Le procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun
Le procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun

Le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, a indiqué avoir référé la procureur du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun devant l’Inspection Judiciaire après que celle-ci ait empêché le juge Samer Lichaa de retirer les sceaux judiciaires du bureau Mecattaf.

Elle aurait également informé le juge Samer Lichaa de la poursuite son enquête alors que ce dernier avait accepté la demande d’avocat de Michel Mecattaf, Alexandre Najjar, d’enlever les scellées de ses bureaux.

Pour rappel, le procureur de la république Ghassan Oueidat avait chargé en avril dernier le juge Samer Lichaa de prendre en charge les volets financiers de la procureur du Mont Liban après que la juge Ghada Aoun ait été écartée du dossier portant sur la manipulation du cours de la livre libanaise.

La magistrate avait déjà demandé, à plusieurs reprises depuis, d’entendre le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé lui-même dans le cadre de cette affaire, ce qu’il refuse

Le Conseil Supérieur de la Magistrature aurait également approuvé le transfert du dossier Mecattaf au procureur financier, le juge Ali Ibrahim. 

Celle-ci en dépit d’avoir été dessaisie du dossier à la demande du procureur Ghassan Oweidat, également proche du premier ministre désigné Saad Hariri comme le gouverneur de la Banque du Liban, avait alors perquisitionné à 2 reprises la semaine dernière, le bureau de Michel Mecattaf dans la localité de Awkar.

Une enquête débutée en mai 2020 suite à des manipulations du cours de la livre libanaise

Pour rappel, le directeur des opérations monétaires de la Banque du Liban Mazen Hamdan avait été arrêté en mai 2020 par les autorités judiciaires en compagnie de responsables du syndicat des agents de change qui avaient alors accusés le gouverneur de la Banque du Liban de complicité. Mazen Hamdan était alors accusé d’avoir mené des opérations pour le compte de la BDL retirant des dollars du marché au lieu d’en injecter pour tenter de faire baisser la pression sur la Livre Libanaise. Egalement, la directrice de la commission de contrôle bancaire, Maya Dabbagh a été mise en examen pour des motifs similaires dans ce même dossier. 

Le PDG de la SGBL Antoine Sehnaoui serait également impliqué dans cette affaire. 

Le gouverneur de la BdL en appelle au procureur de la république face aux menaces judiciaires

Cette information intervient alors que le gouverneur de la banque du Liban Riad Salamé aurait informé, le 7 avril 2021, le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, de la clôture des comptes de la Banque du Liban auprès de banques correspondantes étrangères, indiquait alors le journal Al Akhbar. Cette lettre a été transférée par le magistrat au Président de la République, le général Michel Aoun, au premier ministre sortant Hassan Diab et aux ministres sortants des finances Ghazi Wazni et de la Justice Marie Claude Najm. 

Selon le gouverneur de la Banque du Liban, ces décisions seraient motivées par l’état de défaut de paiement, les campagnes politiques visant la Banque du Liban et par “le Tollé judiciaire”, allusion aux accusations de détournement de fonds et de corruption visant Riad Salamé lui-même. 

Le quotidien libanais estime, dans son article, que le gouverneur de la banque du Liban tenterait ainsi d’échapper aux investigations de différents pays le visant, notamment après la publication d’information d’un groupe en Grande Bretagne l’accusant de corruption et de détournement de fonds avec la complicité de son frère Raja et de son bras-droit Marianne Hoayek ou encore à sa responsabilité dans la crise actuelle, en rappelant notamment qu’il est à l’origine de la politique monétaire suivie depuis des années.

Le juge Ghada Aoun se serait cependant rendue aux bureaux de la société Mecattaf à l’issue de cette réunion pour clore son dossier. 

Une affaire qui prend une tournure politique 

Le gouverneur de la Banque du Liban, considéré comme un proche de la famille Hariripuisque arrivé à la tête de la Banque Centrale en même temps que l’accession au poste de premier ministre de Rafic Hariri, père de Saad Hariri, en 1993, est très largement critiqué pour les opérations d’ingénierie financière conduites ces dernières années et qui auraient aggravé la crise financière actuelle. Il est également accusé par la justice suisse pour détournement de fonds publics. Celle-ci a d’ailleurs annoncé le gel de ses avoirs.

Pour rappel, la juge Ghada Aoun – considérée comme proche du Courant Patriotique Libre – enquêterait sur plusieurs dossiers sensibles mettant en cause un ancien premier ministre Nagib Mikati, des anciens ministres ou encore le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, également un proche de Saad Hariri.

Le procureur de la république avait déjà par le passé demandé au Conseil suprême de la magistrature des mesures disciplinaires suite à la mise en examen de l’ancien premier ministre Nagib Mikati à l’encontre à de la magistrate.

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