Le premier ministre Najib Mikati en compagnie du ministre des finances Youssef Khalil et le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé. Crédit Photo: Dalati & Nohra
Le premier ministre Najib Mikati en compagnie du ministre des finances Youssef Khalil et le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé. Crédit Photo: Dalati & Nohra

Hier, coup de théâtre, le dollar atteint 143 000 LL/USD et redescend à 105 000 LL/USD au marché noir avant de se restabiliser ce matin aux alentours des 107 000 LL/USD suite à une intervention du gouverneur de la Banque du Liban qui annonce la vente par la Banque Centrale de devises étrangères au taux de 90 000 LL/USD.

L’intervention était d’autant plus surprenante que la BdL ne dispose plus que de devises étrangères issues des réserves obligatoires donc de l’argent des déposants. Même si cette utilisation était évoquée déjà depuis plusieurs mois, l’absence d’intervention ces dernières semaines de sa part indiquait qu’elle ne disposait plus de la liberté d’action.

Riad Salamé aurait ainsi obtenu le feu vert du premier ministre Najib Mikati et du président du parlement Nabih Berri via le ministre des finances Youssef Khalil qui lui est proche pour intervenir sur le marché de manière continue même au détriment des dernières réserves obligatoires, donc de l’argent des dépôts privés, croit ainsi savoir le journal Nidaa al Watan, sur fond d’appel à la grève générale et à une situation sécuritaire qui menaçait de se dégrader.

Selon le gouverneur de la BdL, l’objectif affiché serait de retirer d’importantes quantités de livres qu’elle a pourtant elle-même injecté ces dernières semaines pour acheter du dollar alors que les interventions de la BdL se sont soldées jusqu’à présent par un échec, le billet vert remontant généralement au bout d’une à deux semaines à ses niveaux antérieurs.

Essayant de comprendre aujourd’hui l’action de la BdL et ses marges de manoeuvres, La BdL intervenait généralement quand le différentiel entre taux Sayrafa et marché noir dépassait les 20%. Cette fois-ci, ce différentiel a atteint les 55%, d’où la surprise de l’intervention. Si on se fie à cela, la prochaine intervention de la BdL devrait normalement se produire quand la parité au marché noir dépasserait les environs 120 000 LL/USD sur base d’un taux actuel de Sayrafa de 90 000 LL/USD, si toutefois elle en a les moyens.

La banque centrale disposerait cependant de 2.3 milliards de dollars de fonds mobilisables sur les 10 milliards de dollars de réserves qui lui restent suite au rapatriement d’une grande partie de ses dépôts auprès des banques correspondantes étrangères.

Cependant, une nouvelle interrogation concerne l’évocation par Riad Salamé d’une mise à jour de la parité de la plateforme Sayrafa “pour préserver la valeur des dépôts en dollar locaux”. La Banque du Liban, qui dépense des réserves obligatoires, donc des dollars locaux, envisagerait-elle d’unifier prochainement la parité officielle, la parité au marché noir et la parité Sayrafa sur cette dernière?

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