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Chacun va de ses prévisions concernant l’année à venir d’ici quelques heures seulement. Au Liban rien n’est simple d’autant plus que les défis à venir dépassent en réalité la volonté à la fois d’une classe politique et affairiste, une classe incestueuse d’hommes à la fois politiques et d’affaires qui refusent de prendre leurs responsabilités face à la crise qu’ils ont provoqué et une population fatiguée par une année sans percée majeure, sans progrès notable, victime d’une mithridatisation par rapport à cette crise.

Cependant, à force, l’année 2023 pourrait être celle où le feu sera mis à la poudre.

Cette année 2022 a en effet été marquée par l’absence, absence de réforme monétaire ou financière et de plan économique pour nous sortir de la crise, par l’absence de restructuration du secteur public et financier donc des banques, par les queues et les humiliations subies par les citoyens en premier lieu les déposants, le refus des parlementaires à adopter les législations adéquates dont ils en déforment l’esprit concernant le contrôle des capitaux, ou encore les législations concernant l’abolition des agences exclusives, l’absence aussi de lutte réelle contre les anomalies induites par les différents taux de change, ou des trafics. Enfin, absence de justice, en premier lieu concernant les familles des victimes du port de Beyrouth qui attendent toujours des réponses concernant l’implication des principaux suspects, des hommes politiques ou encore aucune destitution des responsables financiers et en premier lieu du gouverneur de la Banque du Liban, coupable aujourd’hui de l’effondrement financier d’un pays avec les conséquences certaines notamment concernant l’achat des médicaments nécessaires aux personnes souffrantes de maladies.

Seule embellie, la conclusion d’un accord entre Israël et le Liban, permettant d’une part l’exploration des ressources potentielles dans les zones limitrophes et l’éloignement, pour l’heure, d’un potentiel – également conflit, entre le Pays des Cèdres et l’état hébreu.

La situation reste grave.

En 2022, le Liban devait arriver à un rebond technique face à la crise économique, ce rebond, selon la propagande officielle s’est réalisée avec un taux de croissance de 2%, bien que démentie par les institutions internationales, comme la Banque Mondiale ou encore le FMI qui tablent plutôt sur la poursuite de la récession estimée à plus de 5%. 

Ce différentiel de 7% enduit automatiquement que le déficit budgétaire continuera à s’accroître contrairement aux promesses des autorités libanaises faites à la communauté internationale. La croissance économique ne devrait également pas être au rendez-vous en 2023, en raison de l’augmentation des taxes, augmentation induite par celle du taux de change officiel ou encore de la poursuite de la détérioration de la parité de la livre libanaise face au dollar.

L’économie libanaise ne connait aucun répit face à la situation, d’autant plus que de nombreux dossiers n’ont pas été réglés, à commencer le dossier des pertes du secteur bancaire local, avec des actionnaires, souvent hommes politiques qui refusent d’endosser les responsabilités qui sont les leurs. 

Avec cet échec de réformer le secteur financier, les pertes se sont encore aggravées mais ils ont réussi en réalité à les reporter pour l’essentiel sur les déposants au lieu de les assumer via la multiplication des taux de change, des taux de change qui devront continuer à se détériorer en l’absence de tout gain de productivité notable et des coûts toujours plus importants de l’énergie même sur le plan mondial.

Quant aux projets de réformes autres que ceux du secteur bancaire, ils sont toujours au point morts, voire même reculés. Les autorités du gouvernement Mikati III espéraient arriver à un accord définitif avec le FMI en vue de débloquer l’aide internationale nécessaire à la relance de l’économie locale. Ces quelques heures qui s’égrainent démontrent que cela n’était que parole et rien de concret, tant la résistance des mafias à ces réformes est forte sur le plan local.

Quant au Liban lui-même, déjà coupé des systèmes financiers internationaux en raison de l’échec des banques à honorer le paiement des déposants, il risque désormais d’être sanctionné au fur et à mesure que se multiplient les plaintes contre les banques et les enquêtes contre les dirigeants financiers et autorités de tutelle qui nous ont mené à cette catastrophe et qui ont réussi à obstruer toute investigation sur le plan local.

Bonne année malgré tout, je ne souhaite que de me tromper.

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