Une dépêche de l’ANI indique que 4 avocats libanais Khalil Qabbani, Rami Itani, Mohammad Doughan et Sana al-Rifai ont décidé de porter plainte devant le procureur public de la cour de cassation, le 5 octobre dernier, contre le Magazine The Economist, qui, dans sa dernière édition, a consacré un article intitulé “Broke in Beirut: A long-feared currency crisis has begun to bite in Lebanon”, consacré à la crise économique que traverse le Liban.

Ces derniers accusent la publication de nuire à la réputation du Liban, porte atteinte au drapeau national et au cèdre, puisqu’illustré avec un dessin représentant le drapeau avec le cèdre qui tombe. Ils demandent par conséquent, l’interdiction de circulation de ce numéro d’octobre.

Cet article est consacré à la crise économique, à la pénurie de dollars et à la mise en place d’un taux de change non officiel qui serait, selon lui, mis sur pied actuellement.

L’article dresse une rétrospective cruelle pour l’économie libanaise et les conséquences de la crise notamment au niveau bancaire avec une accusation de pénurie organisée de dollars américains, qui obligent les entreprises à recourir aux marchés alternatifs pour continuer à fonctionner, ainsi que l’absence de croissance économique actuelle et des secteurs en crise comme le secteur de l’immobilier.

Banks have quietly lowered withdrawal limits to $1,000 a day and imposed arbitrary rules, like banning dollar transactions after 5pm and on weekends, that in effect bar workers from using their accounts.
Businesses are forced into a black market, where a dollar now fetches 1,600 pounds, and occasionally up to 1,750.
The government insists the situation is under control.
The value of such reassurances is depreciating almost as fast as the pound.

Les banques ont discrètement abaissé les limites de retrait à 1 000 dollars par jour et imposé des règles arbitraires, telles que l’interdiction des transactions en dollars après 17 heures et les week-ends, interdisant en fait aux travailleurs d’utiliser leurs comptes. Les entreprises sont forcées de recourir à un marché noir, où un dollar atteint désormais 1 600 livres et jusqu’à 1 750 livres. Le gouvernement insiste sur le fait que la situation est sous contrôle. La valeur de telles assurances se déprécie presque aussi vite que la livre sterling.

The Economist estime également que les dernières mesures de la Banque du Liban visant à instaurer un mécanisme dédié aux importateurs de farine, d’essence et de médicaments met en place un taux de change parallèle.

The Economist note également la diminution du cash inflow au sein des banques libanaises et de l’augmentation des dépôts de ces dernières à la Banque Centrale, en raison des importants taux accordés par cette dernière. Il s’agirait de la preuve, selon le magazine, que la Banque du Liban ne serait pas aussi bien placée que ce que disent les autorités officiels pour défendre la Livre Libanaise. Elle note également que les banques privées, souvent contrôlées par des hommes politiques ou leurs proches, ont longtemps bénéficié de ces arrangements avec l’institution publique.

Aujourd’hui, note The Economist, en dépit de taux importants, de l’ordre de 20%, l’économie libanaise ne semble plus être guère attractive.

Le Liban nécessite désormais, toujours selon l’article, une croissance importante et un déficit public moins important. Il note également que la relative embellie des déficits serait due au non paiement, de l’ordre de 46%, de la part de l’état de certaines sommes dues aux entrepreneurs, chose déjà soulignée par un autre média spécialisé en économie, Bloomberg.

The Economist indique cependant que la situation semble être moins dramatique qu’il n’y parait avec déjà quelques améliorations et notamment l’aide des pays de la péninsule arabique, ou de la mise en route pour CEDRE. Cependant, les circonstances régionales, dont le bras de fer entre Pays Arabes et Iran, ou encore les incertitudes concernant le plan de réforme nécessaire au déblocage de CEDRE rendent les marges de manoeuvres des autorités publiques moins conséquentes. Il existe aussi de nombreuses difficultés pour l’état de trouver des sources de financement à l’étranger en raison en raison de la dégradation des notes des obligations libanaises par Fitch et Moody’s.

Pour rappel, le bureau de la Présidence de la République avait rappelé, la semaine dernière qu’il existe des articles du code pénal qui permettent de poursuivre toute personne ou tout organisme menaçant la stabilité de l’économie et nuisant à la monnaie nationale.

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