Le syndicat des hôpitaux privés au Liban a à nouveau dénoncer la pénurie touchant le secteur, par un communiqué publié ce jeudi 22 avril. Ils estiment ainsi qu’un état de chaos règne entre importateurs de fournitures médicales, hôpitaux et banques voire même avec la Banque du Liban elle-même.

Les importateurs mettraient ainsi en cause la Banque du Liban elle-même qui n’aurait pas spécifié les produits couverts par le programme de subvention alors qu’un projet de loi serait dans les tiroirs depuis novembre 2020. Côté privé, certaines banques refuseraient ainsi d’accorder les lignes de crédit nécessaires à ces achats alors que les prix ont également augmenté en raison de la détérioration de la livre libanaise face au dollar.

Les propriétaires des hôpitaux appellent par conséquent les autorités à lever toute ambiguïté concernant les subventions au secteur médical. Il s’agit pour la BdL à présenter une liste des fournitures subventionnées et aux autorités à contrôler l’engagement des importateurs et à les faire respecter.

En cas de levée du programme de subvention, l’association appelle chaque partie devrait assumer ses responsabilités et non à reporter les conséquences de ces hausses sur les importateurs et les hôpitaux.

En avril 2020, le Président du Syndicat des propriétaires d’hôpitaux privés Sleiman Haroun faisait part de la possible faillite de 15 établissements hospitaliers soumis à l’importantes pressions financières alors que les banques libanaises ont également instauré un contrôle des capitaux. 
Certains établissements n’étaient déjà plus en mesure d’honorer correctement les salaires de son personnel ou encore de pouvoir acheter les produits et équipements médicaux nécessaires à leurs fonctionnements alors que la tarification actuelle a été mise en place sur la base d’un taux de change de 1500 LL/USD depuis plus de 20 ans. 

Un programme de subvention dont les heures sont comptées alors que les réserves monétaires disponibles seraient sur le point d’être épuisées

Pour rappel, le programme de subvention devait s’achever fin avril pour les carburants et fin juin prochain pour les produits comme les médicaments ou encore la farine, selon une lettre du gouverneur de la banque du Liban, Riad Salamé, adressée en mars dernier au ministre des finances Ghazi Wazni, faute de réserves monétaires disponible pour continuer à le financer. On ignore pour le moment comment la Banque du Liban a réussi à poursuivre le programme sans en retardant l’approbation de certaines lignes de crédit notamment pour l’achat de carburants et de fioul.

Le coût du programme était de 700 millions de dollars durant la période précédentes à la crise actuelle. Il est tombé à 500 millions de dollars actuellement, soit 6 milliards de dollars par an dont 3 milliards de dollars pour les carburants seulement. Des interrogations portent également sur la réalité des 16 milliards de dollars de réserves brutes de la Banque du Liban principalement constituées par les sommes disponibles par les 15% de réserves obligatoires sur les dépôts bancaires. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement puisqu’il s’agirait alors d’un prêt annuel pour un montant d’un milliard de dollar de la Banque du Liban contre 6 actuellement. Ce programme serait à destination de 800 000 familles maintenant.

En effet, plus de 75 % de la population se trouverait aujourd’hui vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 dollars par jour. Le taux d’inflation aurait même atteint 155 % au cours de l’année 2020, les prix de certains produits essentiels mais non subventionnés ayant même atteint une hausse de 400%, alors que la livre libanaise aurait perdu plus de 90% de sa valeur depuis octobre 2019. 

En mars dernier, le ministre sortant des finances Ghazi Wazni a, pour sa part, estimé qu’il s’agirait de réduire le nombre de produits subventionnés de 300 à 100 produits, de réduire les subventions accordées à l’achat de carburants et de médicaments et à instaurer une carte de rationnement en faveur de 800 000 familles, induisant une réduction annuelle de moitié les subventions actuelles qui passeraient de 6 à 3 milliards de dollars. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement.

La création de ce programme de filet de sauvetage visant à remplacer le programme de subvention a été adopté par le parlement libanais le 12 mars dernier et signé par le Président de la République le 8 avril avant d’être publié dans le journal officiel. 

Ce programme vise à mettre en place une carte de paiement prépayée qui serait ainsi remise aux foyers vulnérables à la crise économique. Elles recevraient ainsi 100 000 Livres par mois par personne environ durant un an, souhaitait la Banque du Liban alors que la Banque Mondiale avait indiqué exiger que ces sommes soient rendues disponibles au taux réel de la monnaie locale.

50% du programme de subvention aux carburants

Les carburants représentent à eux seuls, 50% du programme de subvention de la Banque du Liban a indiqué le ministre sortant de l’énergie. En dépit d’une augmentation du prix de l’essence plus de 50 % au Liban, un bidon d’essence coûte trois dollars environ alors qu’au Syrie, le même bidon coûterait entre 7 à 13 dollars, amenant à un trafic entre les 2 pays.

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