Une remarque intéressante publiée la dernière semaine par un utilisateur de Facebook. Précédemment à la crise financière, il faisait un plein pour 68 000 LL. Aujourd’hui, ce même plein lui coute plus de 2.5 millions de livres libanaises. Cela indique la forte hyperinflation subie par la population. 
Parallèlement, ce même plein coutait 45 USD avant la crise et un peu moins aujourd’hui, ce qui indique qu’il y a eu même déflation des prix en dollars. 
Parallèlement, les salaires eux même ont baissé, passant de l’équivalent de 450 USD pour le salaire minimum avant 2019 à 30 USD aujourd’hui,, ce qui est indicatif de la perte du pouvoir d’achat de la population. 
Evidemment, au bout de 3 ans de crises, le résultat est que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé d’un tiers à plus de 82% et ne disposent que de 6 USD par jour par personne, que parmi ces 82%, plus de la moitié se trouve dans un état de pauvreté extrême.
Parmi les autres chiffres intéressants, l’économie libanaise aujourd’hui dépend de 7 milliards de cash inflow de la diaspora et de l’aide économique internationale pour faire vivre sa population. Ces flux ne servent pas généralement comme investissement ou à créer des emplois mais servent à peine à couvrir les besoins alimentaires d’une grande partie de la population.
Parallèlement, les importations sont passées officiellement de 12 milliards à 17 milliards de dollars quand le PIB est passé de 55 milliards de dollars à 20 – 22 milliards de dollars. Le Liban importe encore plus au lieu de privilégier son économie locale. Ce phénomène est d’autant plus incompréhensible qu’il est mis sur le dos soi-disant de l’augmentation des cours des carburants, sauf que 
1- la population parallèlement a diminué de 250 000 personnes en un an, une grande demande en moins
2- touchés par la perte de pouvoir d’achat, les gens circulent moins mais nous ne disposons d’aucune statistique, c’est une constatation empirique. Ce facteur est d’autant plus grave que l’épargne qui pourrait servir au final à amortir le choc n’est pas en grande partie rendue disponible suite à l’instauration d’un contrôle informel des capitaux par les banques. 
3- depuis le début de la crise économique, la facture “électrique” est moindre. Il n’y a plus qu’une heure d’électricité publique et concernant les moteurs, beaucoup ont mis en place des programmes de rationnement. 
4- si on regarde les statistiques en détail, on trouve qu’il y a des importations nombreuses de voitures par exemple. On sait que l’importation du nombre de voiture a diminué mais en terme de valeur, elles ont augmenté. Donc que grosso modo, les libanais importent des voitures (en général) plus chères en dépit d’une baisse du pouvoir d’achat. 
On constate donc qu’il y a de nombreux paradoxes entre 2 et 4 par exemple qui montre qu’il y a une augmentation importante des inégalités sociales. 
Ce qui nous amène justement à parler des inégalités sociales…
Précédemment à la crise, on estimait à déjà officiellement 30% le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (cependant certaines études estimaient ce nombre comme dépassant les 50%,) 30% à 55% la classe moyenne et le solde entrait dans la tranche des revenus supérieurs. 
Aujourd’hui cette tranche des revenus supérieurs est passé de 8% environ à 2%. 

Pourquoi ces chiffres sont importants?
La relance d’une part de l’économie ne peut se faire qu’avec la hausse du pouvoir d’achat de la population et ce n’est la tranche des hauts revenus qui peut y contribuer. Il s’agit avant tout de restaurer le pouvoir d’achat de la classe moyenne pour qu’elle consomme et qu’elle consomme local. Cela permettra ensuite par effet mécanique l’augmentation du pouvoir d’achat de la population plus vulnérable. 
D’autre part, cela montre que la situation socio-économique libanaise est explosive et les inégalités liées à cette situation devraient normalement amener à de nombreux incidents. 

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