du secret bancaire pour les politiciens et les hauts fonctionnaires de l’Etat. A partir de là une restructuration de la constitution serait nécessaire afin d’appliquer les principes d’indépendances et de séparations des pouvoirs au maximum possible, surtout celle de la justice par rapport aux politiciens et aux banquiers, sans compter le principe de séparation de la conception des projets (qui devrait être faite par un syndicat de compétences), de l’exécution des projets conçus par le syndicat de compétence par le gouvernement, et enfin par le contrôle financier et l’audit interne et externe de l’Etat, contrôles qui devraient être aussi indépendants  et  à mettre en place. 

Quant aux députés, ils doivent reprendre leur fonction de contrôle de l’action du gouvernement arrêté depuis 30 ans. Ce n’est plus à eux de choisir le 1er ministre ni les ministres, ni le président de la république, c’est une aberration sinon le contrôle institutionnel ne fonctionne plus, car on ne peut se contrôler soi-même et aucun contrôle ne peut fonctionner avec cette confusion et ces mélanges de fonctions. Le président de la république devrait être choisi par le peuple, selon une vision et un programme clair à surveiller et planifier,  et non par l’Assemblée des députés,  cela peut se faire par un vote à 2 tours, et le président doit nommer son 1er ministre qui lui choisit ses ministres. Bien sûr, aucun mélange entre le religieux et le politique ne devrait se faire et le confessionnalisme politique devrait être aboli. Il est clair que c’est la compétence et l’honnêteté qui priment et non la confession religieuse. Tous les libanais souhaitent un président compétent et honnête, et ce quel que soit sa confession religieuse ou sa foi. Avoir un président maronite ou de n’importe quelle confession qui soit  incompétent ou malhonnête n’est plus une solution. Pareil pour le 1er ministre et les ministres du gouvernement, et pour le président de la chambre. Aucune fonction de l’Etat n’appartient à quelqu’un ou à une confession religieuse et l’Etat n’appartient ni aux politiciens ni aux religieux, mais au peuple libanais dans son ensemble. Il est temps de changer la constitution à cet effet. 

Bernard Raymond Jabre
Bernard Raymond Jabre, Etudes scolaires à Jamhour puis à l’Ecole Gerson à Paris, continua ses études d’économie et de gestion licence et maitrise à Paris -Dauphine où il se spécialise dans le Master « Marchés Financiers Internationaux et Gestion des Risques » de l’Université de Paris - Dauphine 1989. Par la suite , Il se spécialise dans la gestion des risques des dérivés des marchés actions notamment dans les obligations convertibles en actions et le marché des options chez Morgan Stanley Londres 1988 , et à la société de Bourse Fauchier- Magnan - Paris 1989 à 1991, puis il revint au Liban en 1992 pour aider à reconstruire l’affaire familiale la Brasserie Almaza qu’il dirigea 11 ans , puis il fonda en 2003 une société de gestion Aleph Asset Management dont il est actionnaire à 100% analyste et gérant de portefeuille , de trésorerie et de risques financiers internationaux jusqu’à nos jours.

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