Les députés de la Commission des Finances et du Budget, remaniée après les législatives du 15 mai mais toujours dirigée par Ibrahim Kanaan, se sont réunis le 30 juin. Ils ont constaté que le gouvernement Mikati n’avait toujours pas transmis la version définitive du texte du plan de redressement présenté par le vice-Premier ministre Saadé Chami, adopté le 20 mai par le Conseil des ministres auquel le Président de la République avait participé et accepté par le Fonds monétaire international (FMI) comme base de négociations. Ils ont également constaté que le Premier ministre Najib Mikati, qui participait à leur réunion avec Saadé Chami, prévoyait d’intégrer à ce plan d’importants amendements dont la création d’un fonds de recouvrement des dépôts. Ces amendements seront transmis à la commission parlementaire dans les prochains jours. 

Le FMI est opposé à l’utilisation des actifs de l’Etat pour couvrir les pertes du secteur bancaire public et privé. Si Najib Mikati réussit à imposer cet amendement, le FMI pourrait rejeter le plan proposé. 

Le Premier ministre estime que la hausse des taxes et impôts ainsi que des tarifs du secteur des télécoms (frais d’internet, tarifs d’Ogero, électricité, douanes et autres) contribuera au fonds de recouvrement qu’il propose à hauteur d’un milliard de dollars par an. Cela signifie qu’il faudra environ 70 ans pour couvrir les pertes du secteur bancaire estimées à 70 milliards de dollars. 

Il appuie sa proposition sur le fait que le budget de l’Etat est actuellement excédentaire grâce à la politique d’austérité qu’il mène. 

Le problème est que sa proposition hypothèque les mesures que le gouvernement devrait prendre sur le plan social (protection sociale, éducation publique, santé) et sur le plan économique (infrastructures).

Rappelons toutefois que le PIB est composé de la consommation et de l’investissement des secteurs public et privé. L’investissement du secteur public correspond à la dépense publique. Sans investissement public, le PIB s’est effondré. La politique d’austérité ne participe pas à la relance économique dans un pays où le nombre d’employés dans les institutions gouvernementales (c’est-à-dire le nombre de fonctionnaires) s’élève à environ 300 000, y compris les membres de l’institution militaire et des appareils sécuritaires.

Mikati qui est un actionnaire de banques a sans doute un conflit d’intérêt avec l’intérêt public : il est prêt à sacrifier le développement économique du Liban et le bien commun pour couvrir les pertes du secteur bancaire. 

La proposition d’amendement du Premier ministre n’est en réalité rien d’autre qu’une nouvelle tentative d’appliquer le plan de l’Association des banques du Liban (ABL) et donc un « coup d’Etat » du « parti des banques » auquel il appartient contre le plan Chami. 

Un commentaire?