Liban: détente à tout va sur la scène politique

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C’est dans une atmosphère de détente, que les partis politiques libanais ont poursuivi leur semaine, loin des diatribes auxquelles ils nous ont habitué. Profitant du séjour de l’ancien premier ministre Saad Hariri qui devrait se poursuivre jusqu’en milieu de semaine prochaine, une série de réunions entre mouvements dits du 14 Mars et du 8 Mars ont eu lieu afin d’amoindrir les tensions entre communautés chiites et sunnites et les tensions inter-chrétiennes. Cette reprise du dialogue entre partis libanais intervient alors que des menaces à l’encontre du Pays des Cèdres se précisent avec notamment des rumeurs faisant état de prochaines attaques contre les localités chrétiennes et chiites de la Békaa ainsi que de la recherche par les services de sécurité libanais de voitures piégées. Le mouvement terroriste Daech ou Etat Islamique chercherait ainsi à déstabiliser les équilibres confessionnels actuels afin de provoquer un conflit sectaire au Liban.

Poursuite du dialogue patronnée par Nabih Berry entre Courant du Futur et Hezbollah

Ce mercredi, le Président du Parlement, Nabih Berry, a ainsi minimisé la portée du discours de l’ancien premier ministre libanais Saad Hariri, prononcé à l’occasion de la 10ème commémoration de l’assassinat de son père, Rafic Hariri et qui accusait le Hezbollah de ne pas avoir livré les personnes suspectées de cet attentat, estimant qu’il fallait désormais en finir avec les mots et passer aux actes. Des sources proches des 2 adversaires ont ainsi noté qu’il fallait limiter les tensions confessionnelles, soutenir l’armée et forces de sécurité et accélérer le processus d’élection d’un nouveau président de la république. Ainsi, le Président de la Chambre a estimé que les dernières déclarations de l’ancien premier ministre Saad Hariri et du secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, n’ont pas porté atteinte au dialogue qui a été entamé sous ses auspices en décembre 2014.

Les participants au dialogue entre Courant du Futur et Hezbollah ont cependant réitéré leurs positions avant la reprise du dialogue.

S’exprimant ce lundi à l’occasion de “la commémoration des martyrs” Cheikh Ragheb Harb, Sayyed Abbas al-Moussawi et Imad Mughniyeh, le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, avait ainsi appelé les partis politiques à faire cause commune et à intervenir directement en Syrie afin de confronter le terrorisme qui y sévit actuellement et qui pose un sérieux défi à toute la région, allusion au mouvement terroriste Daech:

Allons ensemble en Syrie et en Irak ou n’importe quel endroit ou se trouve une menace pour l’avenir de notre nation, parce qu’il s’agit de la bonne manière de défendre le Liban

Sayyed Hassan Nasrallah avait également rappelé la présence de ce mouvement terroriste aux frontières du Liban, notamment dans les régions syriennes de Qsayr et du Qalamoun, rappelant son attachement au dialogue et son soutien au gouvernement libanais du premier ministre Tamam Salam.

Coté Courant du Futur, à l’issue d’une réunion de son bloc parlementaire qui s’est déroulée ce mardi, a été réitéré les positions du mouvement politique dans un communiqué, appelant au retrait des partis impliqués dans la guerre civile syriennes tout en estimant nécessaire la poursuite du dialogue avec le Hezbollah.

“Nous insistons sur la compétence exclusive de l’Etat sur les décisions de guerre et de paix et la nécessité du retrait du Hezbollah de la Syrie afin d’épargner au Liban des répercussions résultant de l’implication du Hezbollah dans la lutte aux côtés du régime

L’ancien premier ministre Saad Hariri a qualifié le dialogue et la modération de nécessaire pour combattre le terrorisme de l’Etat Islamique d’Irak et du Levant (Daech).

A l’issue de la 6ème session du dialogue qui s’est déroulée ce mercredi, les représentants du Courant du Futur et du Hezbollah ont ainsi souligné dans un communiqué commun, la nécessité de trouver une stratégie nationale contre la terreur, estimant également nécessaire le soutien à l’armée et aux forces de sécurité intérieure dans leur déploiement dans la Békaa et le retrait des banderoles des partis politiques dans les principales villes libanaises.

Walid Joumblatt, toujours en électron libre

Le dirigeant druze Walid Joumblatt a de son coté répondu aux déclarations de Hassan Nasrallah qui l’accusait sans toutefois directement le nommer de soutenir le Front Al Nosra, figurant sur les listes des organisations terroristes proches d’Al Qaida selon les autorités américaines:

Nous ne devons pas nous tromper dans la différenciation entre le Front Nusra et Daech. Ils sont tous les deux de la même essence, de la même mentalité, du même esprit, de la même action, et partagent le même objectif .

Walid Joumblatt a ainsi déclaré sur le réseau social Twitter que “tant qu’il reste un seul combattant syrien contre le régime terroriste de Bachar al-Assad, alors je soutiens ce syrien.”, accusant les médias de diffuser les vidéos des exécutions commises par le mouvement terroriste Daech comme diversion aux crimes commis par d’autres adversaires de la guerre civile syrienne.

Poursuite de l’apaisement avec les partis chrétiens

Le processus d’apaisement de la scène politique libanaise s’est également poursuivi coté partis chrétiens avec les voeux de bon anniversaire formulé par le dirigeant des Forces Libanaises Samir Geagea au dirigeant du Courant Patriotique Libre Michel Aoun. Les 2 adversaires ont également appelé au règlement des différents entre les 2 formations politiques avant la fin de 2015.

Par ailleurs, Michel Aoun, accompagné par le ministre des Affaires Etrangères Gébran Bassil, a également rencontré l’ancien premier ministre Saad Hariri à l’occasion d’un diner qui s’est déroulé à la Maison du Centre, domicile de ce dernier au Centre-Ville de Beyrouth. Selon les sources proches des 2 hommes, les discussions ont concerné la situation politique générale du Pays des Cèdres et les derniers développements régionaux.

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