Des livres libanaises. Crédit Photo: François el Bacha pour Libnanews.com

La livre libanaise est repassée au-dessus du seuil des 25 000 LL/USD au marché noir, avec un taux de parité à l’achat de 25 200 LL/USD et à la vente de 25 300 LL/USD à l’heure où sont écrites ces lignes sur fond d’informations faisant état d’un possible refus ou de l’incapacité en raison de la diminution des réserves monétaires de la Banque du Liban de poursuivre l’injection des devises étrangères via sa plateforme Sayrafa afin de financer l’achat des produits de première nécessité, comme les carburants, le blé à destination de la fabrication du pain ou encore les médicaments.

Pour rappel, le quotidien Al Akhbar avait accusé le gouverneur de la Banque du Liban, dans son édition en date de ce jeudi 24 mars, d’avoir décidé de limiter l’apport de devises étrangères en représailles aux procédures judiciaires qui le visent localement mais aussi sur le plan international.

Le ministre de l’énergie, Walid Fayyad avait ainsi accusé, devant le conseil des ministres qui s’est déroulé hier, le gouverneur de la Banque du Liban d’avoir imposé des restrictions sur les transferts de paiements en dollars alors que le gouvernement Mikati III demandait au contraire à la BdL de sécuriser l’injection de devises étrangères. Un accord tacite aurait été ensuite conclu afin de poursuivre ces opérations pour les 2 mois à venir. Cependant, ces opérations seraient pour l’heure toujours bloquées, favorisant une hausse de la valeur du dollar face à la livre libanaise, alors que 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 36% dans un état d’extrême pauvreté.

Pour rappel, il avait été inculpé, ce lundi, pour détournement de fonds, ainsi que son frère Raja et sa maitresse ukrainienne, Anna Kozakova par la procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun, sur base d’informations obtenues par des enquêteurs en France ou encore au Luxembourg et en Suisse.

Par ailleurs, des sources différentes accusent les banques locales d’avoir également réduit les opérations jusqu’à présent menées via Sayrafa suite aux plaintes déposées contre elles par les déposants. Ces mesures visent à faire monter la pression face au gouvernement afin qu’il trouve une issue judiciaire favorables pour elles dans les différentes affaires dont ils font l’objet.

Elles souhaiteraient ainsi obtenir une immunité pour elles et leurs dirigeants par rapport aussi aux conséquences juridiques locales des procédures lancées à l’étranger par les déposants dans le cadre d’un contrôle informel des capitaux – plusieurs banques ayant été condamnées en France ou en Grande Bretagne à libérer les sommes – ou encore dans le cadre de l’affaire Riad Salamé.

14 banques et leurs dirigeants de celles-ci sont également nommés dans la procédure dite Forry Associates. Un certains d’entre eux ont déjà fait l’objet d’une demande du gel de leurs actifs et biens avec interdiction à se rendre à l’étranger. Il s’agit notamment du cas du président de l’ABL lui-même et Pdg de la Bank of Beirut, Salim Sfeir et de ceux de la Banque Audi Samir Hanna, de la SGBL Antoun Sehnaoui propriétaire aussi d’un nouveau site d’information francophone entre autre, de Saad Azhari pour la Blom Bank et de l’ancienne ministre de l’intérieur Raya Hassan, dirigeante de la Bank Med dont la famille de l’ancien premier ministre Rafic Hariri est le principal actionnaire.  

Le premier ministre Najib Mikati, par ailleurs lui-même actionnaire d’une des principales banques du pays, aurait promis à l’ABL de tenter à remédier aux plaintes dont ils font l’objet. Les banques libanaises estiment que l’interdiction et les affaires qui les visent pourraient amener à la clôture des comptes de leurs banques auprès de leurs correspondants à l’étranger et induire un effondrement du secteur dans sa totalité. Cependant, les observateurs notent que les banques correspondantes aux banques libanaises ont déjà réduit les lignes de crédit qui leur était auparavant attribuées considérant celles-ci déjà en état de défaut de paiement sélectif depuis la mise en place d’un contrôle informel des capitaux en novembre 2019, comme le soulignent les rapports des agences de notation à l’époque. 

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