À l’instar du Concerto pathétique de Franz Liszt qui est une œuvre musicale pour deux pianos, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, les ténors de la droite républicaine française, ont composé une partition législative pour deux groupes minoritaires à l’Assemblée nationale, intitulée le pacte législatif. Treize textes pour s’inscrire dans le camp présidentiel et le contre-ut, note la plus haute de l’extrême centre…
En réalité, ce pacte législatif s’apparente plutôt à une fugue politique exploitant les renversements et les marches à reculons. Sans nul doute, Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez et leurs notables sans électorat populaire, vont devenir la béquille du Macronisme, dès lors que l’Assemblée nationale est confrontée à une relation hautement instable.
À qui la faute ?
Les équilibres institutionnels ont été rompus par une dissolution invraisemblable, voire insensée. Selon les dires du journal Le Monde, le Président de la République a « balancé une grenade dégoupillée » dans le champ politique français. Désormais, point de clarification, mais une situation brumeuse, disons plutôt conflictuelle.
Une question se pose : comment Emmanuel Macron pourra-il exercer la fonction présidentielle en même temps que l’Assemblée nationale s’opposera à ses choix politiques ?
Entre une dette publique qui dépasse 3 100 Mds€, un déficit budgétaire constant, une criminalité en hausse, une paupérisation du milieu carcéral, le bradage de nos industries, la suppression des lits d’hôpitaux, les déserts médicaux, la privatisation de la Française des jeux, il est temps que le Président de la République cesse de jouer à Colin-maillard.
Avec la dissolution irresponsable de l’Assemblée nationale prise par le Président de la République, la France est désormais ingouvernable. Après la trêve olympique, nouveau point d’orgue de la vie politique française, les Français n’auront nullement besoin de promesses illusoires, et encore moins d’une guerre de clans entre d’une part le pouvoir exécutif et d’autre part le pouvoir législatif.
Cela étant dit, la Ve République n’a jamais été une démocratie du compromis. Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, estimait que le président de la République devrait démissionner “pour sortir du chaos”, si la majorité sortante était défaite aux élections législatives consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale.
Tôt ou tard, le Président de la République devra se démettre. Il en va de l’intérêt supérieur de la Nation française.
Henri Ramoneda