Lors d’un discours prononcé à l’occasion du colloque « Économie de la connaissance et capacité d’adaptation dans le monde arabe », organisé par le Conseil Culturel de Baalbek, l’ancien Premier ministre Hassan Diab a vivement critiqué les structures corrompues qui, selon lui, ont fait échouer le plan de redressement économique qu’il avait proposé, c’est-à-dire le plan Lazard.
Diab a souligné que ce plan visait à mettre fin à l’emprise du secteur bancaire sur l’économie libanaise et à revitaliser les secteurs économiques détruits par le modèle de l’économie rentière. Il a ajouté que ce plan est toujours d’actualité et pourrait être adapté pour répondre aux besoins du XXIe siècle et à l’économie de la connaissance. « Nous avons découvert qu’une structure profondément enracinée continue de diriger le pays à des fins politiques et économiques, et elle résiste à toute tentative de réformes réelles », a déclaré Diab.
Les défis économiques du Liban
Dans son intervention, Diab a abordé la question centrale de l’identité économique du Liban. Il a rappelé qu’avant 1975, le pays était un centre névralgique de services dans la région, jouissant d’une réputation exceptionnelle dans des domaines comme la santé, l’éducation et la finance. Cependant, les guerres successives et l’évolution des économies des pays voisins ont progressivement affaibli le rôle central du Liban. Il a ainsi demandé : « Quelle est la fonction économique du Liban aujourd’hui ? »
La réponse à cette question est essentielle, selon lui, pour redéfinir le rôle que le Liban peut jouer sur la scène régionale et mondiale. L’effondrement économique de 2019 a mis en lumière la fragilité du modèle économique basé sur les banques. L’ancien Premier ministre a déploré que le pays se soit retrouvé piégé par un système économique concentré autour des institutions bancaires, et qu’une fois celles-ci en difficulté, l’ensemble de l’économie s’est effondrée.
Une solution dans l’économie de la connaissance ?
Hassan Diab a réaffirmé que le plan de redressement économique de son gouvernement représentait une opportunité de diversifier l’économie et de libérer le Liban de sa dépendance vis-à-vis du secteur financier. Selon lui, l’économie de la connaissance, qui repose sur l’innovation, la technologie et le capital humain, pourrait offrir une voie de sortie à la crise actuelle. Il a exhorté les participants à réfléchir à la manière dont le Liban peut exploiter les compétences de ses citoyens pour s’engager pleinement dans cette économie de la connaissance.
« Dans un monde où la technologie progresse à une vitesse vertigineuse, il est crucial de repenser notre système économique et de valoriser nos atouts humains. Le Liban possède un potentiel immense pour devenir un acteur clé dans l’économie de la connaissance », a affirmé Diab.
Un colloque pour l’avenir
Le colloque, organisé à l’hôtel Kanaan de Baalbek, a rassemblé des experts académiques et des figures politiques et sociales. Plusieurs intervenants ont discuté du rôle de l’économie de la connaissance dans la transformation économique du Liban et du monde arabe. Le professeur Salim Al-Maqdisi, doyen de la faculté des sciences économiques de l’Université Libanaise, a souligné que l’économie de la connaissance n’était pas seulement un concept moderne, mais un levier essentiel pour le développement durable, tant au niveau économique que social.
Il a expliqué que l’investissement dans le capital humain, l’éducation et la recherche scientifique est au cœur de cette transformation, et que le Liban doit s’engager dans cette voie pour surmonter ses crises. Al-Maqdisi a ajouté que cette économie favorisait également l’inclusion sociale et réduisait les inégalités.