Effondrement économique, corruption, clientélisme, explosion du port de Beyrouth sur fond aussi d’ingérences politiques dans le système judiciaire, détournements de fonds à presque tous les échelons de l’état, meurtres, menaces et fusillades, relations incestueuses avec les banques en faillite aujourd’hui pour cause de non-compétentes, manque d’action de la part des diverses autorités de tutelle face aux abus, etc… les raisons de changer le staff politique et la mafia qui leur est liée étaient nombreuses et pourtant justement le rendez-vous a été manqué lors des élections législatives de ce dimanche.

Plusieurs raisons à cela.

D’une part la désunion des listes dites de la société civile dans la majorité des circonscriptions qui n’ont pas su surmonter leurs divisions. Cela était chose attendue que je notais depuis maintenant plusieurs années. Ce résultat a cependant été accentué par le mode de scrutin à un tour qui favorise certains blocs plus homogènes au détriment d’autres blocs, plus nombreux même s’ils sont plus importants en nombre de voix. Ainsi, il suffit d’avoir 2 listes de partis traditionnels et 3 listes dites de la société civile pour favoriser les listes de partis en raison de l’éparpillement des électeurs.

D’autre part, les partis politiques traditionnels ont pu mobiliser leurs machines électorales et leurs médias dont ne disposaient pas les listes dites de la société civile. Certains sont allés jusqu’à financer de manière indirectes de nouveaux médias en sous-marin comme celui apparu en novembre dernier.

Par ailleurs, les partis traditionnels de tout horizon politique ont fait beau jeu de tenter de mobiliser leurs partisans d’une part et de faire part depuis un certain temps de menaces d’abord par le report selon certains du scrutin qui aura finalement eu lieu et d’autre part par le recours à la violence le jour du scrutin, amenant une démobilisation d’une grande partie des électeurs avec un taux de participation de seulement 41%.

En évoquant à juste titre la participation, celle-ci a été la plus basse depuis 26 ans, chose étonnante mais guère étonnante aussi: la réthorique politique abordait des mêmes sujets que les années précédentes, armes du Hezbollah, résistance face au Israël, droit des communautés, présence des réfugiés, hier des palestiniens aujourd’hui des syriens, etc… sans aborder la véritable problématique posée par la crise économique et la dégradation brutale des conditions sociales et économiques d’une crise considérée comme l’une des pires au monde.

En parlant crise, ce ne sont pas les partis au final élus qui ont répondu par des programmes, s’ils existent, correctement aux aspirations du peuple face à ces difficultés comme on a déjà pu le constater précédemment et encore à donner des réponses valides sur les solutions proposées.

En effet, leurs programmes ne sont pas compatibles avec les exigences du FMI en ce qui concerne le clientélisme des administrations publiques où il faudra élaguer de nombreux de leurs partisans, ou encore la lutte contre la corruption et la mise en place d’une justice transparente et autonome notamment dans ce même dossier ou celui de l’explosion du Port de Beyrouth ou la restructuration du système financier dans lesquels ils possèdent eux-même de nombreux intérêts au détriment de ceux de la population elle-même.

Ces partis ne répondront pas aux défis de demain et chercheront probablement à gagner encore du temps, comme ils le font depuis maintenant 3 ans, au moins jusqu’aux élections présidentielles quitte ensuite à organiser de nouvelles élections législatives dans les années à venir, faute d’avoir répondu à ces défis et face à la vindicte populaire.

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