Youssef Khalil, candidat de Riad Salamé et de Nabih Berri comme prochain ministre des Finances
Youssef Khalil, candidat de Riad Salamé et de Nabih Berri comme prochain ministre des Finances

Le nouveau ministre des finances Youssef Khalil a signé le contrat avec le cabinet Alvarez & Marsal concernant l’audit juricomptable des comptes de la banque du Liban ouvrant donc la voie à l’examen à la procédure. 

Cet audit est considéré comme étant l’une des conditions premières à la relance des négociations avec le Fonds Monétaire International après que des différents soient apparues lors des rounds des négociations précédentes concernant le chiffrage des pertes du secteur bancaire. 

Les observateurs soulignent cependant le conflit d’intérêt entre le nouveau ministre et les résultats de cet audit, lui-même étant l’ancien directeur des opérations financières de la banque centrale notamment lors de la période où celle-ci a mené les opérations d’ingénierie financière qui a amené au transfert de 24 milliards de dollars aux banques privées entre 2016 et 2018. Ils craignent ainsi de voir l’audit juricomptable demeurer inachevé d’autant plus que le texte législatif autorisant la levée du secret bancaire des comptes de la banque centrale périme dans 3 mois, un délai que certains estiment être insuffisants.

Pour rappel, un audit comptable confidentiel de la Banque du Liban pour l’année 2019 a été rendu public de source anonyme en 2020. Celui-ci montrait que la Banque du Liban avait maquillé d’importantes pertes financières au travers d’une déclaration de profits fiduciaires importants. 

Au total, les pertes de la Banque du Liban pourraient même atteindre plusieurs milliards de dollars alors que les banques privées ont placé 70 milliards de dollars des déposants sous forme de certificats de dépôt. 

L’année dernière, la commission parlementaire des finances et du budget avaient ainsi retoqué les estimations de perte du secteur bancaire à 20 milliards de dollars seulement via l’utilisation de la parité officielle de 1507 LL/USD alors que le plan du gouvernement, dont les chiffres ont été confirmés par le FMI, estimaient les pertes du secteur bancaire à 63 milliards de dollars à la parité de 3 640.

Depuis, le taux de change au marché noir s’est encore dégradé, atteignant jusqu’à 23 000 LL/USD il y a 2 mois. Depuis la mise en place d’un nouveau gouvernement, la parité de la livre libanaise face au dollar s’est décrue. Cependant, ce taux de parité augmente les pertes du secteur bancaire. 

Les responsables de la Banque du Liban est également au centre de plusieurs enquêtes judiciaires que devrait couvrir l’audit juricomptable.

Sur le plan local, la juge Ghada Aoun a ainsi accusé le directeur des opérations monétaires de la banque centrale d’avoir manipulé le cours de la livre libanaise ces derniers mois en accordant d’importantes sommes en livres libanaises à certaines banques locales et à la société Mecataf qui ont alors acheté des devises étrangères au marché noir.

Par ailleurs sur le plan international, les justices suisses et françaises ont lancé plusieurs enquêtes pour détournement de fonds et blanchiment d’argent à l’encontre du gouverneur de la Banque du Liban soupçonné d’avoir fait transférer des eurobonds à hauteur de 300 millions de dollars à son frère Raja. Il y a un mois il a également été intercepté à l’aéroport du Bourget, avec une importante somme en devises étrangères trouvée dans sa valise en dépit de l’instauration d’un contrôle informel des capitaux au Liban. Riad Salamé avait alors prétendu avoir oublié l’existence de ces billets.

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