Le Liban s’est réveillé ce dimanche matin, avec deux heures différentes, l’heure Mikati, du nom du premier ministre libanais qui a prolongé l’heure d’hiver jusqu’au 21 avril sur proposition du président de la chambre des députés Nabih Berri comme le révèle un enregistrement vidéo alors que de nombreuses institutions dont des écoles, chaines de télévisions ou médias comme Libnanews ont décidé de passer à l’heure d’été notamment pour des raisons techniques.

Désormais, les habitants du Liban doivent jongler avec 2 heures différentes, certaines personnes portant 2 montres, comme cela est mon propre cas, un véritable casse-tête entre institutions publiques restant à l’heure d’hiver notamment en cas de rendez-vous.

De nombreux outils informatiques, ordinateurs, smartphones ou encore calendriers électroniques ont ainsi automatiquement changé d’horaire durant cette nuit, un problème d’autant plus grave que les entreprises sont déjà fortement impactées par la crise économique, une nouvelle épine dans le pied.

Et l’humour pour tenter de faire bon gré mal gré

Face aux crises déjà multiples auxquelles ils sont confrontés, les libanais agissent avec lassitude où humour, alors que plusieurs régions sont désormais divisées entre usage de l’heure officielle ou officieux comme l’illustre cette carte qui circule sur les réseaux sociaux.

Demander l’heure revêt aussi une dimension désormais politique, voire même confessionnelle amenant de nombreuses personnes à s’interroger sur les dangers désormais à demander l’heure … comme l’illustre notre adaptation de la fameuse caricature de Caran d’Ache (Emmanuel Poiré, 1858-1909), parue dans les colonnes du Figaro, le 14 février 1898 décrivant la division de la société au cours de l’Affaire Dreyfus, que nous avons remis au goût du jour … On s’en serait bien passé au final.

D’autres s’amusent du manque de précision de nos horaires libanais, détournant les photographies d’hommes politiques et d’hommes d’affaires locaux montrant leurs montres de prestige suisses et s’interrogeant sur la précision de ces dernières alors que certains comme le gouverneur de la Banque du Liban sont soupçonnés d’avoir détourné d’importantes sommes en les transférant dans les banques helvétiques.

La polémique de l’heure Mikati, une diversion par rapport à la crise?

Certains accusent les autorités libanaises d’avoir tenté de mener une diversion, d’éviter une synchronisation des calendriers de la population face à une crise dont l’ampleur se révèle jour après jour.

Ils insistent ainsi à l’amuser alors qu’un rapport de la délégation du FMI avait rendu un rapport sévère pour les autorités libanaises en raison de l’absence de tout progrès dans les réformes à mener face à la crise économique que traverse le pays.

Ce rapport soulignait également que le passif des banques libanaises dépasserait désormais les actifs détenus par celles-ci. Les auteurs du rapport soulignaient à juste titre que faute de procéder sans plus tarder, le Liban pourrait s’enfoncer dans une crise sans fin.

Au lieu de faire face à la situation, nos gouvernants sont donc plus préoccupés à tergiverser, à éviter de remettre les pendules à l’heure, en se synchronisant avec les demandes nécessaires au déblocage de l’aide internationale face à la crise, en abordant un sujet d’autant plus grave face à une population bien amusée sur une question d’heure.

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