Il a 2 ans, le parti des banques prenait le contrôle de la justice libanaise

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Il y a 2 ans, le procureur financier Ali Ibrahim gelait les avoirs des banques et de leurs dirigeants qui ont transféré des fonds importants à l’étranger en dépit du contrôle informel des capitaux, estimant les faits graves et soulignant “les sérieuses violations des droits des déposants“.

Cette décision avait alors été annulée le même jour par le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, après que les banques aient fait pression sur lui en menaçant d’une grève générale. Il s’agissait alors là d’un tournant et d’une démonstration d’un rapport de force dans lequel, la justice et même l’intérêt de la population passait au 2ème plan des interêts de personnes plus puissantes que l’état.

Ces 2 articles démontrent la relation quasi-incestueuse entre certains intérêts politico-judiciaires et les banques, jusqu’à aujourd’hui où on doit reconnaitre la réalité du parti des banques qui va au-delà des partis politiques traditionnels. Malheureusement, la mémoire collective est courte.

Ce parti des banques est présent, outre au sein de l’appareil judiciaire, au sein de tous les pôles d’importance: gouvernement avec des actionnaires de banques, parlement, avec des actionnaires de banques, fonctionnaires de première catégorie avec le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé lui-même qui prend des décisions en faveur des actionnaires des banques et non des déposants depuis son arrivée à la tête de la banque centrale, services sécuritaires qui protègent le parti des banques, la justice avec le procureur Ghassan Oweidat, médias avec certains médias au service de ce parti des banques avec comme actionnaires des propriétaires de banques.

Alors que la situation économique se dégradait déjà normalement sans évoquer la guerre entre l’Ukraine et la Russie, ce parti des banques a réussi à gagner du temps et tente d’écarter toute menace qui le vise, à savoir prendre le contrôle des négociations avec le FMI écartant ainsi le gouvernement Hassan Diab puisqu’il prévoit de mettre à charge des déposants les pertes du secteur financier et non d’en prendre les responsabilités et c’est ainsi que s’est constitué le gouvernement Mikati III, à écarter les juges qui enquêtent sur ces dossiers, comme il a déjà écarté le procureur financier dont on ne parle même plus puisqu’il vise les juges Ghada Aoun et Jean Tannous, et tout service sécuritaire qu’il accuse d’oeuvrer non pas pour la justice réelle mais pour des objectifs politiques.

C’est cela le véritable combat qui se joue actuellement et que certains tentent de maquiller sous couvert d’excuses diverses, confessionnelles, sectaires ou autre.

La meilleure manière pour eux d’écarter le risque de voir révéler au grand jour leurs magouilles est justement de suivre l’adage: qui veut tuer son chien, l’accuse d’avoir la rage.

Ce que tente aujourd’hui de faire ces intérêts convergents est à voir avec les prochaines élections législatives. Ils n’avaient pas prévu qu’à l’étranger, des poursuites judiciaires de systèmes qu’ils ne contrôlent au final pas comme en France, en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne, comme l’illustrent les affaires visant le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et aux côtés duquel se trouvent être nommés des établissements locaux et leurs dirigeants, puissent avoir lieu et ainsi menacer et même geler leurs avoirs.

Face à ce risque, ils reviennent au pays et sous couvert des élections législatives, tentent d’une part de gagner du temps avec l’injection de fonds pour stabiliser temporairement la Livre Libanaise le temps du scrutin et d’autre part de s’offrir une immunité. Certains dirigeants de banques poussent désormais le vice jusqu’à se présenter devant les électeurs.

La crise en Ukraine aujourd’hui ne facilite pas les choses, non pas pour eux mais pour la population. Privée de son épargne à cause de ces malversations, elle devra faire face à des choix difficiles alors que dans le monde aussi la situation économique n’est pas rose.

Elle sera d’autant plus dure au Liban avec les hausses prévisibles des prix des carburants et même des matières alimentaires et les pénuries liées qui pourraient ainsi se multiplier sur le plan sanitaire, alimentaire, etc…

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