Le Président de l'Association des Banques du Liban (ABL) Salim Sfeir

Réunie ce vendredi suite à l’arrestation ce lundi du président du Credit Bank Tarek Khalifé à son retour au Liban via l’aéroport de Beyrouth sur fond d’une plainte déposée contre lui et suite à son refus de comparaitre devant un juge, l’association des Banques du Liban, association regroupant les dirigeants des établissements financiers ont appelé une grève lundi 8 août.

Pour l’heure, une nouvelle réunion de l’ABL est prévue pour le 10 août afin de décider des suites de cette grève qui pourrait alors être encore prolongée.

Pour rappel, Tarek Khalifé fait l’objet d’une plainte déposé par un actionnaire de son établissement à son encontre qui lui reproche de ne pas avoir distribué de bénéfices alors que le CreditBank en déclare pourtant. Arrêté ce lundi, il a été depuis libéré ce mercredi après avoir payé une caution de 1.8 milliards de livres libanaises, une somme équivalent à 1.2 millions de dollars à la parité officielle de 1507 LL/USD ou encore à 60 000 USD à la parité du marché noir.

Ils ont aussi accusé les juges d’ignorer les textes de loi notamment dans le cadre bancaire et comptable ainsi que les dispositions prévues et de porter atteinte aux libertés et à la dignité de personnes, de ternir leurs réputations et de mettre en péril les relations des banques locales avec les banques correspondantes.

Aussi, ils accusent l’appareil judiciaire de ne pas prendre en compte la situation actuelle du Liban, rejetant les accusations de fraude comptable mais de l’impossibilité d’appliquer un taux de change unique ou encore les règles comptables internationales. “Si l’application des normes comptables internationales était possible, les pertes auraient plutôt augmenté que diminué,” poursuit le communiqué, alors qu’un projet d’unification des taux de change est exigé par la communauté internationale en vue de libérer l’aide économique au pays des cèdres.

Les observateurs notent que cette grève intervient alors que les banques libanaises sont de plus en plus confrontées à l’assèchement des fonds dont elles disposaient encore. Par ailleurs, l’unification des taux de change qui pourraient par exemple passer du taux de change officiel de 1507 LL/USD à 8 000 LL/USD voire à celui de la plateforme électronique de la Banque du Liban Sayrafa pourrait signifier la mise en faillite de presque tous les établissements. En effet, ceux qui sont investis d’importantes sommes en devises étrangères des comptes de leurs clients en eurobonds alors que le Liban a déclaré un état de défaut de paiement en mars 2020 pour environ 20 milliards de dollars mais également plus de 70 milliards de dollars sous forme de certificat de dépôts auprès de la Banque du Liban contre des sommes équivalents en livres libanaises. Alors que 83% des sommes déposées au Liban sont en dollar ou en autre devise étrangère, les banques libanaises n’ont pas su gérer le risque souverain induit par une crise pourtant attendue depuis de nombreuses années. La Banque Mondiale, dans un rapport publié en début de semaine, a ainsi estimé que le système financier local aurait mis en place un véritable schéma de fraude de type Ponzi, attirant l’argent des déposants y compris ceux de la diaspora libanaise sachant pertinemment que la situation allait se dégrader.

Outre la justice libanaise, les banques locales sont aussi confrontées à des plaintes à l’étranger, jusque là gagnées par des déposants. Cependant, elles refusent jusqu’à présent d’appliquer tant localement que sur le plan international, les décisions judiciaires au risque de se voir être confrontées à d’importantes sanctions jusqu’au gel de leurs biens et comptes hébergés au sein de banques correspondantes.

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