Après qu’un nouveau président du conseil a été nommé hier par le Liban, une des conditions préalables au déblocage des négociations entreprises par Beyrouth avec le FMI pour faire face à la crise économique que traverse le pays des cèdres, le président de la république française s’est exprimé aujourd’hui estimant que les six prochaines semaines seront cruciales pour la mise en place des réformes économiques et monétaires essentielles.

Emmanuel Macron qui est actuellement en déplacement au Liban à l’occasion du centième anniversaire de la proclamation du Grand Liban a également annoncé l’organisation d’une conférence d’aide internationale pour le Liban mi-octobre, une nouvelle initiative de la France visant à aider un pays largement impacté par la crise économique puis par la crise liée au coronavirus. Un rapport de l’ONU a dernièrement indiqué que 750 000 personnes pourraient ainsi vivre en dessous du seuil de pauvreté en 2020, soit 8.5 dollars par jour selon les dernières estimations.

Précédemment dans une interview accordée au site Politico, le chef de l’État français avait indiqué oeuvrer à éviter que le Liban ne s’effondre politiquement, un pari risqué selon lui. Il s’agit de la dernière chance pour ce système.

Aussi, le président français s’est largement impliqué pour obtenir une désignation rapide du prochain premier ministre, Mustapha Adib qui a été nommé tout juste le jour même de son arrivée à Beyrouth hier.

Désormais, les trois prochains mois seront fondamentaux, souligne Emmanuel Macron, pour mesurer un réel changement, “sinon, des sanctions économiques pourraient viser certains dirigeants locaux en plus du retrait de la proposition d’aide internationale à l’économie libanaise”.

Dans un article publié par le quotidien français le Figaro, le nom de l’ancien premier ministre Saad Hariri, le président de la chambre des députés Nabih Berri ou encore celui de Gébran Bassil, sont évoqués comme étant les auteurs d’une demande à ce que leur soit accordé une commission de 20 % portant l’aide économique lors de la conférence de cèdre d’avril 2018.

Cependant, le Liban ne dispose plus aujourd’hui de marge de manœuvre; ses réserves monétaires qui sont utilisées actuellement pour subventionner les produits de première nécessité, farine, fuel, ou encore médicaments, sont pratiquement épuisées.

La France n’entamera pas une guerre contre une force politique libanaise, “cela est absurde et fou”. Il s’agit avant tout d’inciter un nouveau premier ministre, le gouvernement et toutes les forces politiques présentes au Liban même celles avec qui il n’y a pas d’accord possible comme le Hezbollah à mettre en place un calendrier pour mener des réformes nécessaires et organiser des élections législatives anticipées d’ici six à 12 mois.

Un mécanisme sera également mis en place pour assurer le suivi des actions sur le terrain.

Au sujet de la désignation de Mustafa Adib, et répondant ainsi à certaines demandes locales que soit plutôt nommé Nawaf Salam à sa place, un fervent opposant au mouvement chiite Hezbollah, Emmanuel Macron rétorque qu’il fallait une personne capable d’obtenir les pleins pouvoirs pour une période transitionnelle. La France ne pouvait obtenir cela avec ce dernier, le parlement ayant probablement bloqué toutes les réformes à mener si ce dernier avait accédé au Grand Sérail.

Aussi, il s’est adressé au mouvement de contestation de la classe politique, soulignant une nouvelle fois que cette dernière n’a toujours pas désigné un dirigeant capable de la diriger et de casser le système actuel.